Affaire Alessandri, Colonna, Ferrandi : Délibérer, et après ?

« Mettre en œuvre tout ce dont la Corse dispose de moyens de lutte, depuis la désobéissance civile et institutionnelle jusqu’à la mobilisation populaire. » L’Assemblée de Corse a une nouvelle fois délibéré au sujet du sort fait aux orses condamnés dans l’affaire Erignac. Elle l’a fait de façon solennelle, en présence des anciens présidents de l’Assemblée de Corse. Dès l’instant où l’on était sollicité pour soutenir une nouvelle démarche visant à obtenir justice, l’hésitation n’était pas de mise. Pour tout Corse, apporter son soutien à des compatriotes en butte à un inqualifiable acharnement est une chose naturelle. Toutefois, cette nouvelle délibération nous a-t-elle permis d’avancer ? Si elle n’était pas enfin le signal d’une mobilisation constitutive d’un vrai rapport de force, il serait malheureusement permis d’en douter. Pourquoi, en effet, les dirigeants français seraient-ils plus sensibles à cette expression du fait démocratique qu’il ne l’ont été par le passé ? D’autant que s’agissant de la levée du statut de « détenu particulièrement signalé », des assurances nous avaient été données lors des entretiens que nous avions eus, le président du Conseil exécutif et moi-même, avec le président de la République française, puis avec le garde des sceaux. Des engagements honteusement reniés, ce qui n’est malheureusement pas rare, en la matière comme en d’autres. La question des prisonniers n’est évidemment pas indépendante du problème politique général. Elle en est même le cœur symbolique. La vérité, c’est que les dirigeants parisiens méprisent les élus insulaires et qu’ils ne le cachent même plus désormais. La présidente de l’Assemblée de Corse, Madame Maupertuis, en faisait d’ailleurs, lucidement, le triste constat : « La façon dont on traite la représentation démocratique en Corse est très singulière et ne laisse pas présager un échange fructueux » (Corse-Matin du 29 octobre). Le même jour, même s’il fut moins explicite, le président du Conseil exécutif ne cachait pas sa déception suite à ses déplacements à Paris. Face à ce mépris ouvertement affiché, que faire ? Y répondre par de nouvelles délibérations et de nouveaux voyages à Canossa reviendrait à accepter l’abaissement des institutions corses, et donc de la Corse. La seule attitude qui nous semble digne et conforme aux nécessités de l’heure serait de relever le défi qui nous est lancé et de mettre en œuvre tout ce dont la Corse dispose de moyens de lutte, depuis la désobéissance civile et institutionnelle jusqu’à la mobilisation populaire. Si la majorité autonomiste actuellement aux responsabilités décidait d’opter pour une telle attitude, elle ne bénéficierait peut-être pas d’une nouvelle unanimité à l’Assemblée de Corse. Elle aurait en revanche, à n’en pas douter, le soutien de l’ensemble du mouvement national. Il lui faut à présent choisir entre le consensus émollient et la fermeté, entre l’humiliation et la dignité. Jean-Guy Talamoni

#142 di Nuvembre : Da leghje !

U Ribombu #142 di Nuvembre ! ➡️Cartulare : I prighjuneri pulitichi - L'ora di l'unità : Unità strategica - Interviste è Discorsu   🏫Sucetà - Rejet des modèles imposés : une voie corse pour la démocratie   ✊Ghjuventù Libera - Tourisme de masse et problèmes de société :La voix de la jeunesse, la voie de la nation   🌍Internaziunale - Référendum en Kanaky : L‘appel au boycott du FLNKS-Officiel   🎤Cultura - Petru Guelfucci : A voce di a Corsica s‘hè spenta   - - - www.uribombu.corsica https://uribombu.corsica/produit/

Da vene : U Ribombu #142 di Nuvembre !

