Petru Antone Tomasi : Nazione, ripressione, beauvau

U RIBOMBU : Le 28 janvier dernier, Nazione était portée sur les fonts baptismaux par plusieurs centaines de militants, en quoi la création d’un nouveau mouvement politique est-elle apparue comme indispensable ? Ces derniers mois, une volonté partagée s’est exprimée afin de doter le courant indépendantiste d’un nouvel instrument de lutte, adapté aux défis que connaît actuellement notre pays. Aussi, en des termes différents mais convergents, Corsica Libera, le collectif d’anciens prisonniers Patriotti ainsi que le FLNC ont appelé à la création d’un regroupement large des militants de la Lutte de Libération Nationale partageant à la fois un constat critique de la situation politique de la Corse, des objectifs communs mais aussi une détermination sans faille afin d’oeuvrer pour une solution politique réelle au bénéfice du peuple corse et de ses droits. C’est ainsi qu’est née Nazione : un mouvement politique qui intègre la réalité militante qu’a été Corsica Libera durant près de quinze années mais qui va bien au-delà ainsi qu’en témoigne la composition de ses instances. Deux jours plus tard, sur ordre du Parquet national antiterroriste (PNAT), deux militants de Nazione étaient interpellés, transférés à Paris et - provisoirement - incarcérés, quel lien établissez-vous entre ces deux événements ? Un lien évident ! Ces interpellations arbitraires et outrancières (portes défoncées à l’explosif, père de famille jeté au sol devant sa famille, jeux d’enfants intentionnellement détruits…) sont une réponse de l’appareil d’Etat au succès de l’Assemblée générale constitutive de Nazione. Elles sont l’oeuvre d’une police politique aux ordres d’une justice politique qui vise à réprimer l’expression d’un mouvement public, Nazione, qui se situe dans une opposition résolue à la politique d’assimilation à marche forcée qui est aujourd’hui menée par l’Etat français et, malheureusement, avalisée par nombre de forces politiques dont certaines se revendiquent de l’idée nationale. Ces manoeuvres de déstabilisation sont cependant sans effet sur le déploiement de l’action de Nazione qui a d’ailleurs poursuivi sa structuration, la diffusion de son message politique et qui prépare l’intensification de sa présence sur le terrain. Pour en terminer sur le sujet de ces opérations répressives qui ont visé Nicolas Pinzuti et Antò Simoni, leur sortie de prison après respectivement quelques jours et trois semaines de détention confirme le caractère indigent des dossiers d’instruction et le caractère purement politique de leurs interpellations. Cependant, à l’heure où nous parlons ils sont certes hors des murs des prisons françaises mais ne sont toujours pas libres puisqu’assignés à résidence en France. Afin qu’ils retrouvent leur terre (à l’instar de Charles Pieri qui se trouve toujours dans une situation similaire depuis plus d’un an), la manifestation du 2 mars prochain organisée à l’initiative de Sulidarità et de Patriotti se doit d’être un succès populaire. Désormais, quelle est la feuille de route de Nazione ? Il s’agira de mettre en oeuvre les orientations débattues et massivement adoptées par les militants à l’occasion du vote de notre motion d’orientation générale : mise en place d’un cycle de mobilisation de terrain et de consolidation de la logique de contre-pouvoirs, poursuite de la stratégie d’internationalisation de la question nationale corse notamment à travers les contacts noués avec le Mouvement des Non-Alignés, présentation d’une offre de solution politique alternative à la farce des discussions de Beauvau, actualisation d’un projet indépendantiste robuste