#144 – Jean-Guy Talamoni : Fà campà Nazione

“ Le seul objectif institutionnel digne d’être poursuivi dès lors que l’on se réclame de la nation : l‘entière souveraineté.(...) Sans attendre les avancées institutionnelles qu’il nous faudra arracher – et non quémander – faisons vivre pleinement la nation. “ L’année 2022 s’ouvre dans une situation très différente de celle que nous connaissions il y a un an. Entretemps, la majorité nationaliste qui avait fait naître tant d’espoirs en 2015 et 2017 a volé en éclats. Corsica Libera n’a aucune responsabilité à cet égard : tel est le choix qui a été fait, unilatéralement, par ses partenaires. Dont acte. L’histoire jugera et il y a fort à parier qu’elle sera sévère à l’endroit de ceux qui ont provoqué ce gâchis, lâchant la main de leur allié pour tendre la leur à Paris. Ce fait doit demeurer à l’esprit, car oublier les enseignements du passé conduit inévitablement à l’impasse : Perdunà hè da cristianu, dimenticà si hè da bestia. En revanche, la rancœur et le ressentiment ne peuvent qu’être bannis car ils constituent des entraves. Or la Corse a besoin d’avancer. Tournons-nous donc résolument vers l’avenir et, pour cela, considérons les choses telles qu’elle se présentent et non telles que nous voulions qu’elles fussent. Examinons le chemin parcouru ces dernières décennies : au début des années 1970, la nation corse était sur le point de s’effacer. Une nation ne tient que par la volonté de ses membres. Or seule une poignée de Corses partageaient encore cette conscience nationale qui constitue le ciment d’une collectivité humaine soudée et cohérente, fidèle à sa vocation historique. « U miraculu di u settenta », comme on a pu l’appeler, a changé radicalement le cours des événements, interrompant la chronique d’une disparition annoncée. Les années suivantes furent faites de luttes, de drames et parfois d’erreurs. Elles permirent toutefois aux Corses de relever la tête et à la nation de se réveiller de sa longue léthargie. Certes, nombreux furent ceux qui apportèrent une contribution au changement. Mais comme toujours et partout dans l’histoire du monde lorsqu’il y a situation de domination, la partie la plus engagée du peuple prit une part déterminante dans le combat. C’est ainsi que des avancées furent arrachées, que notre patrimoine naturel fut relativement préservé, que la fameuse « bataille culturelle » fut menée victorieusement. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons remporté le combat essentiel : la nation est une réalité vivante partagée par une forte majorité de Corses, et c’est bien là le plus important. Pour exister, la nation n’a nullement besoin d’une autorisation parisienne, ni même d’une « autonomie-de-plein-droit-et-de-plein-exercice ». Une évolution institutionnelle serait certes la bienvenue, mais elle devrait être appréciée, non pas en fonction de son appellation mais de l’ampleur des droits nouveaux qu’elle apporterait aux Corses. Par ailleurs, elle ne pourrait être conçue que comme une étape vers le seul objectif institutionnel digne d’être poursuivi dès lors que l’on se réclame de la nation : l’entière souveraineté. On ne peut sans hypocrisie se faire les thuriféraires des indépendantistes catalans, écossais ou kanaks et rejeter l’idée d’indépendance dans son propre pays. Sans attendre les avancées institutionnelles qu’il nous faudra arracher – et non quémander – faisons vivre pleinement la nation. Les principales institutions insulaires étant actuellement vouées à la seule gestion (dont la qualité devra au demeurant être évaluée), il appartient aux Corses qui considèrent la légalité française comme étrangère et transitoire d’arracher chaque jour de nouveaux pans de souveraineté. Faire vivre la nation c’est construire, dès à présent, au quotidien, par l’auto-organisation. C’est également refuser ce qui ne nous convient pas, en ayant recours, au besoin, à la désobéissance civile. Faire vivre la nation, c’est aussi considérer que la loi française, si elle est effectivement une réalité en Corse – souvent aux effets néfastes, du reste – ne nous lie aucunement sur le plan moral. Le gouvernement français la viole d’ailleurs lui-même allègrement, comme on le voit avec la question des prisonniers. Pourquoi serions-nous tenus de la respecter en toutes circonstances ? Le seul contrat social qui vaille est celui qui nous lie à nos compatriotes. Les seules règles qui s’imposent à nous sont celles qui sont prescrites par l’éthique, par le sens de l’humanité et par l’intérêt supérieur de la nation. Au seuil de cette nouvelle année, c’est la résolution que nous devrions prendre : faire vivre la nation sans attendre. Terminons ces quelques lignes comme le faisaient nos anciens. Assaillis par des difficultés de tous ordres, ils concluaient néanmoins leurs écrits politiques par ces mots : Campate felici ! À tutte è à tutti, precu a pace, a salute, l’amore è a libertà ! Jean-Guy Talamoni