➡️Cartulare : I prighjuneri pulitichi - L'ora di l'unità : Unità strategica - Interviste è Discorsu   🏫Sucetà - Rejet des modèles imposés : une voie corse pour la démocratie   ✊Ghjuventù Libera - Tourisme de masse et problèmes de société :La voix de la jeunesse, la voie de la nation   🌍Internaziunale - Référendum en Kanaky : L‘appel au boycott du FLNKS-Officiel   🎤Cultura - Petru Guelfucci : A voce di a Corsica s‘hè spenta   - - - www.uribombu.corsica

“Question de légitimité” da Jean-Guy Talamoni

L’intervention du FLNC dans le débat public, par deux fois ces dernières semaines, a été largement commentée. Sur un plan purement pratique, dans la lourde affaire d’urbanisme de Capu di Fenu, force est de constater que l’action des clandestins a eu pour effet de sortir de leur torpeur les autorités administratives et judiciaires françaises. Celles-ci, se souvenant brusquement qu’elles ont théoriquement la charge de faire appliquer leurs règles de droit, ont annoncé qu’elles allaient se préoccuper de la question. Même si on peut le regretter, on constate que les délibérations unanimes de l’Assemblée de Corse n’ont jamais eu un tel effet. « En même temps », comme dirait quelqu’un, on ne manque pas d’activer les habituels moyens répressifs à travers l’ouverture d’une enquête par le parquet dit « antiterroriste ». De façon plus générale, l’analyse publiée par les clandestins n’a pas donné lieu à polémique, étant difficilement contestable s’agissant du fond politique. Nous ne nous livrerons pas ici à une exégèse des deux communiqués et encore moins à un commentaire sur la reprise des activités militaires, laquelle relève de l’appréciation du seul FLNC. Se trouvant en première ligne, ses militants ont certainement davantage besoin de solidarité que de conseils. En revanche, nous évoquerons la question de la légitimité. Dans une situation normale, dans un pays où le fait démocratique est respecté et où les droits nationaux sont librement exercés par le peuple, le suffrage universel constitue évidemment la source principale de légitimité. Le contexte historique corse est tout autre : depuis des dizaines d’années, les quelques avancées concédées par Paris ne l’ont été que sous l’effet du rapport de force établi par la lutte clandestine. « Depuis des dizaines d’années, les quelques avancées concédées par Paris ne l’ont été que sous l’effet du rapport de force établi par la lutte clandestine.» En effet, les quelques tentatives électorales des autonomistes dans les années 1970 s’étaient traduites par des échecs retentissants, et souvent humiliants du fait de la puissance et de l’arrogance des élus d’alors. Ces derniers réalisaient régulièrement des résultats écrasants, amplifiés du reste par la fraude. Seule la lutte la plus ferme a permis de changer les choses : Si le Riacquistu des années 70 avait été désarmé, il aurait été considéré par Paris comme l’ultime soubresaut folklorique d’une identité condamnée. C’est cette lutte de quatre décennies qui a permis au peuple corse de demeurer une réalité vivante et aux nationalistes, dans leur diversité, de voir leur audience s’accroître y compris sur le terrain électoral. Sauf à être de la plus parfaite mauvaise foi, chacun ne peut que reconnaître que sans le combat clandestin il n’aurait pas même été question d’un statut particulier. À ceux qui ont la mémoire courte, il suffit de relire les comptes rendus des débats parlementaires de 1982 pour s’en souvenir. Aussi, il ne serait pas honnête – intellectuellement et politiquement – de considérer que les élus actuels ne tiennent leur mandat que de la dernière élection. Sans la décision du FLNC en date de juin 2014, il n’y aurait pas eu l’union qui permit la victoire de décembre 2015, ainsi que les résultats électoraux enregistrés depuis. Mais si l’on remonte plus loin, on est bien obligé d’admettre que sans l’action du FLNC, il n’y aurait aujourd’hui ni Assemblée de Corse ni Conseil exécutif. La légitimité électorale actuelle est née d’une situation créée par d’autres moyens que les élections. C’est ce que le FLNC a rappelé en s’invitant dans le débat : dans un pays comme le nôtre qui a connu des dizaines d’années de luttes et de sacrifices, il existe une autre forme de légitimité, une légitimité première, celle dont il est le détenteur. Jean-Guy Talamoni « La légitimité électorale actuelle est née d’une situation créée par d’autres moyens que les élections. C’est ce que le FLNC a rappelé en s’invitant dans le débat : dans un pays comme le nôtre qui a connu des dizaines d’années de luttes et de sacrifices, il existe une autre forme de légitimité, une légitimité première, celle dont il est le détenteur. »

#141 : Hè dispunibile !

