#146 – Cap’Articulu : FÀ FRONTE

▶✅#146 di Marzu : U cap'articulu di Eric Simoni nanzu à l'esciutu di u ghjurnale cù più di 60 pagine !   FÀ FRONTE Notre pays traverse des heures sombres. “ Le mot d’ordre « Statu francese assassinu » est non seulement un cri du coeur mais aussi une manière de situer clairement les responsabilités. Il est vite devenu un étendard commun, toutes générations confondues, pour un peuple qui a démontré qu’il était prêt à faire front face à l’agression qu’il subit depuis bien trop longtemps. “ Depuis maintenant sept ans, l’opportunité évidente d’un règlement pacifique, négocié, et enfin garant du respect de la démocratie était à portée de main. L’Etat français, dont la nature profonde n’a décidément pas changé, a délibérément choisi la politique du mépris et de l’humiliation de notre peuple. Il conviendra d’analyser en profondeur ce qui a encouragé cette sinistre option, dont le point d’orgue est le sort qui a été réservé à Yvan Colonna.   Dans cette affaire, le mot d’ordre « Statu francese assassinu » est non seulement un cri du coeur mais aussi une manière de situer clairement les responsabilités. Il est vite devenu un étendard commun, toutes générations confondues, pour un peuple qui a démontré qu’il était prêt à faire front face à l’agression qu’il subit depuis bien trop longtemps.   Les chiffres ridicules avancés par les services de l’Etat français montrent bien à quel point l’ampleur d’une manifestation comme celle du six mars dernier à Corti les gêne. Tout a été fait pour verrouiller l’information au niveau des médias français, car à l’échelle de l’hexagone, proportionnellement aux populations respectives de nos deux pays, cela équivaudrait à une foule de deux à quatre millions de personnes. Du jamais vu. D’autant plus qu’il n’aura pas fallu attendre plus d’une semaine pour que l’expérience ne se renouvelle à Bastia, avec des prolongements qui pouvaient difficilement être passés sous silence.   Cela démontre également que dans cette affaire, comme dans bien d’autres, le système étranger qui nous oppresse est prêt à mentir sur à peu près tout. La vérité ne viendra sûrement pas de lui. Ceux qui font semblant d’y croire se rendront objectivement complices d’un mensonge d’Etat. Tout le monde, en Corse, a bien compris qu’à l’heure où l’on parle, la version officielle concernant Yvan Colonna est à peu près aussi crédible que celle d’une partie de pétanque qui tourne mal pour Alain Ferrandi. Ou, dans un autre registre, celle, longtemps défendue par les autorités, de la chute malencontreuse de Maxime Beux sur un poteau. Et l’on ne remontera pas le temps pour évoquer l’ensemble des coups tordus, et autres barbouzeries homicides, en tout genre, dont la « République une et indivisible » s’est rendue coupable en Corse ces dernières décennies.   Mais aux moments les plus durs de notre Histoire nationale, s’est toujours réveillée une conscience, une force de résistance, un élan commun qui pousse notre peuple à la lutte, comme s’il faisait sienne la prophétie d’ Hölderlin: « là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Ce qui peut sauver la Corse aujourd’hui, manifestement, c’est sa jeunesse.   Une jeunesse qui réagit spontanément à l’ignoble et à l’intolérable. En face, les soudards de l’ « état de droit » à la française n’hésitent pas à faire des victimes parmi les plus jeunes, comme les plus vieux, traduisant très concrètement l’aveuglement répressif qui constitue la seule réponse d’un Etat étranger, menteur et - qu’on veuille ou non l’admettre - assassin.   Après tant de mépris, de cynisme, et d’ignominie à l’égard d’un peuple qui ne demande, après tout, que de voir ses droits imprescriptibles respectés, il n’y aura d’apaisement réel que lorsque tous les patriotes emprisonnés seront libres, et qu’un véritable processus de décolonisation de notre pays sera engagé.