afin de répondre aux attentes quotidiennes des Corses et de préparer l’avènement de la République corse. En synthèse, l’action de Nazione a pour objectif de garantir l’accomplissement d’un destin national corse. Cette perspective nous apparaît salutaire à l’heure où les responsables autonomistes, à rebours du serment passé devant les Corses, structurent exclusivement leur action par le « dur désir de durer » à la tête des institutions corses. Cette formule du poète Éluard était convoquée par un ami indépendantiste catalan, il y a quelques temps, afin de qualifier le dévoiement de certains responsables du mouvement national en Catalogne. Elle me semble totalement transposable à la situation corse… À l’heure où le Ribombu est mis sous presse, une « déclaration solennelle » vient d’être signée [23.02.2024] par de nombreux élus de la Corse dans le cadre des discussions de Beauvau. Est-ce l’esquisse d’un « processus à vocation historique » ? Dès mars 2022 et la signature du Protocole Darmanin-Simeoni indiquant les « lignes rouges » imposées par l’Etat français et avalisées par les responsables du Cours Grandval, il n’y avait plus ni « processus historique », ni « solution politique » au conflit dans le cadre des discussions de Beauvau. La « déclaration solennelle » à laquelle vous faites référence ne change rien de fondamental à la donne politique et au constat établi par Nazione. Pour notre part, nous avons toujours jugé sur pièce l’évolution de ces discussions quant à une éventuelle évolution du statut de la Corse. Nous ne dérogeons pas à cette ligne et émettrons un avis définitif une fois que nous serons en possession d’un projet finalisé. Cependant, à ce stade, nous constatons que cette « déclaration solennelle » traduit un nouveau recul quant à la position défendue par la majorité territoriale et ses alliés. Le texte se situe déjà deux niveaux en-deçà de la délibération du 5 juillet que Josepha Giacometti-Piredda n’avait pas approuvée au titre du courant désormais incarné par Nazione, et ce avant même le début effectif des discussions avec Paris sur la rédaction d’un texte constitutionnel. De façon tangible, ladite déclaration se conforme explicitement aux « lignes rouges » ou « principes intangibles de la République française » fixées par le gouvernement français en renonçant à trois principes fondamentaux de la lutte nationale, au moins : pas de peuple corse et de reconnaissance de ses droits nationaux mais une simple « communauté » peuplant « l’île de Corse » ; pas de co-officialité de notre langue mais l’acceptation d’un « service public de la langue » ; pas de citoyenneté corse conférant au peuple corse le « droit d’avoir des droits » - selon l’expression d’Hannah Arendt - spécifiques sur sa propre terre. Or, ces renoncements n’ont pas seulement une portée symbolique, donc politique, ils ont également une conséquence pratique puisqu’ils neutralisent la capacité future du peuple corse à adopter des mesures efficaces face aux menaces auxquelles il doit faire face. Quant aux autres questions - « autonomie fiscale », « statut de résidence », « pouvoir normatif de nature législative » - la rédaction du document laisse la place à toutes les interprétations, y compris les plus restrictives. C’est la raison pour laquelle, Josepha Giacometti-Piredda, fidèle à sa ligne de conduite n’a pas pris part à la signature de ce document. C’est la raison pour laquelle Nazione continuera à porter dans le débat publique une parole libre et cohérente conforme à la recherche d’une solution politique et d’une paix réelles au bénéfice du seul ayant-droit légitime sur la terre de corse : le peuple corse.

