Cap’Articulu #167 : “ Galoppa cavallu sfrenatu…”

“ Galoppa cavallu sfrenatu Sì di populu natu È sta terra hè a toia. À galuppà, à galuppà Sin’à lampalli ind’u mar’ " Canta u Populu Corsu « Vous me parlez corse, ce n’est pas correct »: sta cacciata fatta ind’è un dibattitu puliticu da una candidata francese di u RN ci face vede à chì puntu ne simu ghjunti oghje in Corsica. A carnavalata contrastagione ch’ella hè stata st’ultima elezzione legislativa deve fà capì à tutti a necessità di definisce oghje più ch’è mai un corpu eletturale corsu, leghjittimu, chì pigli in contu a nostra realità di populu. È chì ci pirmetti di fà campà una vera demucrazia induve ognunu averà a pussibilità di sprime ciò ch’ellu pensa esse u megliu pè u bè cumunu; è duve i voti di i Corsi seranu infine rispettati, è appiecati. Ciò chì si passa ind’è noi s’assumiglia à ciò chì ghjustificheghja a rivolta attuale in Kanaky : a culunizazione di pupulamentu - è dinù di certi cerbelli tocchi da tamantu francisume - sò e piaghe cunnisciute di u culunialisimu. E nostre intervenzione à u livellu internaziunale diventanu tandu più ch’è necessarie da fà sapè à u mondu sanu ciò ch’è u Statu francese cuntinueghja à impone à lu nostru populu. A Francia ùn ricunnoscerà mai da per ella i diritti, o ancu puru l’esistenza, di u nostru populu. Tocc’à noi à cumpurtacci da populu in casa nostra, fendu fronte contr’à tutte e pratese straniere chì ci volenu poc’à pocu sottumette à i so usi, à e so legge chì ci lampanu fora d’ind’è noi, à e so scimità chì neganu a nostra cultura prufonda è a nostra prussimità di populu mediterraneu. Da a Kanaky à a Corsica, passendu da tutte l’altre culunie di un imperu anacronicu è dicadente, a ripressione è a viulenza di u Statu francese contr’à i nostri populi ùn puderà fà piantà e nostre lotte, e nostre brame di ghjustizia è di libertà. Al dilà di e so origine, tutti quelli chì sò sinceramente ligati da stu sintimentu naziunale, spartenu sta vuluntà irrimuvevule di fà campà u nostru populu, sola cumunità di dirittu in terra corsa, da una generazione à l’altra. U nostru destinu, ch’ella sia chjara pè tutti, ùn pò esse ch’è un destinu naziunale è corsu. È sempre c’impetteremu cù tutti quelli chì ci vuleranu impedì di prununzià parolle dolce cum’è Mamma, Babbu, Terra, Nazione in lingua nustrale. « Sin’à lampalli tutt’in mare »

Cap’Articulu #166 : Un projet national, contre la mise au pas de tout un peuple.