U Ribombu #141 d'Ottobre ! Da leghje : - Corsica Libera : L'ora d'avanzà versu a Liberazione di stu paese - Ritornu nant'à a Ghjurnata Internaziunale è tutti i dibattiti - "Question de légitimité" da Jean-Guy Talamoni FLNC : Communiqué Internaziunale Procès Carles Puigdemont : Délégation Corsica Libera présente à Sassari https://uribombu.corsica/produit/

Cap’Articulu d’Eric Simoni : Ottobre d’u 2021

AVANZÀ, SEMPRE ! Comme en 2020, cette année encore, du fait des contraintes liées à la crise sanitaire, Corsica Libera n’a pu tenir ses Ghjurnate Internaziunale di Corti. Malgré tout, le mouvement, poursuivant ses échanges internationaux dans une situation en pleine évolution, et ayant un message important à délivrer au plan national, ne pouvait se passer d’une participation sous un format qui puisse répondre aux impératifs du moment. Ce fut chose faite, grâce à de nouveaux moyens techniques et à l’engagement d’intervenants de qualité autant que des militants impliqués dans l’organisation d’un évènement réussi, et qui aura sûrement des prolongements concrets. D’autant plus, qu’au delà du format présentiel forcément restreint, la diffusion sur les réseaux sociaux et les visio-conférences avec d’éminents représentants étrangers ont touché, selon les statistiques officielles, plus de 80000 personnes. Du débat du matin sur la création d’un Centre Hospitalier Universitaire, couvert par notre journal, à la conclusion politique de Corsica Libera en fin d’après midi, le programme était dense : thématique du rôle de la jeunesse au sein de la Lutte de Libération Nationale, solidarité face à la répression politique, abord pragmatique des questions internationales avec les peuples en lutte, dont il faut saluer l’engagement constant à nos côtés, et qui ont tenu à participer à cette journée grâce à une technologie à distance, ici parfaitement maîtrisée. Au delà d’un contenu, dont on mesure l’importance, de nombreux observateurs ont signalé qu’à cette occasion Corsica Libera « renouait avec ses fondamentaux ». En fait, il ne faut pas voir là un quelconque retour nostalgique vers le passé, mais, bien au contraire, l’expression réaffirmée, pour ce courant qui vient de loin, de jouer, comme il l’a toujours fait, le rôle de précurseur, de laboratoire d’idées et, surtout, de solutions pérennes pour la Corse et son peuple. Avec toutes les actions, toutes les mobilisations et les combats politiques que cela implique. La légitimité historique, l’expérience des luttes menées, la capacité permanente au renouvellement et à la transmission fondent le socle inébranlable sur lequel bâtir un avenir de conquête - et non de reniement - de tous nos droits nationaux. Avancer, toujours. Même difficilement, car la voie de la facilité est rarement celle des vraies victoires. Au final, ne rien céder. Ce qui est, en fait, fondamental, c’est de doter le peuple corse d’outils inoxydables, inaltérables, résistants aux effets de mode, aux effets du temps comme à ceux de politiques trop politiciennes, aptes à traverser toutes les épreuves, à se renouveler, à se réinventer sans cesse, au service de la seule cause qui vaille: l’avènement d’une nation libre et indépendante, capable de tisser des liens de coopérations librement consentis au service de son développement et de ses véritables intérêts économiques notamment, afin d’assurer un avenir de paix et de prospérité à son peuple. Cette réaffirmation de toutes nos solidarités et de cette ambition pour notre pays, ouvre un champ immense où toutes les conditions doivent être réunies pour permettre la convergence des forces vives de la nation à libérer et à construire. La prochaine Assemblée Générale de Corsica Libera sera, à cet égard, un moment clé de ce redéploiement et de ce nouvel essor.

#141 d’Ottobre : Da esce !

DA ESCE : U Ribombu #141 d'Ottobre ! Da leghje : - Corsica Libera : L'ora d'avanzà versu a Liberazione di stu paese - Ritornu nant'à a Ghjurnata Internaziunale è tutti i dibattiti - "Question de légitimité" da Jean-Guy Talamoni FLNC : Communiqué Internaziunale Procès Carles Puigdemont : Délégation Corsica Libera présente à Sassari

#140 di Sittembre hè in linea !