Eccu, u primu di u 2022 : #144 !

Eccu u nostru primu Ribombu di l’annu : #144 di Ghjennaghju !   Corsica Libera : Assemblea Generale U 13 di Ferraghju : Moment clé et Redéploiement du mouvement   Rétrospective 2021 : 12 mesi – 11 Numari U Ribombu ribomba   Jean-Guy Talamoni : Fà campà a Nazione   Associu Sulidarità : Violation des droits des prisonniers politiques Conférence de presse à venir   + Calendariu 2022 : Da ritruvà lu ind’u vostru ghjurnale !   – – – Pour les abonnés, choisissez simplement “ajouter au panier” puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger. www.uribombu.corsica

Cap’Articulu #144 : 2022, À l‘orlu di l‘annu novu

L’année 2021 s’est achevée sur une situation bloquée et délétère à plus d’un titre. En dehors de la crise sanitaire qui occupe tous les esprits - et sur la gestion de laquelle il y aurait tant à dire ou, surtout, à faire -, le mépris affiché à l’égard de la Corse et de son peuple demeure sans doute l’un des seuls marqueurs véritablement stables de la politique française: le maintien en exil carcéral de Petru Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, l’arrestation par la SDAT et l’incarcération de deux jeunes corses à Paris à la veille de Noël pour une histoire de cocktails Molotov survenue en 2020, en sont l’expression la plus claire et cinglante. À ce stade, feindre de ne pas comprendre le message confinerait à une inacceptable soumission, plus qu’au nécessaire sang-froid qu’il est toujours bon de conserver dans les circonstances les plus difficiles. « En même temps », l’Assemblée de Corse se retrouve de plus en plus paralysée et réduite à une impuissance dont seul un sursaut général, en dehors de ses murs, pourrait la sortir. La France, quels que soient les résultats de l’élection présidentielle à venir, semble s’acheminer inexorablement vers une crise sans précédent à laquelle son système centraliste, bureaucratique, et techno-administratif obsolète ne saura répondre que de manière aussi arbitraire qu’inefficace. Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, la conscience nationale des Corses n’est pas proportionnelle à cette lente et inéluctable décadence de l’Etat français: la perspective - au demeurant de moins en moins crédible - d’une France rayonnante, plus intelligemment et humainement administrée, n’hypothéquerait en aucun cas la pertinence de l’exercice plein et entier par le peuple corse de ses droits nationaux. Par contre, elle ouvrirait sans doute des chemins propices à une résolution politique qui nécessite une clairvoyance et une hauteur de vue dont on s’éloigne, malheureusement, chaque jour un peu plus. Aujourd’hui, certaines promesses ne peuvent guère engager que ceux qui feignent d’y croire, ou qui préfèrent vendre du rêve tout en laissant le cauchemar devenir la réalité quotidienne de la grande majorité des Corses, de plus en plus exclus, socialement, économiquement, et même culturellement, sur leur propre terre. À l’orlu di st’annu novu, ci tocc’à precacci à tutti a Pace è a Salute. Ma, sopratuttu a Libertà pè tutt’i patriotti è pè a Corsica ella stessa, chì, senza libertà, ùn ci pò esse veramente nè salute, nè pace. È, senza lotta, ùn ci serà libertà pè u nostru populu. Più ch’è mai, a lotta pulitica à prò di a nostra liberazione naziunale s’impone à noi. È ferma a sola sperenza d’avvene pè u populu corsu nant’à a so terra. E.S.

#144 : U primu di l’annu 2022

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BONA FESTA DI A NAZIONE !