“ Ce dont la Corse a besoin, plus que jamais, c’est d’un mouvement national fort dans toutes ses composantes, ainsi que de contre-pouvoirs - dont l’Assemblée de Corse doit faire partie - qui s’opposent résolument au rouleau compresseur colonial par tous les moyens. " Comme le souligne un récent communiqué du mouvement NAZIONE, la volonté affichée par l’Etat français de mettre au pas toute la société corse n’aura jamais été aussi forte qu’en ce moment. Au-delà de la répression qui cible avec cynisme et brutalité les militants de la cause nationale, c’est aux liens de solidarité et à cette proximité, qui nous permet en réalité de faire la part des choses, que l’on s’attaque. En Corse, aujourd’hui, comme dans n’importe quelle colonie du 19ème siècle, l’Etat croit pouvoir tout se permettre. Des contrôles routiers de plus en plus agressifs, sur fond de propos racistes anti-Corses, à la bavure assassine, en passant par l’interpellation - à grand renfort médiatique - d’un homme d’église pour un simple contrôle fiscal, tout est fait pour « civiliser » notre « communauté ». Cette campagne qui ne dit pas son nom n’est possible qu’auprès d’une population anesthésiée par des discours de soumission et d’auto-flagellation permanente qui laissent la puissance tutélaire étrangère seule arbitre de nos problèmes de société. Ceux qui nient le fait colonial comme la dimension authentiquement nationale d’un combat de libération d’un demi-siècle, ceux qui appellent de leur vœux davantage de pouvoirs pour un appareil policier et politico-judiciaire dont l’action sera toujours dirigée contre les libres choix des Corses, ceux qui s’accommodent des miettes que leur réserve un système qui nie les droits fondamentaux - voire l’existence même - de leur propre peuple, tous ceux-là, sont objectivement partie prenante de cette démarche mortifère. Il est donc grand temps de sortir de la torpeur actuelle dans laquelle continuent de nous plonger de pseudo discussions qui, telles les lettres de Choiseul à Pasquale Paoli, ne font pour l’heure que détourner l’attention, pendant que les grandes manœuvres de « normalisation » se déploient contre nous, et ce que nous sommes depuis toujours; en fait, contre tout ce que nous avons le droit - et à ce jour l’impérieux devoir - d’être, au nom de la mémoire mais aussi, et surtout, de l’avenir. Aujourd’hui, la Corse n’a certainement pas besoin du programme commun d’une gauche française niant notre réalité de peuple et de nation, ni d’une approche « identitaire » calquée sur l’extrême droite bien française, elle aussi, et qui n’a rien à voir avec le nationalisme corse dont elle peut, paradoxalement mais par opportunisme, se réclamer. Pas plus qu’elle ne trouvera de salut dans l’action politicienne d’une droite, très française toujours, qui ouvre la voie à une « désanctuarisation » programmée de notre terre et au diktat des forces de l’argent qui dépossèdent chaque jour un peu plus les Corses dans leur propre pays. Non, ce dont la Corse a besoin, plus que jamais, c’est d’un mouvement national fort dans toutes ses composantes, ainsi que de contre-pouvoirs - dont l’Assemblée de Corse doit faire partie - qui s’opposent résolument au rouleau compresseur colonial par tous les moyens. Et qui porte un ambitieux projet national, véritable alternative à la dépendance qui nous ruine et nous détruit en tant que peuple, de moins en moins lentement, de plus en plus sûrement. NAZIONE sera l’instrument de cette stratégie assumée, et validée lors de son Assemblée Générale constitutive, car c’est là sa raison d’être.

#165 : L’avvene sì tù

La situation actuelle semble être marquée par une profonde confusion, dont on peut suspecter qu’elle soit savamment entretenue par des forces qui n’ont aucun intérêt à ce que la Corse se libère de la dépendance qui, chaque jour un peu plus, la tire vers l’abîme. Ce que l’on peut appeler le parti français, dans l’acception la plus large du terme, a perdu ses bases structurelles habituelles, et les partis politiques, qualifiés - de manière erronée - de « traditionnels », ne suffisent plus à endiguer l’essor d’une revendication nationale contre laquelle les armes de la répression, du mensonge et de la colonisation de peuplement sont réactivées en permanence, sur fond de pseudo discussions cadenassées, érigées en « processus historique ». Le parti français, donc, « parti de l’étranger » pour tout patriote corse qui se respecte, se redéploie sous d’autres formes, allant d’une des franges de l’ « autonomisme » dont le but reste d’ancrer définitivement la Corse dans le cadre de la République française jusqu’au régionalisme zémourien d’extrême droite se satisfaisant d’une « suzeraineté française » plaçant les Corses dans la position d’un « sous-peuple » voué à la mise sous tutelle. En n’oubliant pas les schémas importés d’une gauche bien française qui nient notre réalité nationale. Même si certaines de ces démarches s’en réclament, par pur souci politicien et électoraliste, il ne s’agit clairement pas ici de nationalisme corse. Mais bien de convergences qui lui sont directement opposées. Toutes les forces vives attachées à faire accomplir à la Corse son destin national l’ont bien compris. Au premier rang desquelles une jeunesse vilipendée, décriée, et régulièrement insultée par ceux qui, reprenant les arguments de la CFR de triste mémoire, la disent manipulée. Et la livrent aux chiens, en même temps que tous ceux qui se battent vraiment pour ce pays, en se félicitant des diverses tentatives de marginalisation qui les visent. Jusqu’à condamner tout geste de révolte légitime ou de résistance nationale, le décrivant comme une « violence politique » illégitime. En oubliant, au passage, la véritable violence que subit un peuple ravalé de manière infamante au rang de « communauté » dans son propre pays, un peuple qui, en terme de répression politique, a connu à peu près tout, jusqu’à l’assassinat. Mais cette jeunesse, fer de lance de la nation, qui n’attend d’ordres de personne, et qui a démontré sa maturité autant que sa détermination, est l’espoir de tout un peuple. Dans tous ses efforts pour étudier, travailler, lutter, elle sait bien qu’elle peut compter sur l’indéfectible soutien des forces authentiquement patriotiques. Lascia li dì o giuventù. Più ch’è mai l’avvene sì tù.