U Ribombu Internaziunale #140 di Sittembre d'u 2021 ! Da leghje : FLNC : "Le FLNC n'a pas vocation à abandonner la lutte" Ghjurnate Internaziunale u 18 di Sittembre Jean-Guy Talamoni : De nouvelles pages à écrire Ghjuventù Libera : Rientrata pulitica Internaziunale : L'Afghanistan, chronique d'une débâcle annoncée https://uribombu.corsica/produit/ – – – www.uribombu.corsica

Cap’Articulu d’Eric Simoni : Sittembre d’u 2021

Une rentrée sur fond d’inquiétude, des combats qui s’imposent.   La rentrée de septembre, à l’aune d’une crise sanitaire qui n’en finit plus, sera donc à nouveau marquée par l’incertitude et l’inquiétude des parents et des élèves, des professionnels dont l’activité a été entravée, voire précarisée, des Corses en général qui continuent, au delà de ce contexte particulier, à se voir privés du pouvoir décisionnel qui leur permettrait de sortir leur pays de l’ornière où le maintiennent des liens de dépendance mortifères.   Car, si l’indépendance est une idée téméraire pour certains de nos compatriotes qui n’en ont pas encore saisi toute la dimension moderne et pragmatique, la dépendance, elle, continue de nous tuer à petit feu : économiquement, en sacrifiant le vrai développement sur l’autel de quelques intérêts spéculatifs; socialement, en continuant, par des logiques étrangères aux intérêts des corses, à paupériser et exclure des pans entiers de notre peuple; démographiquement, en privilégiant l’arrivée massive de non Corses, à des postes d’encadrement notamment, répondant à un mécanisme de colonisation de peuplement bien connu; culturellement, enfin, ce dernier point étant étroitement associé aux précédents.   Les mesures qui permettraient de changer la donne et d’assurer l’avenir de notre peuple sur sa terre passent par des dévolutions conséquentes de pouvoir dont l’aboutissement logique ne peut être qu’une souveraineté pleine et entière.   Statut fiscal et social, pouvoir législatif, maîtrise des décisions en matière de Santé Publique, d’Education et d’aménagement du territoire, sont autant de batailles à mener, inlassablement, en cherchant à installer dans le paysage, à la mesure des moyens et des marges de manœuvres actuelles, des réalisations qui tirent toujours dans le même sens. Et qui s’inscrivent dans des logiques tournant résolument le dos à la création de liens de dépendance induits.   La création d’un Centre Hospitalier Universitaire multi-sites, les mesures permettant de lutter contre la cherté de la vie, l’arrêt des projets contraires au développement durable et la prise en compte concrète des urgences écologique et climatique sont les combats qui, aujourd’hui, s’imposent à nous; tout comme hier celui en faveur d’une Université que personne ne songerait à remettre en question, mais qui, à une certaine époque, suscitait beaucoup de réticences, voire une hostilité franche, tant la colonisation des esprits est toujours le premier frein à toute évolution positive.   Les contacts internationaux que nous avons toujours privilégiés nous offrent à cet égard des opportunités qu’il faudra saisir. Pas seulement parce que de la Kanaky à l’Ecosse, en passant par la Catalogne ou l’Euskadi, l’indépendance est de plus en plus à l’ordre de jours meilleurs, mais parce qu’elle s’imposera bientôt comme la seule alternative crédible dans un monde où l’existence des vieux empires coloniaux ne peut plus trouver aucune fausse justification pour se pérenniser.   Dans ce monde à venir, l’indépendance des nations réelles est la seule garantie de paix, de développement, et d’interdépendances harmonieuses, car librement consenties et pleinement maîtrisées, à laquelle on peut croire.   Ce mouvement général continuera à se heurter aux obstacles que de puissants intérêts particuliers, et souvent transnationaux, mettront en travers de sa route.   Mais les Corses, pour leur salut, ne sauraient rater le train d’une Histoire qui elle, est véritablement, inéluctablement, en marche.

