Cartulare : E rumenzule

Un bref historique L’origine même de la crise des déchets en Corse peut remonter dès les années 60/70 avec un changement drastique de notre consommation, qui a automatiquement engendré, de plus en plus de déchets. Afin de pallier cette arrivée massive de « nouveaux déchets », la première solution a été, pour chaque commune, de créer des décharges brutes, engendrant ainsi des nuisances et pollutions sans précèdent pour notre environnement sur les eaux superficielles ainsi que les nappes phréatiques, en rajoutant à cela un vecteur important d’incendie. Ce n’est que dans les années 80 que les premières idées désastreuses font leur apparition avec notamment la création des premiers incinérateurs d’ordures ménagères à échelle communale. Cette méthode fut d’autant plus chaotique que l’ensemble de ces incinérateurs ont arrêté de fonctionner entre 2002 et 2005 à cause d’une pollution sans précédent, en raison notamment des fumées toxiques dégagées par ces machines. La première « réflexion » n’apparaitra dans la sphère politique qu’à l’année 1995, initiée par l’Office de l’Environnement de la Corse. Ce n’est que 3 ans après, en 1998, que les deusx départements rédigeront un plan d’élimination des déchets qui n’aura servi malheureusement à rien compte tenu de l’avis du Ministère de l’Environnement qui, lui, préconisera un seul plan pour l’ensemble de notre territoire. La preuve d’un désintéressement total de la part des élus durant ces veilles années n’est plus à apporter: il sera tel que la préfecture de corse devra réactiver le dossier, afin de solutionner la problématique de la gestion des déchets. En 2002 sera alors voté le Plan Interdépartemental d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés, ainsi que la création du SYVADEC en 2005. Durant toutes ces années, entre débats contradictoires, recherches, plans d’action, etc... aucune « des solutions », en parfait accord avec nos principes de base, ne se sont dégagées. L’enjeu politique est certainement de taille, mais rien ne peut être plus important que l’impact environnemental, qu’à terme une mauvaise gestion, pour ne pas dire une « non-gestion », pourra engendrer sur notre terre. C’est pour cela qu’il semble essentiel de rappeler que la source même de la crise des déchets en Corse, comme rappelé en début d’article, a été la modification brutale de nos méthodes de consommation, dès les années 1960 et 1970. Cette nouvelle consommation de masse, a créé de toute pièce cette crise existante, avec notamment l’apparition de nouveaux déchets plastiques, verre, aluminium ou autres, à raison d’une surindustrialisation liée à une politique mondiale basée sur l’ultra libéralisme. De ce fait, quels autres choix vont alors se poser aux producteurs de déchets que celui de pallier au désastre de cette surconsommation ? La responsabilité des grandes-surfaces est tout aussi importante dans le sens où elle induit, à elle seule, la nécessité d’une surproduction d’emballage, pour un meilleur packaging, une meilleure préservation, et aussi, un coût plus élevé à la revente. La mise en place d’achat en vrac, l’arrêt des bouteilles en plastique pour une création de consigne sur l’ensemble des bouteilles en verre peuvent être, en l’état, un début de solution dans l’objectif de contrecarrer cette logique de suremballage, imposée par une politique néfaste de surrentabilité, à défaut de favoriser une méthode plus écologique. La première pierre que nous devons poser ensemble sera de promouvoir le principe de zéro déchet. Car au-delà du constat que « la meilleure façon de traiter les déchets, est de ne pas les produire », et ainsi de promouvoir le Zéro Déchet, il s’agit également de mieux développer l’économie sociale et solidaire, de renforcer l’ensemble des circuits courts, de réinventer un nouveau système économique basé sur une nouvelle agriculture, une nouvelle industrialisation et, ainsi, une véritable économie circulaire profitable à tous, mais aussi, et c’est là tout l’enjeu, une véritable vision pour la sauvegarde de notre environnement. Le Tri à la source L’ensemble de la crise que nous traversons encore aujourd’hui, aura permis de dégager un ordre d’idée majeur qui est le tri sélectif au porte à porte. « En 2019 en Corse, chaque habitant a produit 730 kg de déchets dits municipaux, soit un volume total de 241 080 tonnes. 