Cap’Articulu #164 : Nazione.

Après le succès de l’Assemblée Générale constitutive du 2 février dernier, où près de 700 militants ont porté sur ses fonts baptismaux le mouvement Nazione, la réponse de l’Etat français et de sa police politique ne s’est pas fait attendre. Au delà d’un élan de solidarité nationale qui, aussi important soit-il, est tout naturel, cette fois les exactions des soudards d’un « Etat de droit », qui consacre en fait les droits d’un Etat étranger à faire tout et n’importe quoi dans notre pays, ne sont pas passées inaperçues dans le reste du monde; notamment, dans des pays qui, régulièrement, reçoivent de la France des leçons concernant les « droits de l’Homme », pourtant régulièrement bafoués dans les dernières colonies de cet empire décadent et liberticide. Les messages de soutien, comme ceux exhortant l’Etat français à rectifier son attitude ont été nombreux et l’intérêt porté à la cause nationale corse va grandissant, justifiant pleinement la démarche de notre élue à l’Assemblée de Corse, Josepha Giacometti, qui, dès le 31 janvier dernier, déposait une motion intitulée : « Demande d‘inscription de la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser ». Examinée en Commission permanente le même jour, cette dernière a été renvoyée en commission des compétences législatives et réglementaires et en conférence des présidents. Les Corses ont tout intérêt à rester attentifs au devenir de cette motion qui pose la problématique actuelle dans les bons termes, et au niveau où elle doit l’être: le niveau international. À qui, au XXIe siècle, pourrait-on imposer, sans le faire légitimement réagir, d’être traité comme s’il n’était pas un être humain à part entière? Dès lors, quel peuple de la planète, aujourd’hui, accepterait d’être traité comme s’il n’en était pas un ? Quel degré d’indignité exige-t-on des Corses pour oser les soumettre à cette « ligne rouge »? Ceux qui, ici comme à Paris, continuent de nier ce fait colonial, refusant ainsi de reconnaître les droits nationaux d’un peuple multiséculaire, désarment ce dernier devant les agressions multiformes qu’il subit en permanence et qui, progressivement, mais de plus en plus rapidement, le ravalent au rang d’une communauté minoritaire, dépossédée, dans un pays qui n’est d’ores et déjà plus tout à fait le sien. De plus en plus nombreux, les Corses qui ont fait le constat de cette situation inacceptable et de la tartuferie d’un pseudo processus destiné à nous détourner définitivement de notre dessein national se sont réunis au sein d’une plateforme patriotique, d’un mouvement qui saura allier souplesse et efficacité pour créer les conditions d’une solution politique véritable. Son nom est aussi clair et facile que la respiration d’un peuple libre et pleinement souverain sur sa terre, il évoque tout à la fois ce que nous sommes depuis toujours dans notre réalité sociologique, culturelle, historique, en un mot humaine, et ce à quoi nous aspirons et qui nous permet de nous projeter dans l’avenir: Nazione.