Cap’Articulu #145 : Contrer la politique de Choiseul

“ Ceux qui continuent de penser - ou de faire semblant de croire - que donner des signes d’allégeance en modifiera le cap, en seront pour leur frais. Ils exposeront malheureusement la nation à de grandes déceptions, de brutales déconvenues, et des périls mortels. “ L’Histoire est riche d’enseignements. Il est dommage que les hommes, trop souvent, n’en retiennent rien. En Février, il est naturel de commémorer la mort de Pasquale Paoli, survenue le 5 du même mois en l’an 1807. Chacun connaît la dimension du personnage, et ce qu’il représente dans l’imaginaire national corse. Mais, à la marge des évènements les plus spectaculaires de son époque, ceux qui nourrissent la mémoire commune de tout un peuple, lorsqu’on étudie la correspondance de Pasquale Paoli et de Choiseul entre 1765 et 1768*, on a, le temps d’une lecture attentive, un éclairage saisissant de la politique française du moment. Il y transparaît, tout le cynisme, le mépris, et l’implacable logique de la loi du plus fort, auxquels notre pays a toujours été confronté. L’infâme traité de Versailles du 15 mai 1768 en fut le point d’orgue, juste avant que le fer et le feu ne s’abattent sur ceux dont le seul tort était de se considérer comme un peuple à part entière. Le ministre de Louis XV était, en fait, le précurseur d’une doctrine systématiquement appliquée depuis par l’Etat français, et qui devait transcender le temps, les régimes, et, plus tard, la coloration politique des gouvernements. Les mesures dilatoires en tout genre, les échanges tournant systématiquement le dos à toute discussion d’égal à égal, de peuple à peuple, la référence constante à une légitimité dominante servie - si besoin - par une répression toujours d’actualité, demeurent la seule réponse que la France ait jamais su apporter à nos aspirations nationales. La politique de Choiseul est toujours à l’ordre du jour. Ceux qui continuent de penser - ou de faire semblant de croire - que donner des signes d’allégeance en modifiera le cap, en seront pour leur frais. Ils exposeront malheureusement la nation à de grandes déceptions, de brutales déconvenues, et des périls mortels. La politique de Choiseul elle, poursuivra son action funeste. Pendant que les palabres continuent, que les structures institutionnelles s’enlisent dans des démarches administratives sans fin, et trop souvent sans lendemain, la réalité que des forces étrangères installent dans notre pays tend à sceller chaque jour un peu plus un destin qui ne doit pas, qui ne peut pas être le nôtre. Face à ces manœuvres, qui rappellent toutes celles auxquelles la Corse a de tous temps été confrontée, il convient d’opposer enfin une stratégie globale qui permette de contenir les dangers et de déployer des forces aptes à concrétiser un projet national, à reconquérir tous les terrains où les intérêts de notre peuple doivent être défendus, à opposer à une légalité étrangère destructrice le pays réel et bien vivant qui correspond à ce que nous sommes vraiment. S’organiser pour devenir l’instrument idoine de ce grand dessin sera sans nul doute une des priorités de Corsica Libera à l’avenir. Afin de contrer définitivement la politique de Choiseul, comme on se libère d’une vieille malédiction. Cela nécessitera toute la volonté et la force d’un peuple dont les enfants ont, eux aussi, traversé les siècles et les combats avec comme credo éternel, cette clameur du fond des âges, et du fond des cœurs: « Patria è Libertà ».** *46 de ces lettres furent publiées dans le Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse en 1886 par l’abbé Letteron ** « Patria è Libertà, patrie et liberté, le cri le plus noble qu’ait eu aucun peuple » (François René Jean de Pommereul, officier français, 1745-1823)