Tempi d‘elezzione in Corsica : Quandu paglietta facia vutà per Pasquale Paoli

I 13 è 14 marzu 1838, vutavanu in Corsica per eleghje dui deputati, unu in Aiacciu, unu in Bastia. I dui candidati in Bastia eranu Ghjiseppu Limperani è Saveriu Casabianca. Limperani era u nipote di u generale Oraziu Sebastiani chì, cù a monarchia stabilita à u mese di lugliu 1830 era diventatu u padrone di a diplumazia francese è di a pulitica corsa. “ La famille Sebastiani - hà scrittu Saveriu Versini in u so libru : “ La vie quotidienne en Corse au temps de Mérimée ” - installe alors dans l’île une domination qui va durer autant que Louis-Philippe. Horace est ministre des Affaires étrangères ; il sera jusqu’à la fin un familier des Tuileries. C’est un atout considérable dans un pays où chacun contemple le ciel en espérant le bienfait de la pluie. Il est le chef du bon clan et le dispensateur de toutes les grâces. “ Il faisait mouvoir à son gré, dit un contemporain, les autorités locales, depuis le préfet jusqu’aux gardes champêtres ”. Par un étrange paradoxe, c’est cette espèce d’absolutisme qui va ranimer l’opposition, l’octroi d’une faveur faisant aussitôt dix mécontents. Il faut dire que la notion de parti est, en Corse, extrêmement floue. L’engagement de chacun est fondé sur les rapports de famille ou les services rendus. Les élections ne sont que des querelles de personnes, aujourd’hui dans un sens, demain dans un autre, et dans un collège de 150 électeurs, une addition de mécontents peut ébranler une majorité ”. D’ issi elettori, una canzona dicia : “ Voltanu cum’è lu granu Quandu hè nentru à lu cernigliu ”. L’elezzione durava dui ghjorni : u primu si vutava per custituì u scagnu, u secondu per fà u deputatu. Dunque, u primu ghjornu era impurtante quant’è u secondu sì i dui candidati eranu à tocca tocca. Ghjiseppu Limperani era statu elettu in u 1831 è u 1834. E’ po ci eranu state l’elezzioni di u 18 nuvembre 1837 chì meritanu di esse conte. L’oppusizione avia decisu di prisentà contru à Limperani u deputatu di u Vaucluse, Mottet, Mottet chì ghjera statu procuratore generale in Bastia da u 1833 à u 1836. U scagnu pruvisoriu, cù i dui più giovani è i dui più vechji elettori, era direttu di Montera, presidente di u tribunale di Bastia. A prima uperazione cunsistia à eleghje u scagnu definitivu. L’affare devia da esse fattu avanti 3 ore. A’ 3 ore, i partitanti di Mottet, chì sentianu ch’elli avianu a vittoria, caccianu i rillogi è dumandanu di fà spogliu. Montera dice ch’ellu ùn hà micca intesu sunà l’ora à u rillogiu di u campanile, è ricusa. In più bella, bisbigliu à a porta. Entre u cunsiglieru Stefanini, amicu di Limperani, è dumanda chì diciottu elettori, chì ghjeranu stati cacciati da e liste in u 1836, sianu addimessi à vutà. A scusa era chì u prefettu ùn li avia mai nutificatu a decisione, è chì venianu di fà appellu. I diciottu eranu pronti à ghjurà u falzu. E’ trà di elli ci era un procuratore (quellu di Calvi), un ghjudice d’istruzzione, è un capitanu di gendarmeria. Tutti i gendarmi di u circundariu di Bastia è Balagna eranu stati mubilizati per fà ghjunghje e richieste in Bastia avanti a chjuditura di u scagnu. Per esse più sicuri, u sottuprefettu avia fattu ritardà di duie ore u rillogiu di a cità. U prefettu chì sapia purtantu chì u tempu per fà appellu era scadutu, ùn si stusgiava. I diciottu elettori privi in 36 votanu, è Limperani hè elettu presidente di u scagnu definitivu pè u lindumane. Malgradu quessa, Limperani ùn hè micca sicuru di esse elettu deputatu. Allora, indì a nuttata, decidenu di prisentà, contru à Mottet, à Oraziu Sebastiani, chì ghjera dinù candidatu in Aiacciu. U lindumane, 19 nuvembre, Sebastiani hè elettu in Aiacciu è in Bastia. Hè certa chì l’elezzione fù attaccata, ma ùn servia à nunda, postu chì Sebastiani avia sceltu di riprisentà u circundariu di Aiacciu, è quellu di Bastia si truvava senza deputatu. Ci vole à ricunnosce chì l’imaginazione di i puliticanti corsi ùn avia limite. Ne avemu torna a prova trè mesi dopu, quandu, di marzu 1838, voltanu l’elezzioni. Tandu, Mottet ùn pudia più esse candidatu. A legge dicia chì, quandu un dipartimentu avia dui deputati, unu almenu devia avè