Cap’Articulu da Eric Simoni di u #163

« Les usages français greffés sur ceux des Corses, plutôt que les ennoblir, les corrompent et exacerbent la plaie au lieu de la soigner »* Au delà de pseudo discussions en cours sur une éventuelle « autonomie » de la Corse, concept sans cesse revisité et, chaque jour un peu plus, vidé de contenu ou de portée réelle, il y a bien un processus en cours actuellement. Un processus de liquidation de toute revendication d’essence authentiquement nationale dans notre pays. La répression multiforme, qui va du fichage systématique de patriotes considérés comme des « terroristes », à des contraintes administratives et financières hors du commun infligées à de jeunes militants dont le seul tort a été d’exprimer leur sentiment de légitime révolte face à l’injustice, ne faiblit pas. Elle s’amplifie même en traitant des familles entières comme autant d’ « associations de malfaiteurs », et prépare, sans répit, de nouveaux coups tordus contre tous ceux qui ne se résigneront jamais à laisser leur peuple être condamné à un « destin français » de soumission perpétuelle. Parallèlement aux « lignes rouges » qui nient nos droits fondamentaux et jusqu’à notre existence même, des démarches d’enfumage politique et de déconstruction de l’idée nationale corse sont également à l’oeuvre, mais de manière plus insidieuse, participant à une confusion préjudiciable à l’indispensable cohésion nationale que requiert une véritable lutte de libération. Il en est ainsi de la négation du fait colonial, ou de la réduction d’une question nationale à une revendication exclusivement identitaire, ainsi que des nombreux schémas importés qui ont la prétention de faire le bonheur des peuples malgré eux. L’influence des partis français et de leur phraséologie manichéenne est ici prégnante, même lorsqu’elle est affublée des oripeaux d’un « corsisme » - voire d’un « nationalisme » - de circonstance (le plus souvent électorale); elle est aux antipodes des nuances de la pensée que permettent notre culture ancestrale et cette société de proximité qui fait tant horreur à la tutelle étrangère. Téléguidées ou pas, toutes ces manœuvres convergent et peuvent aboutir à une communautarisation de la société « à l’usu francese », avec des polémiques entretenues pour diviser le peuple sur fond de débats caricaturaux ou l’irrespect domine. La colonisation de peuplement effrénée que nous continuons à subir, accélérée et amplifiée par des dispositifs fiscaux et « économiques » de dépossession des Corses, aggrave singulièrement cette menace. Face à cela, sans doute parce que « là où est le danger grandit aussi ce qui sauve », le mouvement de libération nationale est en voie de renouvellement, de redéploiement, avec ses structures politiques, associatives, syndicales, sa jeunesse, et l’expérience des années de lutte qui ont permis de préserver l’essentiel: une conscience nationale inaltérable. Les réunions organisées sous l’égide de A Chjama Patriotta dans toute la Corse participent actuellement de cet élan nouveau qui permettra la mise en synergie de toutes les forces vives du pays au service de la seule ambition qui vaille: libérer la Corse, et permettre à notre peuple d’accomplir enfin son destin national. *Niccolò Tommaseo (1802-1874)

#162 : A chjama patriotta pè un destinu corsu è un avvene di libertà.

Le mois écoulé aura été marqué dans un premier temps par la visite du Président français en Corse. Comme prévu, il s’est agi d’un non évènement entérinant une démarche des « petits pas », dont certains, contre toute évidence, continuent à vanter les mérites. Sauf que ces petits « pas » là se résument en réalité à : « pas » de peuple corse, « pas »d’officialité de notre langue dans son propre pays, « pas » d’emploi pour les Corses sur leur terre, « pas » de possibilité pour notre peuple de préserver son patrimoine, en fait « pas » de peuple corse du tout. De « lignes rouges » réaffirmées en promesse d’un funeste destin de soumission, le processus d’ « accompagnement » d’un peuple ravalé au rang de « communauté » suivait donc son cours dans l’indifférence quasi générale d’un corps social anesthésié. Dans ce contexte, le réveil général opéré par les actions du FLNC, ainsi que les termes - laconiques mais on ne peut plus clairs - de leur revendication, n’est pas vraiment surprenant. Même si les calculs - aussi irresponsables que cyniques - de certains ont fini, le temps aidant, par leur faire penser que la volonté d’installer une paix durable réellement porteuse d’une solution politique pour la Corse et son peuple se confondrait avec l’acceptation de l’inacceptable. Aujourd’hui, la responsabilité de la situation dans laquelle nous nous trouvons incombe exclusivement à ceux qui à Paris ou en Corse ont manoeuvré honteusement pour étouffer l’idée nationale et tenté, une fois de plus, de marginaliser, voire de criminaliser, les patriotes qui la portent. Le succès de l’appel lancé par le collectif Patriotti atteste du fait que les Corses ne sont pas prêts à renier tout ce pourquoi ils se sont battus tout au long de leur Histoire, et, notamment ces dernières décennies. Les centaines de militants présents ce dimanche 15 octobre à Corti, par l’ampleur de leur participation et la nature de leurs échanges, ont démenti les quelques « analystes » - pas très bien attentionnés - qui s’évertuent à tenter de minimiser une démarche essentielle et salvatrice: non, il ne s’agit pas simplement de créer un enième parti nationaliste pour redonner du souffle à quelque structure existante; pas plus qu’il n’est question de vouloir bloquer un « processus », si tant est qu’il en existe vraiment un, susceptible d’apporter quoi que ce soit de positif à la Corse. En réalité, ce qui est en jeu ici, c’est la possibilité de faire converger tous les engagements, toutes les compétences, quel que soit leur terrain d’application, au service d’une action globale cohérente et d’une synergie efficace qui rendent incontournables nos aspirations nationales. Et qui instaurent enfin le seul rapport de force susceptible d’amener à de véritables négociations. Celles qui prendront réellement en considération la volonté d’un peuple sur sa terre, et par la même, les droits nationaux qui en découlent. A chjama patriotta hè stata intesa. Avà ci tocc’à tutti à falla rimbumbà ind’è a Corsica sana.

