Cap’Articulu d’Eric Simoni : Aostu d’u 2021

“strada petricosa, cima indipendenza“

Après les dernières élections territoriales une part de désillusion et même un certain sentiment d’injustice auraient pu prévaloir dans les rangs de Corsica Libera.

En effet, le courant historique de la Lutte de Libération Nationale, celui qui avait, par ses contributions politiques et l’engagement sur tous les terrains de ses militants, par l’investissement et le prix payé, parfois malheureusement très lourd, des siens à la cause nationale, fait bouger les lignes, ce courant, sans l’action duquel aucune avancée concrète, aucune victoire d’ampleur – y compris sur le plan électoral – n’auraient été envisageables jusque là, se retrouvait, in fine, le moins représenté dans l’enceinte de l’Assemblée de Corse.

Même si siéger au sein de structures qui demeurent cadenassées sur le plan institutionnel ne constitue pas l’alpha et l’oméga d’une lutte comme la nôtre, ce revers relatif et conjoncturel doit être dépassé, et ne saurait nous détourner de nos objectifs.

Force est de constater d’ailleurs que si l’on considère le vote clairement indépendantiste sur la base d’un électorat qui ne correspond pas à nos critères de légitimité, le pourcentage d’indépendantistes qui soutiennent des démarches plus floues quant aux finalités annoncées, et enfin, celui des indépendantistes abstentionnistes qui rejettent toute participation à cette partie de la lutte institutionnelle, on s’aperçoit que l’idée d’indépendance est la vraie gagnante de cette élection. Et nous pouvons avoir la faiblesse de penser que notre courant, depuis plus de quatre décennies, y a largement contribué.

En outre, face à une majorité absolue, portée par une démarche qui s’est éloignée dangereusement de la stratégie de Pè a Corsica, la voix de notre élue Josepha Giacometti-Piredda ne pèsera certainement pas moins que celle de courants n’ayant, pas plus que nous, la possibilité d’infléchir, par leur seul vote, le cours des choses.

Mais ce qui aura sûrement une réelle influence résidera dans la pertinence et la cohérence du propos. Celui qui a toujours été le nôtre. Celui qui n’oublie rien, qui se projette dans l’avenir d’une nation souveraine, et qui, au bout du compte, ne cède pas. Jamais.

Ce n’est que par le déploiement concomitant des forces vives de ce pays à tous les niveaux, et dans un souci permanent de convergence des forces patriotiques sur des axes clairs, renouant avec des fondamentaux dont l’application sera irréversible, que la Corse retrouvera la seule voie de salut qui lui reste: celle de la libération et de la construction nationales.

Car, comme l’indique Jean Guy Talamoni dans une interview récente, « … la France, et l’histoire nous l’enseigne magistralement, n’a jamais accédé aux demandes des peuples sous sa tutelle sans un rapport de force. Or, le rapport de force, ce ne sont pas seulement les élections. »

Dans cette perspective, il appartient à Corsica Libera, dans le droit fil de sa communication du 13 juillet dernier, de se réorganiser et de faire la démonstration définitive de sa capacité à résister autant qu’à transmettre et à se renouveler. Sans cesse. Jusqu’à la véritable victoire: celle d’un peuple souverain au sein d’une nation indépendante, et donc libre de ses choix.