36 % de ce volume total est recyclé grâce aux moyens mis à disposition des habitants : poubelles et bornes de tri sélectif pour les emballages, le verre et le papier ; composteurs individuels ou partagés ; réseau des 22 recycleries » Source : Bilan annuel du trie en Corse 2020*) Le taux de tri et de résiduel en 2019* : Si nous commençons à être témoins d’un changement d’habitude de la part des corses, il est important de prendre en considération plusieurs données. Pour rappel l’ensemble des directives européennes nous impose les objectifs suivants : Le tri des emballages, du verre et du papier, devra être effectué à hauteur de 55% à l’horizon 2025 ; 60% en 2030 et 65% en 2035. Aussi, Le taux de tri s’établit aujourd’hui à 36 % soit 266 kg/hab. (contre 32 % en 2018). Entre août 2017 et juillet 2020, le volume total des collectes sélectives d’emballages, de verre et de papier a augmenté de plus de 24 %. Cette hausse découle principalement de l’augmentation considérable de la collecte des emballages : + 70 % en trois ans. Ce résultat significatif témoigne des effets positifs de la mise en place anticipée de l’extension des consignes de tri entrée en vigueur en août 2018, et, peut ainsi paraître comme un excellent résultat. Cependant, si une partie de ces chiffres peuvent en l’état, être rassurants, l’objectif d’augmenter notre capacité de tri à hauteur de 19% en seulement 3 ans relève des tâches les plus complexes, sachant que l’objectif pour notre mouvement reste inchangé*, à savoir viser 80% du tri sélectif en Corse. (Corsica 21)* Aussi, la dernière donnée à prendre en compte, reste l’augmentation significative du nombre de nos habitants Avec 338 554 habitants au 1er janvier 2018, la population de la Corse a augmenté en moyenne de 1,1 % sur les cinq dernières années*. Cette croissance soutenue place notre pays parmi les « départements français » les plus dynamiques. (Source Insee) Le tri à la source, eu égard à l’ensemble de ces données, peut paraître aller dans le bon sens. Cependant nous rappelons la nécessité de devoir accélérer ce processus qui n’est clairement pas à la hauteur des enjeux. Au vu des expériences dans le domaine du tri sélectif que nous avons pu observer, aussi bien dans le rural que dans le milieu urbain, la seule solution permettant d’atteindre notre objectif de tri de 80% est le ramassage quotidien des ordures ménagères au porte à porte. Le passage au tri sélectif au porte à porte nécessite également d’employer plus de personnels pour pouvoir effectuer les tournées nécessaires au bon fonctionnement du dispositif parce qu’il doit s’accompagner du retrait progressif des poubelles actuelles et des bornes de tri déjà installées. Des filières pour le rachat des ordures recyclées sont déjà presque toutes en place en dehors de celle pour les déchets fermentescibles que le SYVADEC aurait dû mettre en place rapidement pieve par pieve. Les intercommunalités, véritables acteurs d’une meilleure gestion. Si aujourd’hui nous confirmons la nécessité de mettre fin au SYVADEC, qui n’est que complication politique et administrative, nous réaffirmons alors le fait que l’ensemble des Intercommunalités doivent récupérer les prérogatives du traitement et de la valorisation de leurs propres déchets. Si l’Assemblée de Corse vote un Plan de gestion des déchets, elle doit aujourd’hui s’appuyer sur l’expertise et la concertation de la Chambre des Territoires ainsi que du CESEC, pour ainsi permettre à chaque EPCI, en application dudit Plan, la gestion de ses propres déchets. Comme exemple concret, l’EPCI sera en mesure de récolter ces déchets, avec application du tri à la source directement chez le producteur de déchets, emmènera l’ensemble des déchets triés au sein de ses plateformes de récoltes déjà existantes pour un « sur-tri » et ainsi aura à disposition son propre service de valorisation et de traitement. L’installation de ces nouvelles plateformes de « sur-tri » et de traitement des déchets, peut prendre la forme d’une multitude de procédés, excluant bien évidement l’élimination thermique des déchets par incinération. Il est important de se placer dans l’innovation, de traiter et ainsi valoriser intelligemment, dans l’objectif de se servir de nos propres déchets non pas comme « une crise et un fardeau » mais comme une richesse. Grâce à de multiples procédés, chaque intercommunalité, pourra valoriser une partie de ses propres déchets