a so residenza in u dipartimentu. E’ a residenza di Oraziu Sebastiani, deputatu d’Aiacciu, ùn era micca a Corsica, ma Vervins, in u dipartimentu di L’Aisne. L’oppusizione decide dunque di prisentà, contru à Limperani, à Saveriu Casabianca. U 13 marzu, votanu pè a presidenza di u scagnu. U candidatu di u partitu guvernamentale hè Ghjiseppu Limperani, quellu di l’oppusizione hè u cunsiglieru Arrighi. E’ Arrighi hè elettu cù 82 voti contru à 74. U lindumane, 14 marzu, avianu da fà u deputatu. I dui canditati avianu fattu i so conti. L’elettori scritti eranu 156. A maggiurità assuluta di a medità più unu era dunque di 79. Limperani avia 76 elettori. Li ne mancava 3. Casabianca ne avia 74. Li ne mancava 5. 76 più 74 facenu 150. 156 menu 150 facenu 6. U risultatu dipendia di issi 6 elettori. Unu era Gentile di San Fiurenzu, di u partitu di Casabianca. Ma a figliola venia di maritassi cù u figliolu di u sottuprefettu, è avia decisu di lampà un bigliettu cù a scritta “ ni l’un ni l’autre ”. Restavanu 5 elettori, è di issi 5 ne dispunia u vechju avucatu curtinese Francescu Gaffori, dettu Paglietta. Paglietta ne vulia à i Sebastiani chì pruteggianu u so nimicu, u barone Mariani, sottuprefettu di Corti. Ma ne vulia dinù à Casabianca chì, ellu dinù, avia difesu, in tribunale, i interessi di Mariani contru à i soi. A’ 2 ore dopu meziornu, tutti l’elettori avianu vutatu. Facenu u spogliu. I dui candidati ùn anu micca i 79 voti necessarii per esse eletti. Limperani ne avia 78 (frà tempu avia acquistatu dui elettori di quelli di Casabianca prumettenduli di falli ghjudici di pace). Gentile avia vutatu “ ni l’un ni l’autre ” cum’è ella era prevista. I cinque elettori di Paglietta avianu datu i so voti à u cunsiglieru Arrighi, chì ùn era candidatu. Ci vulia torna à vutà u lindumane. In a nuttata, u prefettu, Jourdan du Var, và à truvà à Paglietta cù a speranza di svultulallu. Ma quellu era in inchjuccutu, i dinù, un burlone. Disse : O sgiò Prefettu, eiu vi prupongu un terzu candidatu, u meiu. Vutemu tutti per ellu. U prefettu fù tunatu quandu ellu intese u nome di u candidatu di Paglietta. Avemu parlatu prima di l’imaginazione di i puliticanti corsi. Paglietta, imaginazione ne avia più chè nimu. Prupunì di fà vutà per un omu mortu 31 annu nanzu, è issu omu era… Pasquale Paoli. U prefettu fece valè chì i Corsi avianu da esse à a rasi, è chì ghjera una insulta pè a Camera di i deputati. “ Ces graves objections - hà contu più tardi Casabianca - n’ébranlèrent pas Paglietta , enchanté d’imposer ses caprices au gouvernement et aux électeurs. Il persista dans sa résolution et le malheureux M. Jourdan, forcé d’opter entre la défaite de son candidat et ce triste expédient, se résigna à le subir… Le lendemain, 15 mars 1838, on vit 40 électeurs rassemblés à la sous-préfecture, ayant pour guide le sous-préfet lui-même, et 40 autres sous la conduite de MM. Gavini et Gregori, aller dans une touchante union déposer au Collège 80 bulletins, portant le nom de Pascal Paoli, décédé à Londres depuis une trentaine d’années ”. Fù una elezzione per nunda. Ci volse à vutà una terza volta. A terza elezzione si fece dui mesi dopu, u 14 ghjugnu. In l’oppusizione, Saveriu Casabianca avia rinunciatu à prisentassi. Ghjuvan Carlu Gregori, cunsiglieru à a Corte d’appellu di Liò, ùn si era mossu. Antone Gavini avia vultatu di partitu, chì u fratellu era statu sottuprefettu. Limperani fù elettu cù 82 voti contru à 74 à u cunsiglieru Arrighi. Limperani avia distribuitu unipochi di biglietti à chjave. Nantu ci era scrittu : “Monsieur Limperani, magistrat intègre”, “Monsieur Limperani, ami chaleureux”, Monsieur Limperani zélé défenseur des intérêts du pays”, ecc. Era un casu di annullazione, ma, subitu dopu à u spogliu, issi biglietti sò stati brusgiati, è prove ùn ci ne era più. Trentasette elettori attacconu quantunque l’elezzione dicendu chì i Sebastiani cumandavanu tutte l’amministrazioni è chì parechji Corsi eranu ubligati di sottumettesi à e so vuluntà è fantasie. Quandu l’affare passò à a Camera di i deputati, Limperani cullò in tribuna : “ Depuis dix ans, il n’y a pas eu une seule élection où Monsieur le Premier Président de la Cour royale ne se soit