“ Ceux qui continuent de penser - ou de faire semblant de croire - que donner des signes d’allégeance en modifiera le cap, en seront pour leur frais. Ils exposeront malheureusement la nation à de grandes déceptions, de brutales déconvenues, et des périls mortels. “
L’Histoire est riche d’enseignements. Il est dommage que les hommes, trop souvent, n’en retiennent rien.
En Février, il est naturel de commémorer la mort de Pasquale Paoli, survenue le 5 du même mois en l’an 1807. Chacun connaît la dimension du personnage, et ce qu’il représente dans l’imaginaire national corse.
Mais, à la marge des évènements les plus spectaculaires de son époque, ceux qui nourrissent la mémoire commune de tout un peuple, lorsqu’on étudie la correspondance de Pasquale Paoli et de Choiseul entre 1765 et 1768*, on a, le temps d’une lecture attentive, un éclairage saisissant de la politique française du moment.
Il y transparaît, tout le cynisme, le mépris, et l’implacable logique de la loi du plus fort, auxquels notre pays a toujours été confronté. L’infâme traité de Versailles du 15 mai 1768 en fut le point d’orgue, juste avant que le fer et le feu ne s’abattent sur ceux dont le seul tort était de se considérer comme un peuple à part entière.
Le ministre de Louis XV était, en fait, le précurseur d’une doctrine systématiquement appliquée depuis par l’Etat français, et qui devait transcender le temps, les régimes, et, plus tard, la coloration politique des gouvernements.
Les mesures dilatoires en tout genre, les échanges tournant systématiquement le dos à toute discussion d’égal à égal, de peuple à peuple, la référence constante à une légitimité dominante servie - si besoin - par une répression toujours d’actualité, demeurent la seule réponse que la France ait jamais su apporter à nos aspirations nationales. La politique de Choiseul est toujours à l’ordre du jour.
Ceux qui continuent de penser - ou de faire semblant de croire - que donner des signes d’allégeance en modifiera le cap, en seront pour leur frais. Ils exposeront malheureusement la nation à de grandes déceptions, de brutales déconvenues, et des périls mortels. La politique de Choiseul elle, poursuivra son action funeste.
Pendant que les palabres continuent, que les structures institutionnelles s’enlisent dans des démarches administratives sans fin, et trop souvent sans lendemain, la réalité que des forces étrangères installent dans notre pays tend à sceller chaque jour un peu plus un destin qui ne doit pas, qui ne peut pas être le nôtre.
Face à ces manœuvres, qui rappellent toutes celles auxquelles la Corse a de tous temps été confrontée, il convient d’opposer enfin une stratégie globale qui permette de contenir les dangers et de déployer des forces aptes à concrétiser un projet national, à reconquérir tous les terrains où les intérêts de notre peuple doivent être défendus, à opposer à une légalité étrangère destructrice le pays réel et bien vivant qui correspond à ce que nous sommes vraiment.
S’organiser pour devenir l’instrument idoine de ce grand dessin sera sans nul doute une des priorités de Corsica Libera à l’avenir.
Afin de contrer définitivement la politique de Choiseul, comme on se libère d’une vieille malédiction. Cela nécessitera toute la volonté et la force d’un peuple dont les enfants ont, eux aussi, traversé les siècles et les combats avec comme credo éternel, cette clameur du fond des âges, et du fond des cœurs: « Patria è Libertà ».**
*46 de ces lettres furent publiées dans le Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse en 1886 par l’abbé Letteron
** « Patria è Libertà, patrie et liberté, le cri le plus noble qu’ait eu aucun peuple » (François René Jean de Pommereul, officier français, 1745-1823)