Hè quì : #164 di Ferraghju 2024

https://uribombu.corsica/produit/n164-ferraghju-2024/ Attualità - Cartula sculari : " u Statu metti in periculu i cundizioni d’amparera di i ziteddi " - Intervista Petru Antone Tomasi Nazione - Urientazione generale/strutturazione - Un'andatura per a nazione : i 15 punti - U Ribombu : Rivolta paisana FLNC " L’autonomie évoquée ne sera absolument pas en mesure de préserver le peuple corse " U Ribombu Gérald Darmanin : " il est temps de conclure " (corse-matin 16.02.2024) Internaziunale Victoire historique du sinn fein : Michelle O’Neill est élue « First Minister » Storia U 5 ferraghju di u 1807 : Si n’hè andatu à l’eternu U Babbu di a Nazione

Cap’Articulu #164 : Nazione.

Après le succès de l’Assemblée Générale constitutive du 2 février dernier, où près de 700 militants ont porté sur ses fonts baptismaux le mouvement Nazione, la réponse de l’Etat français et de sa police politique ne s’est pas fait attendre. Au delà d’un élan de solidarité nationale qui, aussi important soit-il, est tout naturel, cette fois les exactions des soudards d’un « Etat de droit », qui consacre en fait les droits d’un Etat étranger à faire tout et n’importe quoi dans notre pays, ne sont pas passées inaperçues dans le reste du monde; notamment, dans des pays qui, régulièrement, reçoivent de la France des leçons concernant les « droits de l’Homme », pourtant régulièrement bafoués dans les dernières colonies de cet empire décadent et liberticide. Les messages de soutien, comme ceux exhortant l’Etat français à rectifier son attitude ont été nombreux et l’intérêt porté à la cause nationale corse va grandissant, justifiant pleinement la démarche de notre élue à l’Assemblée de Corse, Josepha Giacometti, qui, dès le 31 janvier dernier, déposait une motion intitulée : « Demande d‘inscription de la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser ». Examinée en Commission permanente le même jour, cette dernière a été renvoyée en commission des compétences législatives et réglementaires et en conférence des présidents. Les Corses ont tout intérêt à rester attentifs au devenir de cette motion qui pose la problématique actuelle dans les bons termes, et au niveau où elle doit l’être: le niveau international. À qui, au XXIe siècle, pourrait-on imposer, sans le faire légitimement réagir, d’être traité comme s’il n’était pas un être humain à part entière? Dès lors, quel peuple de la planète, aujourd’hui, accepterait d’être traité comme s’il n’en était pas un ? Quel degré d’indignité exige-t-on des Corses pour oser les soumettre à cette « ligne rouge »? Ceux qui, ici comme à Paris, continuent de nier ce fait colonial, refusant ainsi de reconnaître les droits nationaux d’un peuple multiséculaire, désarment ce dernier devant les agressions multiformes qu’il subit en permanence et qui, progressivement, mais de plus en plus rapidement, le ravalent au rang d’une communauté minoritaire, dépossédée, dans un pays qui n’est d’ores et déjà plus tout à fait le sien. De plus en plus nombreux, les Corses qui ont fait le constat de cette situation inacceptable et de la tartuferie d’un pseudo processus destiné à nous détourner définitivement de notre dessein national se sont réunis au sein d’une plateforme patriotique, d’un mouvement qui saura allier souplesse et efficacité pour créer les conditions d’une solution politique véritable. Son nom est aussi clair et facile que la respiration d’un peuple libre et pleinement souverain sur sa terre, il évoque tout à la fois ce que nous sommes depuis toujours dans notre réalité sociologique, culturelle, historique, en un mot humaine, et ce à quoi nous aspirons et qui nous permet de nous projeter dans l’avenir: Nazione.

“Di muri è d’avvene” Puesia da Lisà

U ferraghju maladettu Hè vultatu à malannu È di l’omu predilettu A sorte manda luntanu Ver’di l’orizonte tetru i stu statu scimittanu Si sà chì via battuta Hè di strapazzu foltru Ma ogni vita crisciuta Di sintimu patriottu Hè di fede inchjuccuta D’estru forte è mai toltu Puru a s’anu pruvata Di cusì brutta manera D’un capu una ghjimbata D’avant’à forza strangera Ma ùn ci hè porta schjattata Per smatt’a ghjente sincera Un chjassu oghje sguaiatu È st’anima chì ci manca Di stu tempu tribbulatu Cirnea si face stanca È brama à lu serratu A stagione chì spalanca Ora sò foschi i to muri È si ne trica veranu Soca quì simu sicuri È più prestu veneranu L’Orli d’i tempi futuri Chì di Libertà seranu Lisà

#163 hè esciutu !

https://uribombu.corsica/produit/n163-dicembre-2023-ghjennaghju-2024/ Chjama Patriotta - Assemblea Generale u 28 di Ghjennaghju in Corti - Interview de Ghjuvan'Filippu Antolini Cap’articulu : Pè un destinu corsu è un avvene di libertà U Ribombu - Un (nouveau) rapport pour rien - A francisata basta ! Internaziunale Corsica Libera au siège de l‘onu : Conférence anticoloniale à genève Allocution de Ghjuvan'marcu Rodriguez et Jean-Guy Talamoni Cultura Piombu 1976 – « Rughji Neri » : l’exposition de l’artiste militant ---Pour les abonnés, choisissez simplement "ajouter au panier" puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger.  www.uribombu.corsica