« Cette volonté de placer la Nation Corse sous la protection de la Vierge Marie montre l’importance de la religion dans notre héritage culturel. » Les origines En 1729 La Corse est sous la domination gênoise. La révolution s’amorce dans la région du Boziu. Les combats font rage et la rébellion s’étend rapidement à toute la Corse. La révolution paysanne débutée en 1729 contre la pression fiscale de Gênes au départ, allait conduire à la naissance d’une conscience nationale qui débouchera sur l’Indépendance. En décembre 1730, la rébellion s’organise. et lors de la Consulte de St Pancraze, la Corse élit ses généraux : Luiggi Giafferi, Andrea Ceccaldi, l’abbé Raffaelli. (Hyacinthe Paoli, père de Pasquale les rejoint début 1730) En 1735, à la Consulta d’Orezza les chefs de la rébellion corse insurgés contre Gênes, déclarent unitéralement l’Indépendance de l’île, donnent naissance à la Nation Corse, la dotent d’une constitution et la placent sous la protection de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Ils justifient leur révolution en se fondant sur la pensée de St Thomas d‘Aquin avec la volonté d’être un peuple voulant vivre libre. Ils adoptent le Dio Vi Salvi Régina, chant religieux dédié à la Vierge Marie comme hymne national, et un drapeau : une vierge sur un fond blanc immaculé. Le jour de la fête nationale sera donc celui de l’Immaculée Conception, le 8 décembre. Plus tard la vierge sera remplacée par a « Testa Mora » venue d’Aragon et de Sardaigne. Testa Mora sur fond blanc pour rappeler l’Immaculée Conception de la Vierge Marie protectrice de la Nation Corse. « U Babbu di a Patria » Pasquale Paoli en fera l’emblème officiel de la Nation Corse Indépendante. Cette volonté de placer la Nation Corse sous la protection de la Vierge Marie montre l’importance de la religion dans notre héritage culturel. Gênes fait appel à ses alliés, la France et l’Autriche pour reconquérir la Corse. Ses manœuvres militaires se terminent le 30 janvier 1735 avec l’adoption d’un règlement établissant la séparation définitive de lé Corse avec Gênes. Ce document servira de base à la future constitution Corse. L’île est proclamée indépendante. Dans l’article premier de son texte institutionnel la Consulte énonce ainsi :« Au nom de la très Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint Esprit, de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, sous la protection de la Sainte Mère Avocate, nous élisons pour la protection de notre patrie et de tout le royaume, l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, et de plus nous décidons que toutes les armes et les drapeaux de notre dit royaume soient empreints de l’image de l’Immaculée Conception, que la veille et le jour de sa fête soient célébrés dans tout le royaume avec la plus parfaite dévotion et les démonstrations les plus grandes, les salves de mousquetons et canons, qui seront ordonnées par le Conseil Suprême du royaume . ------------------------------------------------------------- IMMACULATA CUNCEZZIONE da l'ADECEC A celebrazione di l‘Immaculata Cuncezzione di Maria Vergine, antichissima in Oriente, hè stata istituita in Occidente à u settesimu seculu. U dogmu di