Cap’Articulu #144 : 2022, À l‘orlu di l‘annu novu

L’année 2021 s’est achevée sur une situation bloquée et délétère à plus d’un titre. En dehors de la crise sanitaire qui occupe tous les esprits - et sur la gestion de laquelle il y aurait tant à dire ou, surtout, à faire -, le mépris affiché à l’égard de la Corse et de son peuple demeure sans doute l’un des seuls marqueurs véritablement stables de la politique française: le maintien en exil carcéral de Petru Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, l’arrestation par la SDAT et l’incarcération de deux jeunes corses à Paris à la veille de Noël pour une histoire de cocktails Molotov survenue en 2020, en sont l’expression la plus claire et cinglante. À ce stade, feindre de ne pas comprendre le message confinerait à une inacceptable soumission, plus qu’au nécessaire sang-froid qu’il est toujours bon de conserver dans les circonstances les plus difficiles. « En même temps », l’Assemblée de Corse se retrouve de plus en plus paralysée et réduite à une impuissance dont seul un sursaut général, en dehors de ses murs, pourrait la sortir. La France, quels que soient les résultats de l’élection présidentielle à venir, semble s’acheminer inexorablement vers une crise sans précédent à laquelle son système centraliste, bureaucratique, et techno-administratif obsolète ne saura répondre que de manière aussi arbitraire qu’inefficace. Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, la conscience nationale des Corses n’est pas proportionnelle à cette lente et inéluctable décadence de l’Etat français: la perspective - au demeurant de moins en moins crédible - d’une France rayonnante, plus intelligemment et humainement administrée, n’hypothéquerait en aucun cas la pertinence de l’exercice plein et entier par le peuple corse de ses droits nationaux. Par contre, elle ouvrirait sans doute des chemins propices à une résolution politique qui nécessite une clairvoyance et une hauteur de vue dont on s’éloigne, malheureusement, chaque jour un peu plus. Aujourd’hui, certaines promesses ne peuvent guère engager que ceux qui feignent d’y croire, ou qui préfèrent vendre du rêve tout en laissant le cauchemar devenir la réalité quotidienne de la grande majorité des Corses, de plus en plus exclus, socialement, économiquement, et même culturellement, sur leur propre terre. À l’orlu di st’annu novu, ci tocc’à precacci à tutti a Pace è a Salute. Ma, sopratuttu a Libertà pè tutt’i patriotti è pè a Corsica ella stessa, chì, senza libertà, ùn ci pò esse veramente nè salute, nè pace. È, senza lotta, ùn ci serà libertà pè u nostru populu. Più ch’è mai, a lotta pulitica à prò di a nostra liberazione naziunale s’impone à noi. È ferma a sola sperenza d’avvene pè u populu corsu nant’à a so terra. E.S.

#143 : Cap’articulu di Eric Simoni : Redéploiement des forces vives le rejet de la soumission