#161 : De l’international au national: pièges et convergences patriotiques.

Au delà de leur franc succès en terme d’affluence ou de densité des débats politiques et culturels, les dernières Ghjurnate Internaziunale ont, cette année encore, permis de délivrer un message d’importance capitale, en ces temps d’extrême confusion. Par delà la confrontation des expériences, toutes singulières, une idée générale forte, ancrée dans l’Histoire autant que dans l’avenir, s’affirme pour tous les peuples qui luttent pour leur souveraineté et l’exercice de l’ensemble de leurs droits nationaux : les mesures sectorielles, les autonomies au rabais, les contorsions constitutionnelles, et les pseudo concertations qui ne servent qu’à gagner du temps pour les uns, tout en en faisant perdre un maximum aux peuples pour qui il est compté, sont autant de pièges dont il faut savoir s’extraire. Partout dans le monde, d’ailleurs, la présence des anciennes grandes puissances coloniales, comme la France, est remis en cause. Les serviteurs zélés d’intérêts qui, au demeurant, sont souvent ceux des grandes firmes dictant leur conduite aux Etats, sont sur des sièges de plus en plus éjectables dans des pays que leurs tripatouillages ont conduits à la ruine ou à la guerre civile. En ce qui concerne la Corse et les autres nations non reconnues, ce qui prévaut est une attitude de mépris et de cynisme qui atteint son paroxysme par la négation de réalités humaines évidentes : « vous n’êtes pas un peuple, vous n’existez pas en tant que tel ». Voilà ce qui nous est asséné en permanence. Au delà de l’extrême violence du propos, ce « génocide administratif » permet de maintenir en place un système de dépendance qui aggrave chaque jour la situation de non développement et de dépossession qui est imposée aux Corses. Toutes les mesures structurantes qui pourraient nous permettre de vivre dignement de notre travail dans notre pays, d’envisager sereinement l’avenir de nos enfants, de nous projeter en tant qu’entité collective et solidaire nous sont interdites par des règles étrangères. Ces dernières, par exemple, favorisent la spéculation au détriment de la gestion saine et de la transmission du patrimoine acquis par le labeur; pourtant des solutions existent et elles ont été proposées depuis longtemps par Corsica Libera. Mais elles se heurtent, dans ce domaine comme dans tous les autres, au respect de lois et de règlements qui sont faits pour que nous n’existions pas. Ceux qui s’y réfèrent en permanence et refusent de remettre en cause ce système dans sa globalité, allant d’actes d’allégeance réitérés en signaux de soumission consentie, affaiblissent la Corse durablement. Alors qu’elle a besoin, au contraire, plus que jamais, de rassembler toutes ses forces, en particulier celles de la jeunesse, autour d’un projet national fédérant et libérateur. Tel est le sens de l’appel qui a été lancé le 6 Août dernier et de l’action politique menée dorénavant par toutes les forces patriotiques qui sauront converger pour œuvrer véritablement à l’avènement d’une Corse libre et souveraine.

#159 – Cap’Articulu : Dignité d’un peuple en lutte… et manœuvres dilatoires.