présenté pour soutenir des intérêts et opinions contraires aux nôtres. Il est à présumer qu’il ne nous a pas prêté son appui… A côté du Premier Président, se trouve un Procureur général. Celui-ci, étranger au pays et magistrat amovible, pouvait être un très utile auxiliaire du pouvoir, et cependant le pouvoir n’a pas eu d’adversaire plus actif. On l’a vu faire cause commune avec tous les partis qui se réunissaient pour combattre le candidat de la majorité, prendre part à leurs banquets, publier des circulaires, solliciter des suffrages et s’aventurer jusqu’à traduire devant les Assises, au moment des élections, un journal du pays qui professait une autre opinion, et le traduire pour un fait dont il a dû, par la suite, abandonner l’accusation… Où donc est la puissance qui est venue à notre secours et dont nous avons si scandaleusement abusé ? Que l’on place le Premier Président de la Cour royale, le procureur général, l’évêque dans les rangs de nos adversaires, que nous reste-t-il ? Le Préfet. Oui, sans doute, M. le préfet de la Corse a cru devoir appuyer de son influence légale un candidat qui ne passait pas pour être un ennemi du gouvernement. Mais, en présence de tant de fonctionnaires qui s’évertuaient à combattre cette candidature, quelle pouvait être son autorité ? Elle ne fut même pas suffisante pour engager le directeur des Douanes à prêter une embarcation à quelques électeurs qui en avaient besoin pour se rendre au chef-lieu et la sollicitaient avec instance, alors que tous les jours cette même embarcation est mise à la disposition de simples particuliers ”. Limperani facia parte di a maggiurità, è u ministru di l’Internu dumandò di cunvalidà l’elezzione. Oramai, per dece anni, l’oppusizione ùn riprisenterà chè u terzu di l’elettori, è ùn prisenterà candidati chè per cuntassi. Quandu ellu era in Bastia, u Procuratore Mottet avia fattu un raportu à u guvernu nantu a situazione ecunomica è pulitica. Eccu ciò ch’ellu dicia di l’elezzioni : “ Le système des élections pour la formation des conseils municipaux, des conseils d’arrondissement et du Conseil général ne conviennent nullement à la Corse. En l’état de détresse du pays, en l’absence de toute industrie agricole, manufacturière et commerciale, les Corses n’ont qu’une carrière, celle des emplois publics. Dans chaque canton, les principales familles se disputent avec une ardeur extrême, la cure, la justice de paix, la perception, la mairie, le conseil municipal, le conseil d’arrondissement, le Conseil général, toutes les positions qui donnent un traitement ou de l’influence… La formation de la liste des électeurs a suffi pour donner une commotion au pays ; ça été une lutte de fraudes de toute espèce : vente, baux, partages, cession d’usufruits, tout était simulé. La liste des électeurs est la liste des plus audacieux et non des plus imposés. De là, un nombre de procès électoraux vraiment scandaleux. Nous en avons eu deux ou trois cents en 1834. De là, par conséquent, des divisions profondes, des haines et leurs déplorables suites. Je n’ai pu avoir des rapports exacts sur toutes les élections qui ont eu lieu depuis trois ans ; mais presque partout les candidats, se sont fait appuyer par leurs partisans en armes, et j’ai la conviction que presque partout c’est la force qui a triomphé. Entre autres faits parvenus à ma connaissance, je citerai deux séquestrations de personnes, l’une de deux électeurs arrêtés sur le chemin, qu’on empêcha d’aller voter, l’autre d’un huissier chargé de signifier l’appel d’une décision du préfet, qui fut retenu jusqu’à l’expiration des délais. L’année passée, une élection pour le Conseil général eut lieu à Moïta (je crois). Le nombre des gens armés dans l’intérêt de chacun des candidats était si considérable, et leur fureur était telle, qu’on fut obligé, pour éviter l’effusion de sang, d’ajourner l’élection. Et des candidats, l’un était magistrat, et l’autre appartenait à une des familles les plus riches et les plus honorables du pays ! A Patrimoniu, à la suite des élections municipales, le plus brave homme, le plus paisible de la commune, fut assassiné par deux sicaires, sans autre motif assignable que la part qu’il avait prise