De la Guadeloupe à la Kanaky, en passant par la Corse - au delà de tout ce qui n’est pas forcément comparable - il existe un point commun qui relie toutes « ces îles que l’on dit françaises »*, et qui, en réalité, ne le sont ni par la culture, ni par la géographie, ni par l’Histoire. Il s’agit de l’attitude d’un Etat qui ne s’oriente vers un semblant de dialogue qu’en cas de tensions et de troubles graves, et trahit systématiquement sa parole, ses engagements, et tout espoir de résolution raisonnable, juste, politique, des problèmes posés par des peuples à qui l’on dénie des droits pourtant imprescriptibles, et reconnus par les Nations Unies depuis toujours. Comme si l’annexion par les armes et le feu, sur fond de massacres des populations autochtones, était le seul critère de légitimité reconnu, au mépris de toutes les déclarations officielles assénant à longueur de temps l’exact contraire. « Les stratégies visant à amoindrir le caractère national de revendications légitimes et validées par le peuple(...) sont vouées à l’échec. » Ce cynisme insupportable et injustifiable, porteur de tant de drames passés et potentiels, conduit non seulement à un déshonneur, source de futures repentances hypocrites - exercice dans lequel l’Etat français est devenu champion toutes catégories -, mais aussi au désaveu de personnalités lucides, honnêtes, impliquées dans des processus vertueux, comme a pu l’être, en son temps un Michel Rocard par exemple. La logique aveugle d’un vieil empire colonial qui ne veut pas mourir alors qu’il pourrit de l’intérieur s’applique alors par des démonstrations de force, et des rigidités absurdes, qu’il applique avec d’autant plus de détermination morbide à sa périphérie que son vieux cœur décadent n’arrive plus à battre qu’au rythme imposé par les banques et les puissances financières du moment. En Corse, comme ailleurs, la démonstration a été faite, à maintes reprises, que les stratégies visant à amoindrir le caractère national de revendications légitimes et validées par le peuple, ou celles qui privilégient une pérennité purement électorale sur la consolidation d’un socle cohérent, combatif et déterminé à changer la situation, sont vouées à l’échec. Oublier la nature du système étranger qui nous est opposé, n’avoir comme seule ligne d’horizon que la désagrégation de la vieille classe politique aux affaires pour se contenter de les gérer un peu mieux, alors que les mécanismes de dépendance et de destruction de notre être collectif perdurent, c’est participer à l’anesthésie du peuple dont on est censé défendre les intérêts. Ça n’est pas ce dont la Corse a besoin, ce n’est pas ce pourquoi les patriotes corses se battent depuis si longtemps. « L’avènement d’hommes d’Etat français capables d’une hauteur de vue et d’un courage politique suffisants pour infléchir cette ligne mortifère semble une perspective de plus en plus lointaine. » En France, malgré les efforts unilatéraux émanant exclusivement de la Lutte de Libération Nationale en vue de créer les conditions les plus favorables à une résolution pacifique et véritablement démocratique de la situation, l’« Etat profond » est manifestement toujours en guerre contre l’idée même d’une nation corse exerçant une quelconque forme de souveraineté. Le sort réservé aux prisonniers politiques, le mépris affiché pour les décisions ou votes de l’Assemblée de Corse, et autres injonctions préfectorales, en attestent. Et l’avènement d’hommes d’Etat français capables d’une hauteur de vue et d’un courage politique suffisants pour infléchir cette ligne mortifère semble une perspective de plus en plus lointaine. Dans la période qui s’ouvre, toutes les forces vives de notre pays devront donc, nécessairement, trouver les voies et moyens d’un redéploiement efficace et durable, en se rappelant toujours ce qu’écrivait en substance Sun Tzu: « Quand l’ennemi t’a emmené à le combattre avec des armes choisies par lui, à utiliser le langage qu’il a inventé, à te faire chercher des solutions parmi les règles qu’il a imposées, tu as déjà perdu toutes les batailles, y compris celle qui aurait pu le vaincre. » Le stade ultime d’un tel funeste processus étant atteint lorsque l‘on ne combat plus l‘ennemi et que l‘on adhère à l‘idée de sa propre soumission. Ce qui ne sera jamais le cas pour qui veut réellement libérer et construire la nation. Eric Simoni * « Ces îles que l’on dit françaises » est un ouvrage collectif paru en 1985 et préfacé par Jean Marie Tjibaou.            

#142 : Cap’articulu di Eric Simoni : Unité stratégique : convergences et lucidité face à la répression.

La récente conférence de presse des associations de défense des prisonniers politiques corses, au delà de représenter un gage d’efficacité supplémentaire dans un dur combat pour la justice et la liberté, aura permis de démontrer que la volonté de « normalisation » de la Corse, sur fonds de dilution de nos solidarités les plus élémentaires, ou de marginalisation d’une revendication authentiquement nationale, ne pourra avoir lieu. Ceux qui, à Paris ou ailleurs, misent depuis toujours sur l’essoufflement, le découragement ou les contradictions - inévitables dans toute entreprise humaine - du mouvement national corse, en seront pour leur frais : jamais les Corses n’oublieront ce qu’ils ont en face d’eux, et qui les sépare de leurs objectifs légitimes de justice, de liberté, et de dignité en tant que peuple à part entière. Ceux qui ont voulu, au delà de nos propres erreurs, nous diviser, s’apercevront, à leur dépens, qu’ils nous ont multipliés. Une unité stratégique est en route, forte d’une pluralité qui doit devenir source d’émulation positive, et point d’ancrage des mobilisations à venir pour arracher au sort que leur fait l’Etat français les patriotes corses aujourd’hui embastillés, comme toutes les victimes d’une répression politique inique et multiforme. Les manœuvres visant à étouffer des aspirations profondes, naturelles, puisant à la source de l’Histoire et de la culture multiséculaire de tout un peuple, empruntent de partout et de tout temps les mêmes voies : déstabilisation de la société traditionnelle systématiquement présentée comme incompatible avec une nécessaire modernité civilisatrice, interdiction administrative ou institutionnelle d’envisager toute forme de développement conforme aux réels intérêts du peuple et à ses réalités culturelles, et enfin, déploiement de tout un arsenal légal - et même illégal si nécessaire - pour réprimer toute forme de révolte contre cette violence permanente baptisée pour la circonstance « Etat de droit ». L’installation d’une « troisième voie » accompagnant « en douceur » la lente agonie programmée d’une nation qui pourrait, qui devrait, au contraire, revivre et se libérer est également systématiquement envisagée, et tentée chaque fois que l’occasion se présente. Pourtant, l’avenir continue à appartenir aux peuples qui n’acceptent pas de péricliter, pas seulement parce que c’est de leur sort qu’il s’agit, mais parce que, instinctivement parfois, ils ont conscience d’un enjeu plus universel, renvoyant aux paroles que Jean Paul II prononça à l’UNESCO en 1980 : « Veillez par tous les moyens sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque nation en vertu de sa propre culture. Protégez-là comme la prunelle de vos yeux pour l‘avenir de la grande famille humaine. » La Corse, en tant que nation actuellement sous férule étrangère, comme cela a souvent été le cas au cours de son Histoire, ne saurait faire défaut à cette sage exhortation. U Ribombu Internaziunale #URibombu #sulidarità