en Combustibles Solide de Récupération, avec deux choix : Les stocker dans un premier temps (Déchet inerte grâce à de nouveaux procédés innovants, déjà en application dans de nombreux pays) Se servir de ses CSR afin de créer une véritable richesse pour les collectivités avec sa commercialisation. En effet ces CSR pourront servir de matière première dans bien des cas, comme l’Eco construction, combustible pour chauffage, réalisation d’enrobé pour route, etc. Cette première solution pourra en effet permettre la création de futures filières innovantes et ainsi rentrer dans une véritable économie verte et durable. Ainsi, lesdits déchets récoltés, triés, recyclés et valorisés, serviront de matière première grâce aux procédés innovants déjà en application dans d’autre pays. Cette nouvelle stratégie permettra à la fois de baisser de façon drastique le coût du traitement des déchets actuellement exorbitant, de valoriser ces déchets afin d’en créer une richesse, de maitriser publiquement avec l’aide potentielle de privés, la gestion de nos déchets et de leur valorisation. Mais aussi de financer de nouveaux projets grâce à cette rentabilité créée, et ainsi s’inscrire dans une véritable politique de développement durable et de sauvegarde de notre environnement. Le simple fait de donner à chaque intercommunalité la compétence traitement et valorisation des déchets, réduira l’impact carbone, considérablement élevé, laissé par l’ensemble des transporteurs privés, qui actuellement récupèrent les déchets aux différents points de récolte, pour les transporter soit sur le continent, soit dans les centres d’enfouissement. L’impact carbone laissé par l’ensemble de ces transports est absolument à prendre en compte dans ladite crise des déchets. La solution de faire de l’intercommunalité, le récolteur, l’ambassadeur de tri d’une meilleure « production » du déchet, et, de ce fait, l’entité publique en charge de valoriser et traiter, est pour notre mouvement, le début de la solution de cette crise. Un exemple, le JAPON Les objectifs de recyclage et de réduction de déchets guident de plus en plus de politiques locales nippones. Ainsi, le village de Kamikatsu a par exemple atteint un taux de recyclage des déchets de 80 % en imposant des consignes de tri strictes, en mettant en place des systèmes de troc, des opérations de sensibilisation, des ateliers d‘upcycling, etc... Les retombées écologiques, mais aussi économiques et sociales observées, sont très positives. En effet, la loi japonaise fixe le rôle de chaque acteur : l’État et les collectivités locales ont ainsi pour responsabilité d’inciter les particuliers et entreprises à agir – notamment en leur fournissant les moyens de collecte, de tri et de recyclage adéquats – et de punir les comportements inadaptés. Tous les acteurs de la société se doivent d’optimiser le cycle des biens qu’ils consomment et de gérer de manière appropriée la fin de vie de ces derniers. Ainsi, deux principes coexistent dans la loi japonaise : Le principe, « Responsabilité Étendue du Producteur », selon lequel les producteurs portent un certain degré de responsabilité dans le recyclage et la gestion appropriée de leurs produits (même après que ces derniers aient été utilisés et éliminés), et celui d’une responsabilité incombant au générateur de déchets (y compris le consommateur) de les recycler et les éliminer de manière adéquate. C’est pour cela que les municipalités japonaises sont au cœur de la problématique de gestion des déchets. Elles formulent et mettent en œuvre les plans concrets de gestion des déchets sur leur territoire et ont la responsabilité de collecter, traiter et éliminer les déchets « municipaux » (par opposition aux déchets d’entreprises). Elles disposent donc d’une assez grande latitude dans la façon dont elles choisissent de gérer les déchets : cette gestion peut être soit directe (i.e. réalisée par les services municipaux), déléguée (i.e. confiée par la localité à un opérateur privé) ou « autorisée » (i.e. où la collectivité autorise des particuliers ou entreprises à contracter avec un opérateur privé pour la gestion de leurs déchets). Si il est difficile de comparer les municipalités japonaises et les nôtres, il convient simplement de les remplacer par nos « Intercommunalités ».     