Depuis plus d’un an, à la suite de mobilisations survenues dans le terrible contexte que chacun connaît, se sont ouvertes des « discussions », préludes à un « processus » qui n’a, à ce jour, abouti qu’à la définition de « lignes rouges » de la part de l’Etat français. Faut-il rappeler que si ce cycle s’est enclenché, c’est uniquement parce que l’émotion suscitée par le sort fait à Yvan Colonna, mais aussi à son peuple depuis trop longtemps, a entraîné une lame de fond qui s’est déployée sur plusieurs semaines, et des manifestations de grande ampleur qui se sont déroulées dans la dignité, bien plus que dans le calme de la soumission permanente prônée en toute circonstance - et en toute inconséquence - par certains. C’est exclusivement à cette réactivité et à cette détermination de la société corse, et notamment de sa jeunesse, que l’on doit l’ouverture de ce que les médias ont nommé « processus de Beauvau ». Pourtant, à l’heure où sont rédigées ces quelques lignes, les représentants de la Corse, malgré des décennies de revendications plus que claires - et leur validation dans les urnes d’un système qui n’est pas celui d’une Corse un tant soit peu souveraine - sont invités à rédiger une énième copie. Cette dernière risque fort de rester lettre morte dans la mesure où la question éminemment politique de l’existence d’un peuple avec des droits sur sa terre, droits inaliénables et reconnus dans la Charte des Nations Unies, ne rentre aucunement dans la grille de lecture que Paris continue à vouloir imposer. Il serait pour le moins hasardeux pour les tenants de la Corse française - quelle que soit leur étiquette interchangeable du moment - de miser sur l’éviction des forces vives de notre pays, sans lesquelles il n’y aurait aujourd’hui aucun (faux?) semblant de discussion, ou sur la capacité estimée de quelque politicien à faire avaler des couleuvres au peuple. Au delà d’un projet politique et sociétal maintes fois développé par le mouvement de libération nationale, ou de la proposition en dix points de Corsica Libera popularisée lors des dernières Ghjurnate Internaziunale, les Corses dans leur grande majorité, indépendamment de leurs âges ou catégories sociales, savent qu’ils sont un peuple, et donc une nation. Si les grandes manoeuvres auxquelles nous assistons aujourd’hui ont pour principal objectif de n’en tenir aucun compte, alors le « processus » en cours, n’en doutons pas, risque vraiment d’avoir une portée « historique ». Mais certainement pas au sens où l’entendent les forces délétères qui ont choisi d’endormir la conscience nationale d’un peuple pour l’accompagner vers sa disparition programmée. « Chì lu populu di Cirnu, mai lu metteranu in fossa... »

Où sont les démocrates ? da Eric Simoni

Depuis des lustres nous n’entendons parler que de « démocratie » par les représentants officiels de l’Etat français et ceux qui, en Corse, s’en font les zélateurs. Pourtant, lorsque les orientations validées par les urnes - en consultant au demeurant un corps électoral qui va bien au delà du peuple réel de ce pays - sont régulièrement bafouées, où sont ces « démocrates »? Où sont-ils quand le sort, et la vie, de prisonniers politiques sont entre les mains de forces promptes à détourner les règles du droit pour assouvir une vengeance qui ne dit pas son nom? Où sont-ils quand des Corses sont interpellés, harcelés continuellement du fait de leur engagement public ou de leurs liens familiaux avec certains militants politiques? Comment justifient-ils que les droits de l’Homme soient à géométrie variable conférant à certains peuples le droit de s’ériger en nation, et le pouvoir de l’interdire à d’autres peuples? Comment expliquent-ils leur empressement à dénoncer le moindre geste de révolte d’une jeunesse, qu’ils n’hésitent pas à insulter et à qualifier de « manipulée », alors qu’ils sont les serviteurs d’un ordre étranger et violent à l’égard d’un peuple dont les aspirations à la souveraineté sont parfaitement légitimes? Pourquoi, et au nom de quels intérêts, défendent-ils l’application de règles étrangères au détriment de celles qui pourraient permettre de développer et faire prospérer notre nation? Sans limiter d’ailleurs le propos à la Corse, comment peut-on admettre, par exemple, que la dernière victoire électorale des indépendantistes polynésiens ne soit pas plus considérée, du coté de Paris et des médias français, étrangement silencieux sur le sujet, que le résultat d’une quelconque consultation locale? De vrais démocrates seraient enclins à tenir compte de la volonté d’un peuple dont le territoire a été réinscrit sur la liste des pays à décoloniser depuis dix ans, malgré des décennies d’obstruction française. De vrais démocrates ne se vautreraient pas dans l’imposture qui consiste à faire passer pour de la « non-violence » la soumission permanente à la violence du plus fort. De vrais démocrates défendraient bec et ongles la liberté de leur peuple et, plus généralement, le droit imprescriptible des peuples à disposer d’eux-mêmes. De vrais démocrates se battraient pour que chacun ait et garde le droit de dire haut et fort où vont ses soutiens humains, et politiques, sans être inquiété. Pour être fidèles à cette conception de la démocratie, les militants de Corsica Libera ont vu leurs locaux perquisitionnés, des responsables et membres de leur mouvement interpellés, leurs familles harcelées judiciairement. Pourtant ils ne font que relayer l’ardent désir de liberté et de paix réelle dont le mouvement de libération nationale dans son ensemble a toujours été porteur, et dont il s’est toujours efforcé de créer les conditions de la concrétisation. Alors, face à la situation critique dans laquelle se trouve aujourd’hui la Corse, et dans laquelle - sur le plan social, économique ou culturel - son peuple se débat, une question lancinante se pose: où sont vraiment les démocrates?

