Ghjuvan-Battista Acquaviva, sempre vivu

Oghje tù ti ne vai a l’ultimu riposuGhjè l’esempiu chè tù ci dai fratellu generosuPurtatu da li toi sin’à l’altu pratuPalatini è Eroi caminanu à u to latu RIPIGLIUMa la to risa canta e schiatta cum’un fioreChì u dulore pianti e sbucci l’amoreChì u furore pianti e sbucci l’ amore.(…)Quì si pensa assai svegliu a lutte l’oreGhjunt’hè tempo di guai e di sgarbe a lu coreDa la corte a la cellula u spiritu in rivoltaA mente cum’un’acella versu tè si ne volta. Parler de Battì tant d'années après n'est pas vraiment un exercice facile mais bon la facilité n'a jamais été notre point fort, amicu. C'est vrai, ça doit faire bientôt 33 ans si je ne me trompe que tu es parti, assassiné par un colon parmi tant d'autres, un occupant parmi tant d'autres. Roussel je crois. La première fois, ce devait être au printemps ou en été après mon évasion, 1984. On m'a dit qu'un jeune machjaghjolu voulait me voir, jeune car j'avais 10 ans de plus que vous. Tu en avais probablement 24 et très rapidement tu m'as appelé le vieux. Sur une route déserte, peut-être du côté du désert des aggriates, la moto est arrivée, vachement bruyante. Tu aimais les motos et a même essayé plus tard de faire de moi un motard, sans succès. Très vite on a parlé tous les deux, probablement durant des heures comme d'habitude. Tu avais le sourire, ton éternel sourire, o croce, et une putain de foi, tu y croyais, nous y croyions tous comme des malades. De cette maladie qui nous a fait vivre à 4, toi Macgyver, Panda, Dob et moi le vieux pendant des semaines, des mois, des années, cette vie commune de frères, de soldats, de militants, de machjaghjoli. Une vie pas toujours facile avec de bons moments et d'autres qui, finalement étaient bons aussi parce que c'étaient nos moments. Je sais que, là où tu es, tu n'en regrettes rien, moi non plus d'ailleurs. La route nous l'avons tracée ensemble, non pas tamanta strada mais passu à passu. Tu sais, je parle de toi parce que nous autres, les trois autres, nous sommes vivants mais toi c'est nous comme nous sommes tous les trois morts un peu avec toi. Battì, nos enfants portent ton prénom, toi tu portes encore nos rêves. Beaucoup de gens parlent de toi, qu'ils t'aient connu ou pas parce que tu le mérites. Tu restes à jamais un exemple, un phare, une lumière, tamanta luce, celle de ton éternel sourire. Des décennies passent mais toi tu demeures. Ne me pose pas de questions, ne me demande pas ce qui a changé, en bien ou en mal. Tu sais, Battì, Panda doit se souvenir d'une de nos dernières soirées, avant mon arrestation, avant qu'il ne te tue. Tu voulais poser le sac parfois, planter des tomates, toi le vigneron. Sur le tard, je plante des tomates et, comme un vieux con, parfois je pense à toi. Oui tu as au moins échappé à ça, être un vieux con mais rassure toi, j'ai retenu tes leçons, je garde le sourire. Ce soir c'était sympa de parler avec toi, de parler de toi. Qui étais tu parce qu'ils veulent peut-être savoir. Tu étais et tu es l'archétype du militant, tu es corse autant si ce n'est plus que nos montagnes, tu es cette eau vive, la seule qui vaille la peine d'être transmise à nos jeunes, à cette jeunesse, à ces générations. Tu es l'eau éternelle à laquelle ils doivent s'abreuver et garder le sourire comme tu as as toujours su le faire avec courage et dignité. Fratellu, simu sempre à fiancu à tè per l'eternu.Carlu PIERI
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