assemblea di corsica : u gruppu corsica libera Depuis des décennies dans les domaines de traitements de déchets, comme dans de nombreux autres, la Corse est en situation de sous-développement, qui est la résultante des politiques coloniales successives et de l‘incurie de ceux qui ont eu à gérer la Corse jusqu‘à 2015. Alors que le mouvement national a toujours été à la pointe en matière de propositions innovantes et de protection de l‘environnement, les tenants de la Corse française se complaisaient dans les politiques mortifères du tout enfouissement et de la gestion privée. La séance de l‘Assemblée de Corse du 26 février a permis de clarifier les positions des différents courants politiques sur ce sujet et de valider, par le vote, un choix assumé dans le domaine de la gestion des déchets. A cette occasion, les élus de la Corse étaient amenés à débattre du futur PTPGD, à savoir le Plan territorial de prévention et de gestion des déchets qui s‘imposera après adoption définitive aux intercommunalités, au Syvadec et aux opérateurs privés. Notons à ce sujet que la procédure d‘adoption de ce plan relève, pour reprendre l‘expression de Petru Antone TOMASI d‘une « bizarrerie institutionnelle ». Alors que les régions de droit commun maîtrisent la totalité du processus d‘élaboration du plan, en Corse, c‘est une commission spéciale composée en grande partie de représentants des intercommunalités ou du Syvadec qui élabore le projet de plan. Cela n‘est pas neutre et explique la surprise de nombreux militants à la lecture du projet de plan initial qui diffère grandement de nos options sur nombre d‘orientations. Durant le débat, après la présentation du rapport du Conseil Exécutif par François SARGENTINI, Petru Antone TOMASI, a défendu, au nom du groupe Corsica Libera, les fondamentaux de notre politique, à savoir : - La montée en puissance du tri à la source comme priorité absolue grâce, par exemple, au développement d‘une tarification incitative, voire comme l‘a proposé y compris un élu de l‘opposition (François-Xavier Ceccoli) une taxation de la production de déchets des personnes extérieures à la Corse. - Le refus sans ambiguïté de l‘incinérateur pour des raisons à la fois sanitaires, économiques, voire même, désormais, réglementaires. - La réaffirmation de la maîtrise publique des infrastructures de traitement et de transports (fret ferroviaire) des déchets pour parer toutes les velléités de mainmise dans un secteur extrêmement lucratif et donc extrêmement sensible. A cet égard, le Président du groupe a, en même temps qu‘il lui apportait publiquement son soutien suite à l‘incendie contre des engins de la Communautés de Communes de Lisula-Balagna, salué les annonces faites par Lionel MORTINI et notamment la création d‘un centre public de stockage des déchets inertes de petite capacité (20.000 t) adapté à son territoire. Cette expérience de centres équitablement répartis dans les territoires ayant vocation à se reproduire ailleurs : la délibération de l‘Assemblée de Corse acte un nombre pouvant aller de 4 à 5. - L‘inclusion au sein de la stratégie d‘usines de méthanisation, non pas dans une dimension industrielle (le projet de plan prévoyait un méthaniseur de 130.000 t), mais dans le cadre du traitement de biodéchets d‘origine végétale ou animale par exemple. - Enfin, la ligne de clivage avec une partie de l‘opposition a surtout porté sur le projet d‘usine de surtri porté par la CAPA (un autre projet pourrait voir le jour sur Monte). La majorité nationaliste a accepté le principe de ces usines pour accompagner la montée en puissance du tri et réduire les volumes destinés au stockage. Dans cet esprit, les tonnages que ces usines auront à traiter seront appelés à baisser chaque année au fur et à mesure que le tri augmentera. Or, le projet lancé par la CAPA (l‘appel d‘offres est publié) est complètement surdimensionné. Alors que la CAPA figure aujourd‘hui dans les derniers de la classe pour le tri (0% pour la collecte des biodéchets !), ce projet de centre de surtri confirme que la CAPA ne souhaite pas trier puisqu‘en 2030 80% des déchets de cette région seraient traités par cette usine ! Le Président du groupe Corsica Libera a donc dénoncé ce qu‘il considère comme « une insulte à l‘intelligence des Corses et à l‘intelligence de l‘Assemblée et de sa majorité ». Des Corses d‘abord parce que l‘on fait croire que la CAPA soutient le tri alors qu‘elle porte un projet dicté par la seule rentabilité économique qui va empêcher