aux élections. On ne pourrait rien faire de mieux que de suspendre, en Corse, les lois qui ont établi le système électoral et de remettre le pays sous l’empire des lois précédentes. Je mets pourtant une très grande différence entre les élections municipales et les élections pour les Conseils d’arrondissement et de département. Ces dernières agitent bien moins le pays. Elles sont moins fréquentes, les candidats y sont moins nombreux. Ils sont d’une classe qui offre plus de garanties. Les électeurs sont de différentes localités et s’éloignent les uns des autres après l’élection. On peut enfin espérer que, lorsque le pouvoir sera plus fort, la force armée mieux organisée et la population désarmée, ces élections se feront d’une manière régulière et paisible. Il convient donc d’ajourner, quant à ce, une mesure exceptionnelle qui peut n’être pas indispensable. Mais il ne faut pas hésiter à suspendre les élections municipales. Elles sont désastreuses. On met partout un véritable acharnement à se disputer le pouvoir local. Les populations des moindres communes s’agitent et se divisent. Ces élections font, pour ainsi dire, circuler le mal dans tout le corps social, et si l’on ne prend pas cette mesure indispensable, les crimes s’accroîtront dans une proportion effrayante. La suspension des élections municipales ne doit pas durer moins de dix ans. Mais on peut, dans le principe, pour ménager les susceptibilités du pays, ne la demander que pour cinq ans, sauf à la faire renouveler. La mesure est exceptionnelle, mais elle n’est nullement contraire à la Charte. L’article 54 de la loi municipale en a fourni l’exemple. Quant aux élections des députés, non seulement il n’y a pas lieu de les supprimer, mais je pense qu’il serait convenable de donner à la Corse trois députés au lieu de deux, ce qui serait aisé en formant un collège des arrondissements d’Ajaccio et de Sartène, un des arrondissements de Corte et de Calvi, et un celui de Bastia. Dans ce cas, le gouvernement devrait se faire une loi d’appuyer toujours, dans un de ces collèges, la candidature d’un continental. Je crois aussi qu’il serait d’excellente politique, pour rallier à soi tous les partis, d’appuyer deux Corses de partis différents. La réunion des deux députations dans la même famille me paraît une faute. Le parti qui n’est pas représenté est exclu des faveurs du gouvernement et finit par lui devenir hostile. Je supplie MM. les Ministres de croire que je ne fais cette observation que dans l’intérêt de la Corse et du gouvernement. Il faut, au reste, que l’on sache (l’expérience le démontre depuis vingt ans) qu’il n’est pas de département où l’appui du gouvernement soit plus efficace pour l’élection d’un député. La Corse nommera toujours, quels qu’ils soient, les candidats appuyés par le gouvernement. Le pays et les individus, dans leur extrême misère, attendent tout du gouvernement, et s’efforcent de mériter sa bienveillance par une complète soumission. Ce fait est important à observer ; il donne la mesure de ce que pourra un gouverneur qu’on saura être le dispensateur unique des faveurs et des emplois, et fait comprendre ce que pourrait pour le désarmement et la soumission du pays, le vote de vingt millions destinés à son amélioration ”. Per rivenene à l’elezzione di Pasquale Paoli, in u 1838, u ricordu restò cum’è una prova chì i Corsi ùn si eranu micca scurdati di u Babbu di a Patria. Paul-Michel Villa, parlendu di u grande scrittore è puetu Salvadore Viale, è di l’elezzioni di u 1838, dice in u so libru “ La Maison des Viale ”. “ L’Imperani fut élu. Mais l’artifice fit scandale à Paris. L’Assemblée législative s’estima bafouée. On y dénonça à la tribune, les mœurs électorales corses, les clans, ses pratiques. On connaît la chanson. Salvatore en avait été lui-même profondément choqué et l’avait dit à son ami Limperani. Mais quand il reprendra cette histoire sous la forme d’un dialogue posthume entre Pascal Paoli et un naufragé qui lui apprend l’incroyable nouvelle, ce fut pour la tourner à la gloire de celui qui, 31 ans après sa mort, incarnait toujours, et lui seul, le bien et l’honneur de la patrie ”.  
Back to Top
Product has been added to your cart