l‘Immaculata Cuncezzione ùn hè micca statu accettatu senza dificultà. San Bernardu, à u seculu XII, San Bonaventura è San Tumasgiu d‘Aquinu à u seculu XIII, ùn ne vulianu sente parlà. I primi à insegnallu sò stati un Inglese è un Irlandese è, soprattuttu, à u seculu XIV, u franciscanu scuzzese Duns Scot. In Francia, a Sorbona hà accettatu u dogmu è Bossuet l‘hà ghjustificatu, allora chì i discepuli di San Tumasgiu cuntinuvavanu à predicà chì Maria avia peccatu. Parechji papa anu avutu à intervene per falli stà zitti. Ci hè vulsutu à aspettà u seculu XIX per chì u dogmu di l‘Immaculata Cuncezzione sia impostu da Piu Nonu (1846-1878). L‘8 dicembre 1854, publicava a so bolla “Ineffabilis“ chì dicia : “Subitu cuncepita, per grazia è privilegiu di u Diu omniputente, a beata Vergine Maria hè stata preservata da u peccatu uriginale ». Quattru anni dopu, in Lourdes, a Madonna apparia à Bernardette Soubirous, dicenduli: “Je suis l‘Immaculée Conception“. In Corsica usava u nome Cuncetta, datu in l‘onore di a Madonna cum‘è Nunzia, Natività è Assunta. Festa di a Nazione Ramintemu chì, à a cunsulta di Corti di u 31 ghjennaghju 1735, i Corsi, in rivolta contru à Genuva, avianu sceltu l‘8 dicembre cum‘è festa naziunale. Un preambulu à una specia di Custituzione dicia : “Eleghjimu l‘Immaculata Cuncezzione di a Vergine Maria, pè a prutezzione di a Patria è di tuttu u Regnu di Corsica. A so imagine deve esse stampata nantu à tutti i scudi è tutte e bandere. A vigilia è u ghjornu di a so festa, seranu celebrati in tuttu u Regnu cù a massima devuzione è dimustrazioni di gioia à rombu di moschetteria è cannone“. Da sapè dinù L’8 di dicembre 1789… in Londra, Pasquale Paoli ampara, leghjendu i giurnali chì, 9 ghjorni nanzu, l’Assemblea di Parigi hà fattu di a Corsica una pruvincia francese cum’è l’altre, è hà permessu u ritornu di l’esiliati. Impenna subitu, è scrive à Gentili di ringrazià tutti quelli chì anu pigliatu è difesu issa decisione generosa. Li dumanda di fà una visita à Mirabeau è à Volney. Aghjunghje : « A nazione corsa pruverà a so ricunniscenza mandendu una delegazione in Parigi. Per ciò chì cuncerna à mè, è à tutti quelli chì tenenu à mè, dite à l’Assemblea chì ùn feremu nunda chì a possi cuntrarià. Quandu a Patria hà ottenutu a libertà, ùn li resta più nunda à desiderà». Pasquale Paoli, issu ghjornu, ùn pensa micca ch’ellu volterà in Corsica. Trè ghjorni dopu, scrive à u Presidente di l’Assemblea Naziunale : « C’est avec les transports d’une joie bien vive que j’ai appris ce que l’Assemblée Nationale a fait pour ma patrie. En admettant la Corse parmi les provinces de la France, elle a trouvé le moyen le plus infaillible d’attacher les habitants de cette île au gouvernement français. En faisant rentrer dans leur pays mes compatriotes expatriés, elle attache à la Constitution un nombre considérable d’individus qui la défendront jusqu’à la dernière goutte de leur sang ». L’Assemblea di tandu era a Custituente, a prima Assemblea dopu a famosa rivuluzione di l’89, quella chì hà datu cum’è regula à a nazione francese « Liberté, Egalité, Fraternité ». E relazioni trà a Corsica è a Francia s’imbrutteranu torna cù a terza Assemblea : a Cunvenzione.