#157 – Cap’Articulu : Écueils et espoirs : les printemps d’un peuple

Il y a un an, le 21 mars, Yvan Colonna nous quittait, à l’orée d’un printemps dont il aurait sûrement souhaité qu’il fût celui du réveil, le réveil d’un peuple en qui il plaçait son éternelle confiance, son peuple. Pour ce combat auquel il a consacré sa vie, pour un avenir de dignité et de liberté, pour qu’éclate une vérité qui ne sera que le fruit de nos luttes, pour la libération de tous les patriotes, pour que tous les printemps deviennent ceux du peuple et de la nation corses enfin libres et souverains, les Corses savent qu’ils doivent rester plus que jamais mobilisés. Ils doivent également se rendre collectivement inaccessibles à toute forme de découragement; c’est ce qui fait la force d’un peuple, permettant de dépasser les limites de l’action individuelle, aussi courageuse soit-elle. C’est ce qu’il convient d’opposer en permanence à la violence institutionnelle d’un système étranger qui continue à nier jusqu’à l’existence de ce peuple, et qui, tout en éloignant chaque fois que possible la perspective de véritables négociations, poursuit ses manoeuvres visant à éradiquer toute forme de résistance nationale. Depuis les dernières arrestations de responsables et militants de Corsica Libera, dont le caractère tout aussi arbitraire que politique n’a échappé à personne, les manœuvres d’intimidation se poursuivent avec des interpellations qui touchent toute une jeunesse engagée, et des convocations tous azimuts ciblant notamment les compagnes ou mères de militants indépendantistes. Ainsi se poursuit une politique des otages que nous ne connaissons que trop, par ailleurs parfaitement illustrée aujourd’hui par le cas de Carlu Pieri qui ne connaît aucune évolution favorable malgré de graves problèmes de santé avérés et dûment constatés. La pression est maintenue en permanence sur une jeunesse dont on veut étouffer dans l’œuf tout esprit de juste révolte, et sur des familles entières. Non seulement ces choix délétères nous éloignent systématiquement d’une solution politique pérenne dont le mouvement de libération nationale avait été le seul à réunir jusqu’ici tous les ingrédients, mais, de plus, ils créent les conditions objectives pour que la seule voie de salut, et de respect de la démocratie réelle pour le peuple corse, ne soit celle d’un conflit auquel on avait pourtant toutes les possibilités de mettre un terme. Dans ce contexte, le redéploiement de certains moyens de lutte, répondant à la violence politique de l’Etat français et des relais locaux de sa stratégie funeste, apparaît comme la conséquence logique et inévitable d’une situation artificiellement entretenue. Ici, l’inconséquence et les calculs bassement politiciens, ainsi que les intérêts financiers immédiats liés à une spéculation débridée, convergent pour faire la part belle à une démarche de plus en plus agressive de mise au pas de toute la société corse, et notamment de ses forces les plus vives. La volonté manifeste de marginaliser et de criminaliser le courant indépendantiste procède de ces orientations néfastes, qui ne sont certes pas nouvelles, et qui seront tout aussi vaines que par le passé, car elles se heurteront toujours à la conscience nationale de tous les patriotes sincères. La période qui s’ouvre devant nous sera donc assurément, pour la Corse et les Corses, celle de tous les écueils, mais aussi celle de tous les espoirs, et de toutes les luttes, avec pour objectif principal, l’avènement d’une ère de paix véritable, celle d’un peuple libre dont les droits nationaux seront enfin respectés.
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