Où sont les démocrates ? da Eric Simoni

Depuis des lustres nous n’entendons parler que de « démocratie » par les représentants officiels de l’Etat français et ceux qui, en Corse, s’en font les zélateurs. Pourtant, lorsque les orientations validées par les urnes – en consultant au demeurant un corps électoral qui va bien au delà du peuple réel de ce pays – sont régulièrement bafouées, où sont ces « démocrates »?

Où sont-ils quand le sort, et la vie, de prisonniers politiques sont entre les mains de forces promptes à détourner les règles du droit pour assouvir une vengeance qui ne dit pas son nom? Où sont-ils quand des Corses sont interpellés, harcelés continuellement du fait de leur engagement public ou de leurs liens familiaux avec certains militants politiques?

Comment justifient-ils que les droits de l’Homme soient à géométrie variable conférant à certains peuples le droit de s’ériger en nation, et le pouvoir de l’interdire à d’autres peuples?

Comment expliquent-ils leur empressement à dénoncer le moindre geste de révolte d’une jeunesse, qu’ils n’hésitent pas à insulter et à qualifier de « manipulée », alors qu’ils sont les serviteurs d’un ordre étranger et violent à l’égard d’un peuple dont les aspirations à la souveraineté sont parfaitement légitimes?

Pourquoi, et au nom de quels intérêts, défendent-ils l’application de règles étrangères au détriment de celles qui pourraient permettre de développer et faire prospérer notre nation?

Sans limiter d’ailleurs le propos à la Corse, comment peut-on admettre, par exemple, que la dernière victoire électorale des indépendantistes polynésiens ne soit pas plus considérée, du coté de Paris et des médias français, étrangement silencieux sur le sujet, que le résultat d’une quelconque consultation locale? De vrais démocrates seraient enclins à tenir compte de la volonté d’un peuple dont le territoire a été réinscrit sur la liste des pays à décoloniser depuis dix ans, malgré des décennies d’obstruction française.

De vrais démocrates ne se vautreraient pas dans l’imposture qui consiste à faire passer pour de la « non-violence » la soumission permanente à la violence du plus fort.

De vrais démocrates défendraient bec et ongles la liberté de leur peuple et, plus généralement, le droit imprescriptible des peuples à disposer d’eux-mêmes.

De vrais démocrates se battraient pour que chacun ait et garde le droit de dire haut et fort où vont ses soutiens humains, et politiques, sans être inquiété.

Pour être fidèles à cette conception de la démocratie, les militants de Corsica Libera ont vu leurs locaux perquisitionnés, des responsables et membres de leur mouvement interpellés, leurs familles harcelées judiciairement.

Pourtant ils ne font que relayer l’ardent désir de liberté et de paix réelle dont le mouvement de libération nationale dans son ensemble a toujours été porteur, et dont il s’est toujours efforcé de créer les conditions de la concrétisation.

Alors, face à la situation critique dans laquelle se trouve aujourd’hui la Corse, et dans laquelle – sur le plan social, économique ou culturel – son peuple se débat, une question lancinante se pose: où sont vraiment les démocrates?

Leave a comment