Assemblea di Corsica : La majorité acte l‘échec de sa stratégie

« Par ailleurs, il n’est pas certain que le fait de chercher à nouer un accord avec l’adversaire aux dépens de ses alliés constitue une démarche glorieuse, ou même simplement honorable… » Depuis à présent des années, Corsica Libera plaide pour la mise en œuvre d’une stratégie offensive face au déni de démocratie parisien. Les autonomistes semblaient en revanche persuadés qu’en se montrant conciliants – pour ne pas dire davantage –, les choses finiraient par s’arranger. Se faire de plus en plus lisse, édulcorer sans cesse son discours, abandonner de fait les revendications de nature nationale : telle a été la démarche politique de Femu a Corsica. Jusqu’à mettre fin unilatéralement à l’union avec Corsica Libera, pourtant prévue pour dix ans. Si l’on en croit un article publié le mois dernier dans un journal parisien de référence, cette rupture – exigée depuis 2015 par Paris – aurait eu pour objectif de permettre l’ouverture d’un dialogue entre le gouvernement français et les autonomistes ainsi débarrassés de leur « encombrant allié indépendantiste Corsica Libera » (Le Monde). Sauf que cet allié a permis en 2015 aux autonomistes de s’emparer du pouvoir exécutif et en 2017 de parvenir à la majorité absolue. Par ailleurs, il n’est pas certain que le fait de chercher à nouer un accord avec l’adversaire aux dépens de ses alliés constitue une démarche glorieuse, ou même simplement honorable… Bref, le passé est ce qu’il est. Même s’il convient de ne point oublier ses enseignements, il nous faut prendre en compte la situation présente, afin d’envisager l’avenir. Sur cette situation, l’article d’Isabelle Luccioni du vendredi 19 novembre jette un éclairage cru. Evoquant les discussions ayant eu lieu durant la session de l’Assemblée de Corse, elle écrit : « La sensation générale, c’est que l’Etat n’a absolument pas envie de discuter avec les élus nationalistes. Pas plus maintenant que sous les précédentes mandatures. Même parmi les élus de la majorité, on ne croit plus vraiment avoir l’oreille de Paris. “Ils veulent nous transformer en super conseil général sous la tutelle du préfet”, grince un conseiller Fà populu inseme. » Rien d’étonnant à cela : prêts à toutes les concessions et reculades, les responsables autonomistes n’ont reçu en retour que le mépris de leurs interlocuteurs. Logique. Mesurant l’ampleur des dégâts, les élus ne savent manifestement plus à quel saint se vouer. La journaliste cite l’un d’eux qui, nous dit-elle, n’a jamais cautionné la lutte armée et qui s’en remet à présent au retour des clandestins pour débloquer la situation ! Il y aurait de quoi sourire, s’il ne s’agissait de l’avenir de notre pays… Lors de cette réunion de l’Assemblée de Corse, le Président de l’exécutif a fait part de sa détermination à s’opposer au dictat parisien concernant la dette envers la Corsica Ferries. S’agit-il d’un sursaut salutaire ? « Si l’on peut regretter que ce soit une affaire d’argent qui fasse prendre conscience d’une situation politique dont le caractère inacceptable est ancien, on ne peut qu’espérer un changement de stratégie des élus majoritaires. » L’avenir immédiat nous le dira. Si l’on peut regretter que ce soit une affaire d’argent qui fasse prendre conscience d’une situation politique dont le caractère inacceptable est ancien, on ne peut qu’espérer un changement de stratégie des élus majoritaires. Désormais au pied du mur, assumeront-ils leurs responsabilités ? Résisteront-ils à la tentation de rechercher une porte de sortie qui ne pourrait être qu’une humiliation de plus pour les institutions corses ? Si les propos de jeudi dernier sont enfin suivis d’actes empreints de force et de dignité, alors il est probable que l’ensemble du mouvement national sera au rendez-vous pour défendre les intérêts matériels et moraux de la Corse. Jean-Guy Talamoni

#143 di Dicembre : L’ultimu hè quì !

▶🔥L'ultimu numeru di l’annu : u #143 di Dicembre hè quì !   ➡️Attualità - Eric Simoni : Redéploiement des forces vives, le rejet de la soumission   🟠Corsica Libera "un aveu d'échec de la stratégie de Partitu Femu a Corsica"   🏳️🏴A festa di a Nazione corsa : l’ottu di dicembre !   🏫Assemblea di Corsica - Jean-Guy Talamoni : “La majorité acte l’échec de sa stratégie”   🌍Internaziunale - Situation en Kanaky : Lettre ouverte du peuple kanak au peuple français - Foncier et Logement en Iparralde “Dénoncer la situation du marché libre (...) type AirBnB“ - - - https://uribombu.corsica/

#143 : Cap’articulu di Eric Simoni : Redéploiement des forces vives le rejet de la soumission