Cap’Articulu d’Eric Simoni : Ottobre d’u 2021

AVANZÀ, SEMPRE ! Comme en 2020, cette année encore, du fait des contraintes liées à la crise sanitaire, Corsica Libera n’a pu tenir ses Ghjurnate Internaziunale di Corti. Malgré tout, le mouvement, poursuivant ses échanges internationaux dans une situation en pleine évolution, et ayant un message important à délivrer au plan national, ne pouvait se passer d’une participation sous un format qui puisse répondre aux impératifs du moment. Ce fut chose faite, grâce à de nouveaux moyens techniques et à l’engagement d’intervenants de qualité autant que des militants impliqués dans l’organisation d’un évènement réussi, et qui aura sûrement des prolongements concrets. D’autant plus, qu’au delà du format présentiel forcément restreint, la diffusion sur les réseaux sociaux et les visio-conférences avec d’éminents représentants étrangers ont touché, selon les statistiques officielles, plus de 80000 personnes. Du débat du matin sur la création d’un Centre Hospitalier Universitaire, couvert par notre journal, à la conclusion politique de Corsica Libera en fin d’après midi, le programme était dense : thématique du rôle de la jeunesse au sein de la Lutte de Libération Nationale, solidarité face à la répression politique, abord pragmatique des questions internationales avec les peuples en lutte, dont il faut saluer l’engagement constant à nos côtés, et qui ont tenu à participer à cette journée grâce à une technologie à distance, ici parfaitement maîtrisée. Au delà d’un contenu, dont on mesure l’importance, de nombreux observateurs ont signalé qu’à cette occasion Corsica Libera « renouait avec ses fondamentaux ». En fait, il ne faut pas voir là un quelconque retour nostalgique vers le passé, mais, bien au contraire, l’expression réaffirmée, pour ce courant qui vient de loin, de jouer, comme il l’a toujours fait, le rôle de précurseur, de laboratoire d’idées et, surtout, de solutions pérennes pour la Corse et son peuple. Avec toutes les actions, toutes les mobilisations et les combats politiques que cela implique. La légitimité historique, l’expérience des luttes menées, la capacité permanente au renouvellement et à la transmission fondent le socle inébranlable sur lequel bâtir un avenir de conquête - et non de reniement - de tous nos droits nationaux. Avancer, toujours. Même difficilement, car la voie de la facilité est rarement celle des vraies victoires. Au final, ne rien céder. Ce qui est, en fait, fondamental, c’est de doter le peuple corse d’outils inoxydables, inaltérables, résistants aux effets de mode, aux effets du temps comme à ceux de politiques trop politiciennes, aptes à traverser toutes les épreuves, à se renouveler, à se réinventer sans cesse, au service de la seule cause qui vaille: l’avènement d’une nation libre et indépendante, capable de tisser des liens de coopérations librement consentis au service de son développement et de ses véritables intérêts économiques notamment, afin d’assurer un avenir de paix et de prospérité à son peuple. Cette réaffirmation de toutes nos solidarités et de cette ambition pour notre pays, ouvre un champ immense où toutes les conditions doivent être réunies pour permettre la convergence des forces vives de la nation à libérer et à construire. La prochaine Assemblée Générale de Corsica Libera sera, à cet égard, un moment clé de ce redéploiement et de ce nouvel essor.