Cap’Articulu da Eric Simoni di u #163

« Les usages français greffés sur ceux des Corses, plutôt que les ennoblir, les corrompent et exacerbent la plaie au lieu de la soigner »* Au delà de pseudo discussions en cours sur une éventuelle « autonomie » de la Corse, concept sans cesse revisité et, chaque jour un peu plus, vidé de contenu ou de portée réelle, il y a bien un processus en cours actuellement. Un processus de liquidation de toute revendication d’essence authentiquement nationale dans notre pays. La répression multiforme, qui va du fichage systématique de patriotes considérés comme des « terroristes », à des contraintes administratives et financières hors du commun infligées à de jeunes militants dont le seul tort a été d’exprimer leur sentiment de légitime révolte face à l’injustice, ne faiblit pas. Elle s’amplifie même en traitant des familles entières comme autant d’ « associations de malfaiteurs », et prépare, sans répit, de nouveaux coups tordus contre tous ceux qui ne se résigneront jamais à laisser leur peuple être condamné à un « destin français » de soumission perpétuelle. Parallèlement aux « lignes rouges » qui nient nos droits fondamentaux et jusqu’à notre existence même, des démarches d’enfumage politique et de déconstruction de l’idée nationale corse sont également à l’oeuvre, mais de manière plus insidieuse, participant à une confusion préjudiciable à l’indispensable cohésion nationale que requiert une véritable lutte de libération. Il en est ainsi de la négation du fait colonial, ou de la réduction d’une question nationale à une revendication exclusivement identitaire, ainsi que des nombreux schémas importés qui ont la prétention de faire le bonheur des peuples malgré eux. L’influence des partis français et de leur phraséologie manichéenne est ici prégnante, même lorsqu’elle est affublée des oripeaux d’un « corsisme » - voire d’un « nationalisme » - de circonstance (le plus souvent électorale); elle est aux antipodes des nuances de la pensée que permettent notre culture ancestrale et cette société de proximité qui fait tant horreur à la tutelle étrangère. Téléguidées ou pas, toutes ces manœuvres convergent et peuvent aboutir à une communautarisation de la société « à l’usu francese », avec des polémiques entretenues pour diviser le peuple sur fond de débats caricaturaux ou l’irrespect domine. La colonisation de peuplement effrénée que nous continuons à subir, accélérée et amplifiée par des dispositifs fiscaux et « économiques » de dépossession des Corses, aggrave singulièrement cette menace. Face à cela, sans doute parce que « là où est le danger grandit aussi ce qui sauve », le mouvement de libération nationale est en voie de renouvellement, de redéploiement, avec ses structures politiques, associatives, syndicales, sa jeunesse, et l’expérience des années de lutte qui ont permis de préserver l’essentiel: une conscience nationale inaltérable. Les réunions organisées sous l’égide de A Chjama Patriotta dans toute la Corse participent actuellement de cet élan nouveau qui permettra la mise en synergie de toutes les forces vives du pays au service de la seule ambition qui vaille: libérer la Corse, et permettre à notre peuple d’accomplir enfin son destin national. *Niccolò Tommaseo (1802-1874)

U primu Ribombu di l’annu 2024 hà da esce : #163

Da ritruvà : Chjama Patriotta / Patriotti - Assemblea Generale u 28 di Ghjennaghju in Corti - Interview de Ghjuvan'Filippu Antolini Cap’articulu : Pè un destinu corsu è un avvene di libertà U Ribombu - Un (nouveau) rapport pour rien - A francisata basta ! Internaziunale Corsica Libera au siège de l‘onu : Conférence anticoloniale à genève Allocution de Ghjuvan'marcu Rodriguez et Jean-Guy Talamoni Cultura Piombu 1976 – « Rughji Neri » : l’exposition de l’artiste militant

Natale Luciani : 20 anni fà

Per stu pezzu di terra chi deve fermà nostru, Natale Luciani s’era indiatu dapoi u 70 per salvà è tramandà ciò chè no simu, da e stonde di cantu à l’annate clandestine. 20 anni dopu a so morte u s’impastu ferma è u so estru campa.