De la Guadeloupe à la Kanaky, en passant par la Corse - au delà de tout ce qui n’est pas forcément comparable - il existe un point commun qui relie toutes « ces îles que l’on dit françaises »*, et qui, en réalité, ne le sont ni par la culture, ni par la géographie, ni par l’Histoire. Il s’agit de l’attitude d’un Etat qui ne s’oriente vers un semblant de dialogue qu’en cas de tensions et de troubles graves, et trahit systématiquement sa parole, ses engagements, et tout espoir de résolution raisonnable, juste, politique, des problèmes posés par des peuples à qui l’on dénie des droits pourtant imprescriptibles, et reconnus par les Nations Unies depuis toujours. Comme si l’annexion par les armes et le feu, sur fond de massacres des populations autochtones, était le seul critère de légitimité reconnu, au mépris de toutes les déclarations officielles assénant à longueur de temps l’exact contraire. « Les stratégies visant à amoindrir le caractère national de revendications légitimes et validées par le peuple(...) sont vouées à l’échec. » Ce cynisme insupportable et injustifiable, porteur de tant de drames passés et potentiels, conduit non seulement à un déshonneur, source de futures repentances hypocrites - exercice dans lequel l’Etat français est devenu champion toutes catégories -, mais aussi au désaveu de personnalités lucides, honnêtes, impliquées dans des processus vertueux, comme a pu l’être, en son temps un Michel Rocard par exemple. La logique aveugle d’un vieil empire colonial qui ne veut pas mourir alors qu’il pourrit de l’intérieur s’applique alors par des démonstrations de force, et des rigidités absurdes, qu’il applique avec d’autant plus de détermination morbide à sa périphérie que son vieux cœur décadent n’arrive plus à battre qu’au rythme imposé par les banques et les puissances financières du moment. En Corse, comme ailleurs, la démonstration a été faite, à maintes reprises, que les stratégies visant à amoindrir le caractère national de revendications légitimes et validées par le peuple, ou celles qui privilégient une pérennité purement électorale sur la consolidation d’un socle cohérent, combatif et déterminé à changer la situation, sont vouées à l’échec. Oublier la nature du système étranger qui nous est opposé, n’avoir comme seule ligne d’horizon que la désagrégation de la vieille classe politique aux affaires pour se contenter de les gérer un peu mieux, alors que les mécanismes de dépendance et de destruction de notre être collectif perdurent, c’est participer à l’anesthésie du peuple dont on est censé défendre les intérêts. Ça n’est pas ce dont la Corse a besoin, ce n’est pas ce pourquoi les patriotes corses se battent depuis si longtemps. « L’avènement d’hommes d’Etat français capables d’une hauteur de vue et d’un courage politique suffisants pour infléchir cette ligne mortifère semble une perspective de plus en plus lointaine. » En France, malgré les efforts unilatéraux émanant exclusivement de la Lutte de Libération Nationale en vue de créer les conditions les plus favorables à une résolution pacifique et véritablement démocratique de la situation, l’« Etat profond » est manifestement toujours en guerre contre l’idée même d’une nation corse exerçant une quelconque forme de souveraineté. Le sort réservé aux prisonniers politiques, le mépris affiché pour les décisions ou votes de l’Assemblée de Corse, et autres injonctions préfectorales, en attestent. Et l’avènement d’hommes d’Etat français capables d’une hauteur de vue et d’un courage politique suffisants pour infléchir cette ligne mortifère semble une perspective de plus en plus lointaine. Dans la période qui s’ouvre, toutes les forces vives de notre pays devront donc, nécessairement, trouver les voies et moyens d’un redéploiement efficace et durable, en se rappelant toujours ce qu’écrivait en substance Sun Tzu: « Quand l’ennemi t’a emmené à le combattre avec des armes choisies par lui, à utiliser le langage qu’il a inventé, à te faire chercher des solutions parmi les règles qu’il a imposées, tu as déjà perdu toutes les batailles, y compris celle qui aurait pu le vaincre. » Le stade ultime d’un tel funeste processus étant atteint lorsque l‘on ne combat plus l‘ennemi et que l‘on adhère à l‘idée de sa propre soumission. Ce qui ne sera jamais le cas pour qui veut réellement libérer et construire la nation. Eric Simoni * « Ces îles que l’on dit françaises » est un ouvrage collectif paru en 1985 et préfacé par Jean Marie Tjibaou.            

#143, L’ultimu di u 2021 : DA VENE !

▶🔥Da vene a settimane chi vene l'ultimu di st'annu : u #143 di Dicembre !   ➡️Cap’articulu di Eric Simoni : Redéploiement des forces vives : Le rejet de la soumission   🔳L’ottu di dicembre : A festa di a Nazione corsa   🏫Assemblea di Corsica Jean-Guy Talamoni : “La majorité acte l’échec de sa stratégie”   🌍Internaziunale Situation en Kanaky : Lettre ouverte du peuple kanak au peuple français - - - https://uribombu.corsica/
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