Cap’Articulu d’Eric Simoni : Sittembre d’u 2021

Une rentrée sur fond d’inquiétude, des combats qui s’imposent.   La rentrée de septembre, à l’aune d’une crise sanitaire qui n’en finit plus, sera donc à nouveau marquée par l’incertitude et l’inquiétude des parents et des élèves, des professionnels dont l’activité a été entravée, voire précarisée, des Corses en général qui continuent, au delà de ce contexte particulier, à se voir privés du pouvoir décisionnel qui leur permettrait de sortir leur pays de l’ornière où le maintiennent des liens de dépendance mortifères.   Car, si l’indépendance est une idée téméraire pour certains de nos compatriotes qui n’en ont pas encore saisi toute la dimension moderne et pragmatique, la dépendance, elle, continue de nous tuer à petit feu : économiquement, en sacrifiant le vrai développement sur l’autel de quelques intérêts spéculatifs; socialement, en continuant, par des logiques étrangères aux intérêts des corses, à paupériser et exclure des pans entiers de notre peuple; démographiquement, en privilégiant l’arrivée massive de non Corses, à des postes d’encadrement notamment, répondant à un mécanisme de colonisation de peuplement bien connu; culturellement, enfin, ce dernier point étant étroitement associé aux précédents.   Les mesures qui permettraient de changer la donne et d’assurer l’avenir de notre peuple sur sa terre passent par des dévolutions conséquentes de pouvoir dont l’aboutissement logique ne peut être qu’une souveraineté pleine et entière.   Statut fiscal et social, pouvoir législatif, maîtrise des décisions en matière de Santé Publique, d’Education et d’aménagement du territoire, sont autant de batailles à mener, inlassablement, en cherchant à installer dans le paysage, à la mesure des moyens et des marges de manœuvres actuelles, des réalisations qui tirent toujours dans le même sens. Et qui s’inscrivent dans des logiques tournant résolument le dos à la création de liens de dépendance induits.   La création d’un Centre Hospitalier Universitaire multi-sites, les mesures permettant de lutter contre la cherté de la vie, l’arrêt des projets contraires au développement durable et la prise en compte concrète des urgences écologique et climatique sont les combats qui, aujourd’hui, s’imposent à nous; tout comme hier celui en faveur d’une Université que personne ne songerait à remettre en question, mais qui, à une certaine époque, suscitait beaucoup de réticences, voire une hostilité franche, tant la colonisation des esprits est toujours le premier frein à toute évolution positive.   Les contacts internationaux que nous avons toujours privilégiés nous offrent à cet égard des opportunités qu’il faudra saisir. Pas seulement parce que de la Kanaky à l’Ecosse, en passant par la Catalogne ou l’Euskadi, l’indépendance est de plus en plus à l’ordre de jours meilleurs, mais parce qu’elle s’imposera bientôt comme la seule alternative crédible dans un monde où l’existence des vieux empires coloniaux ne peut plus trouver aucune fausse justification pour se pérenniser.   Dans ce monde à venir, l’indépendance des nations réelles est la seule garantie de paix, de développement, et d’interdépendances harmonieuses, car librement consenties et pleinement maîtrisées, à laquelle on peut croire.   Ce mouvement général continuera à se heurter aux obstacles que de puissants intérêts particuliers, et souvent transnationaux, mettront en travers de sa route.   Mais les Corses, pour leur salut, ne sauraient rater le train d’une Histoire qui elle, est véritablement, inéluctablement, en marche.