Ghjuvan Battista Acquaviva : cumbattante di u Fronte, cascatu per a Liberta

Le 15 novembre 1987, Ghjuvan Battista Acquaviva trouve la mort suite à une opération commando du FLNC, dans la ferme du colon « pied noir » Louis-Ferdinand Roussel, à U Querciolu sur la commune de Sorbu Occugnanu. Ce 15 novembre à 20h15, Madame Roussel appelle la gendarmerie de Viscuvatu pour affirmer que son mari a été victime d’une agression à leur domicile. Elle précise que l’auteur de l’agression a été mortellement blessé. A 20h30, les gendarmes sous le commandement du capitaine Jobic arrivent sur place et constatent que dans le bureau de L.F Roussel, un homme gît à terre. Son visage est dissimulé par une cagoule, et ses mains gantées. Il porte à la ceinture une arme automatique et une grenade défensive. Il a été abattu d’une balle dans le visage. Dans sa déposition, L.F Roussel donne comme arguments qu’alerté par les aboiements d’un de ses chiens de garde, il sort sur le seuil de la porte de son bureau, et se trouve alors en présence d’un individu cagoulé qui le menace de son fusil. Une lutte s’engage entre les deux hommes. Un coup de feu part en direction du plafond. Malgré un violent coup asséné par son agresseur, Roussel réussit à se saisir du fusil qu’il tient à deux mains. Un second coup de feu, mortel celui-là part de l’arme de la victime. La version devient sans autre forme de procès la version officielle. À 22 heures, le procureur Bot et le commissaire Dragacci arrivent, puis à 22h30 le Docteur Nicolaï, il soigne Roussel « pour une égratignure à un pouce », invoquant des urgences il quitte les lieux sans se préoccuper de l’homme mort. Il ne reviendra qu’à minuit pour établir le constat de décès. L’autopsie sera pratiquée le 17 novembre. Elle conclura que la mort est due au tir d’une balle à bout portant qui n’est pas ressortie du crâne. Etant donné le calibre de l’arme, un Valmet 222, cela est inimaginable. Sauf si… Ghjuvan’Battista n’a pas été tué accidentellement par son propre fusil, mais abattu froidement comme le précise le communiqué du FLNC (1) d’une balle partie d’une autre arme. L.F Roussel possédait 3 armes. Aucune n’a été examinée au titre de l’enquête, ni saisie, assez incroyable dans une affaire où il y a mort d’homme. Comme le comportement du capitaine Jobic et de ses gendarmes, le lieu du crime n’est pas contrôlé, ils ne cherchent pas à savoir si des charges explosives ont été déposées aux abords, ou dans la ferme et ses dépendances. En fait, les forces de police réunies, policiers, gendarmes et magistrats se comportent comme s’il y avait eu un guet- apens tendu à Gjhuvan’Battista après le départ du commando, alors que rien ni personne ne représentait plus une menace pour Roussel. Le corps de Ghjuvan’Battista ne sera remis à sa famille que trois jours après le drame. Le 18 novembre, L.F Roussel disparait, le capitaine Jobic lui a procuré un billet d’avion et des faux papiers d’identité au nom de Levati. Une fois en France, Roussel est pris en charge par un réseau téléguidé par Charles Pasqua alors ministre de l’Intérieur. Pourquoi cette fuite si les faits s’étaient déroulés selon la version officielle donnée par Roussel à la justice ? Sur l’île la colère gronde suite à ce qui est une évidence, l’assassinat du jeune militant du Front, et surtout dans sa région d’origine la Balagne où sa famille est honorablement connue, à commencer par son père Maurice, militant historique de la lutte Nationale. Le 20 novembre, le mobilier de la ferme pourtant sous scellés, et sous la surveillance des gendarmes disparait à son tour. Roussel déclarera par la suite l’avoir vendu à des brocanteurs pour la somme de 50.000 francs. Or les meubles n’ont été ni vendus ni mis en vente. Ils ont été déménagés par une