tout tri ! A la majorité, parce que le projet actuel de la CAPA est un reniement à la parole donnée et signée en 2016 (centre dimensionné sur les objectifs de tri, maîtrise publique). Les amendements portés et votés par l‘ensemble de la majorité lors de cette session permettent de verser à l‘enquête publique une vision claire de ce que doit être une gestion saine du traitement des déchets. Il reviendra devant l‘Assemblée de Corse pour une approbation définitive dans près de dix mois. MARE VIVU : UNE JEUNESSE à plein bouillon face au drame environnemental Fondée il y a quatre ans par deux amis corses en études à Paris, l’association Mare Vivu a une histoire peu conventionnelle dans le paysage environnemental insulaire. À commencer par deux parcours universitaires que rien ne lie à l’environnement, si ce n’est un attachement viscéral à leur île. C’est pour trouver des réponses face au constat de plus en plus accablant des scientifiques, tenter d’en comprendre les manifestations et se donner des moyens de réagir que cette association est née. Rien de très « écologiste » là-dedans. C’est une jeune association, portée par des jeunes, et au service des jeunes. Dans le seul souci de leur avenir. La démarche est donc à fois scientifique, pédagogique et engagée : sur le terrain, l’association mène des opérations de caractérisation scientifique en partenariat avec divers organismes de recherche (CNRS, Ifremer…), puis utilise dans la foulée ces données comme témoignages pour informer et sensibiliser le public, en redoublant d’effort et d’imagination pour toucher un maximum de monde possible. Historiquement l’association s’est beaucoup spécialisée sur la problématique de la pollution plastique, même si en réalité toutes les thématiques y passent : habitats marins, réchauffement climatique, espèces invasives… mais également sobriété numérique, expérimentations low-tech, zéro déchet… L’association se veut à la fois laboratoire et manifeste, outil d‘expérimentation et d‘expression, support d‘information et d‘action. Elle vise à questionner, décrypter et réformer « par la base » nos choix de société dans le seul souci d’assurer un avenir juste à cette jeune génération.   Biomédias : pollution sans précédent à la Marana Des dizaines de milliers de filtres plastiques disséminés sur la plage du lido de la Marana Un dimanche matin maussade, qu‘on pourrait croire ordinaire pour un jour de février. Et pourtant, malgré la météo pluvieuse, une petite centaine de personnes se sont rassemblées munies de gants et de filets, pour réagir face à une pollution sidérante. A perte de vue, la plage de sable fin est constellée de dizaines de milliers de petits camemberts en plastique, qui depuis plusieurs semaines se déversent en continu sur le lido de la Marana, puis désormais sur l’ensemble du littoral insulaire. Les biomédias (ou médias filtrants) sont de petits filtres circulaires en plastique utilisés depuis le début des années 2000 dans de nombreuses stations d‘épuration municipales ou industrielles (pisciculture, papeterie). Il en existe plusieurs types, de formes, tailles et couleurs différentes, en fonction de l‘usage du bassin et des eaux traitées. Leur rôle est de servir de support aux micro-organismes qui, en s‘y agglutinant, permettent de dégrader plus efficacement la matière organique pendant la phase de traitement biologique des eaux, améliorant ainsi le rendement de la station jusqu’à 30%. Malheureusement, plusieurs incidents peuvent conduire à ces cas de pollution : fortes pluies causant des débordements de bassins, opérations de maintenance, pannes techniques, ou tout simplement défauts de conception des installations, comme l’absence de grilles de rétention pour ces biomédias. Outre la catastrophe environnementale que ces incidents génèrent, les biomédias constituent un grave risque sanitaire car ils sont contaminés par de nombreux germes et bactéries contenus dans les eaux usées. Le bilan de la collecte organisée par Mare Vivu est glaçant : au total, quelques centaines de milliers de ces filtres ont été ramassés par les bénévoles, sur une portion de la Marana allant de l’embouchure de l’étang jusqu’à Pineto. Mais depuis lors, les signalements affluent de partout en Corse, et des milliers d’autres biomédias du même type sont retrouvés tout autour du littoral insulaire.
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