Cap’Articulu d’Eric Simoni : Aostu d’u 2021

“strada petricosa, cima indipendenza“ Après les dernières élections territoriales une part de désillusion et même un certain sentiment d’injustice auraient pu prévaloir dans les rangs de Corsica Libera. En effet, le courant historique de la Lutte de Libération Nationale, celui qui avait, par ses contributions politiques et l’engagement sur tous les terrains de ses militants, par l’investissement et le prix payé, parfois malheureusement très lourd, des siens à la cause nationale, fait bouger les lignes, ce courant, sans l’action duquel aucune avancée concrète, aucune victoire d’ampleur - y compris sur le plan électoral - n’auraient été envisageables jusque là, se retrouvait, in fine, le moins représenté dans l’enceinte de l’Assemblée de Corse. Même si siéger au sein de structures qui demeurent cadenassées sur le plan institutionnel ne constitue pas l’alpha et l’oméga d’une lutte comme la nôtre, ce revers relatif et conjoncturel doit être dépassé, et ne saurait nous détourner de nos objectifs. Force est de constater d’ailleurs que si l’on considère le vote clairement indépendantiste sur la base d’un électorat qui ne correspond pas à nos critères de légitimité, le pourcentage d’indépendantistes qui soutiennent des démarches plus floues quant aux finalités annoncées, et enfin, celui des indépendantistes abstentionnistes qui rejettent toute participation à cette partie de la lutte institutionnelle, on s’aperçoit que l’idée d’indépendance est la vraie gagnante de cette élection. Et nous pouvons avoir la faiblesse de penser que notre courant, depuis plus de quatre décennies, y a largement contribué. En outre, face à une majorité absolue, portée par une démarche qui s’est éloignée dangereusement de la stratégie de Pè a Corsica, la voix de notre élue Josepha Giacometti-Piredda ne pèsera certainement pas moins que celle de courants n’ayant, pas plus que nous, la possibilité d’infléchir, par leur seul vote, le cours des choses. Mais ce qui aura sûrement une réelle influence résidera dans la pertinence et la cohérence du propos. Celui qui a toujours été le nôtre. Celui qui n’oublie rien, qui se projette dans l’avenir d’une nation souveraine, et qui, au bout du compte, ne cède pas. Jamais. Ce n’est que par le déploiement concomitant des forces vives de ce pays à tous les niveaux, et dans un souci permanent de convergence des forces patriotiques sur des axes clairs, renouant avec des fondamentaux dont l’application sera irréversible, que la Corse retrouvera la seule voie de salut qui lui reste: celle de la libération et de la construction nationales. Car, comme l’indique Jean Guy Talamoni dans une interview récente, « ... la France, et l’histoire nous l’enseigne magistralement, n’a jamais accédé aux demandes des peuples sous sa tutelle sans un rapport de force. Or, le rapport de force, ce ne sont pas seulement les élections. » Dans cette perspective, il appartient à Corsica Libera, dans le droit fil de sa communication du 13 juillet dernier, de se réorganiser et de faire la démonstration définitive de sa capacité à résister autant qu’à transmettre et à se renouveler. Sans cesse. Jusqu’à la véritable victoire: celle d’un peuple souverain au sein d’une nation indépendante, et donc libre de ses choix.

Cap’Articulu d’Eric Simoni : Maghju d’u 2021

Écrire un autre scénario : rompre avec la dépendance. Au delà du temps électoral qui voit surgir ponctuellement dans tous les programmes affichés, une kyrielle de propositions sans cohérence, et le plus souvent sans lendemain, la réflexion que mène le mouvement national, et en particulier le courant indépendantiste incarné par Corsica Libera, trace depuis longtemps déjà les axes d’un véritable projet de société. Des premières contributions historiques du FLNC, notamment à travers ses quaterni, aux réactualisations les plus récentes (Corsica 21, quaterni di l’indipendenza, ...), c’est là que se situent, à notre sens, les seules perspectives viables pour un peuple maître de son avenir dans un pays enfin libre et développé. Le dossier du tourisme est à cet égard emblématique. Il résume à lui seul toutes les impasses où nous ont conduits des décennies de dépend ance mortifère, et de schémas imposés en inadéquation totale avec tout projet de développement durable. Avec le ratio de fréquentation que la Corse connaît, le tourisme devrait être un formidable levier de développement pour toute une économie productive, notamment, par exemple, dans le secteur agro-alimentaire. Au lieu de cela, avec plus de 90% de produits importés, un impact environnemental non maîtrisé qui détruit progressivement la ressource, une soumission institutionnalisée aux logiques des grands systèmes de distribution français et européens, un para-commercialisme basé sur la location au noir de résidences secondaires, que la plupart des Corses ne pourront d’ailleurs jamais acquérir, le constat est catastrophique. Le « retour à la normale » après une crise sanitaire, qui a démontré toute la fragilité de ce brinquebalant modèle économique, serait sans doute la pire des choses. Un autre scénario doit être écrit, et c’est aux forces vives de notre nation de le faire.