entreprise insulaire, puis déposés dans un garde-meubles de Fréjus. Ils seront retirés le 16 novembre 1989 par le fils Roussel médecin à Nice. A la demande expresse d’Alain Juppé alors ministre du Budget, la ferme Roussel est achetée au prix de 580 millions de francs par le ministère de l’agriculture. Elle servira à loger des compagnies de CRS en déplacement en Corse. Le 10 octobre 1989, cela n’empêchera pas le vol de la porte d’entrée d’aucune valeur marchande, mais elle aussi pièce à conviction, comme le mobilier. Pièce à conviction essentielle dans le dossier ; car elle porte les traces d’un impact de balle, qui peut permettre de déterminer l’origine, la trajectoire et le calibre du projectile qui y était planté. Mais la liste des anomalies de cette affaire est encore longue. Il s’avère que le plan des lieux établi par la gendarmerie est falsifié. Le gravier qui borde la villa à un endroit bien précis a été remplacé depuis peu. Certainement portait t’il des traces de sang, preuves que Ghjuvan’Battista n’avait pas été abattu en agressant Roussel dans son bureau, mais à l’extérieur alors que le commando partait. Lors de l’autopsie, le Dr Bastien note « la présence au niveau de la partie occipitale* de gravillons, due probablement à la chute… » (partie occipitale : située à l’arrière du crâne). Donc une chute sur le gravier et non pas sur le sol d’un bureau. Encore pire ! 4 fragments de la balle extraite du corps de Ghjuvan’Battista avaient été placés sous scellés par le médecin légiste. Or, le plus volumineux, le plus « parlant » pour l’enquête a disparu. Il ne figure pas dans l’inventaire des pièces à conviction dressé le 18 novembre. Les 16 et 18 janvier 1990, plus de deux ans après les faits, sur les lieux même du drame une reconstitution est fixée. Roussel et tous les autres protagonistes de la mise en scène refusent. Le juge Sievers, nouveau magistrat en charge du dossier après le juge Catalano, envisage de procéder à une véritable enquête avec rétablissement du plan des lieux tels qu’ils étaient le soir du meurtre, et contraindre Roussel, au besoin par la force de la loi à être présent. Il sera dessaisi du dossier… Pendant deux ans plus aucune procédure n’aura lieu en France. L’affaire est portée devant la Cour Européenne et la Commission des droits de l’homme à Strasbourg. Par 23 voix sur 24 les instances judiciaires européennes se montrent favorables à l’examen des Mémoires de la famille Acquaviva demandant que soit reconnue la violation par la France des droits de la partie civile. Le gouvernement français fera des pieds et des mains pour éviter une condamnation hautement justifiée. En 1995, après de nombreux débats la Cour Européenne des droits de l’Homme donne sa réponse qui est éminemment politique en confortant la France dans sa conduite judiciaire. Le dossier est clos. A Jean-Baptiste, C’est à 20 ans que l’idéal sublime tout, et lorsque comme toi, devant tant d’incompréhension et de vilénie tenace, mu par ta générosité et fidèle à la mémoire de ton Peuple, tu as voulu avec ton enthousiasme généreux et ton courage, défendre le Patrimoine et l’Identité de tes ancêtres … il arrive que des routes divergentes se croisent : - la tienne, celle du souci de l’avenir de ton Peuple sur sa Terre, - celle de Roussel venant dans une Corse française comme il avait quitté une Algérie française où ôter la vie d’un indigène est du domaine du dérisoire. Ce soir funeste de novembre 1987 tu es tombé dans le guet-apens de la bêtise, de l’ignorance et de la haine. Trois jours après l’assassinat de Ghjuvan Battista Acquaviva, l’Etat français effaçait la dette des agriculteurs corses. DT Bibliographie : Ghjuvan Battista Acquaviva, l’Eternu Sguardu
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