Cap’Articulu d’Eric Simoni : Aprile d’u 2021

A Salute, una priurità, ma dinù una lotta pupulare. La crise sanitaire que nous traversons a mis en lumière, en Corse comme ailleurs, les failles d’un système dont la fragilité et la dérive virtuelle apparaissent chaque jour davantage. Au delà de conséquences économiques et sociales, qui appellent des solutions découlant d’approches diamétralement opposées à tout ce que nous subissons depuis trop longtemps, les politiques de Santé Publique que l’on nous impose sont de plus en plus remises en question. La logique paradoxale à laquelle nous sommes confrontés en permanence est celle d’un État central qui tente de compenser ses défaillances par une omniprésence et un contrôle délétère de réalités humaines qui, dans les faits, inéluctablement, lui échappent de plus en plus. Son seul objectif étant de ne pas perdre la main. Ainsi, le rôle des ARS, aujourd’hui véritables préfectures de santé, aux antipodes d’une vision souple, décentralisée, et adaptée aux territoires, est remise en question même au sein de l’hexagone. Pourtant depuis près d’un an, après le rapport présenté le 27 mars par Jean Guy Talamoni, Président de l’Assemblée de Corse, intitulé « Luttà contr’à u Covid-19 », une feuille de route cohérente, potentiellement efficace, nous était proposée. Il s’agissait d’un véritable cap à tenir dans la tourmente. Dès lors, malgré la bonne volonté de tous les acteurs de terrain, l’implication immédiate de l’Université de Corse et de son laboratoire de virologie, ainsi que la synergie d’action des professionnels de santé, les obstacles et décisions arbitraires imposées depuis Paris n’ont servi qu’à créer retard et confusion; il aura fallu plusieurs mois, par exemple, pour que la réalité géographique d’un territoire insulaire de Méditerranée soit prise en compte. Comme le soulignait l’Associu Corsu di a Salute lors de sa conférence de presse du 26 juin dernier, « toutes les initiatives concrètes, utiles, vitales, émanant de la société corse semblaient se heurter à une inertie incompréhensible, alors que l’urgence était là. On peut admettre que tout n’ait pas été faisable ou prévisible. Mais empêcher d’agir lorsque c’est possible et nécessaire est typique d’un système étranger que nous subissons depuis trop longtemps, dans tous les domaines. Mais qui ne se remettra jamais en question sans y être obligé. » Aujourd’hui, dans un domaine aussi sensible que l’organisation de la Santé, il apparaît plus que jamais urgent de se mobiliser pour faire entendre la voix de la Corse. La construction d’une stratégie territoriale coordonnée, la création d’un Centre Hospitalier Universitaire multi-site et d’une Assistance Publique Corse, le transfert de la compétence santé à la Collectivité de Corse, la valorisation des compétences, des formations et des conditions de travail des personnels de santé, l’autonomisation du régime d’assurance maladie, la reconnaissance du surcoût de fonctionnement des structures hospitalières insulaires, la construction d’un nouvel Hôpital à Bastia  et d’un Hôpital de proximité en Plaine Orientale, sont autant de priorités programmatiques pour Corsica Libera. Ce sont aussi d’évidentes nécessités au regard des besoins réels de notre peuple en matière de santé. Ce seront sûrement, n’en doutons pas, d’âpres combats à mener contre l’inertie cynique d’une bureaucratie hors sol. Mais ces luttes là, comme tant d’autres, s’inscrivent dans le cadre de la défense de l’intérêt national dans sa dimension la plus humaine et la plus concrète. Charge à chacun d’entre nous d’y participer avec détermination.
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