Ghjuvan-Battista Acquaviva, sempre vivu

Oghje tù ti ne vai a l’ultimu riposuGhjè l’esempiu chè tù ci dai fratellu generosuPurtatu da li toi sin’à l’altu pratuPalatini è Eroi caminanu à u to latu RIPIGLIUMa la to risa canta e schiatta cum’un fioreChì u dulore pianti e sbucci l’amoreChì u furore pianti e sbucci l’ amore.(…)Quì si pensa assai svegliu a lutte l’oreGhjunt’hè tempo di guai e di sgarbe a lu coreDa la corte a la cellula u spiritu in rivoltaA mente cum’un’acella versu tè si ne volta. Parler de Battì tant d'années après n'est pas vraiment un exercice facile mais bon la facilité n'a jamais été notre point fort, amicu. C'est vrai, ça doit faire bientôt 33 ans si je ne me trompe que tu es parti, assassiné par un colon parmi tant d'autres, un occupant parmi tant d'autres. Roussel je crois. La première fois, ce devait être au printemps ou en été après mon évasion, 1984. On m'a dit qu'un jeune machjaghjolu voulait me voir, jeune car j'avais 10 ans de plus que vous. Tu en avais probablement 24 et très rapidement tu m'as appelé le vieux. Sur une route déserte, peut-être du côté du désert des aggriates, la moto est arrivée, vachement bruyante. Tu aimais les motos et a même essayé plus tard de faire de moi un motard, sans succès. Très vite on a parlé tous les deux, probablement durant des heures comme d'habitude. Tu avais le sourire, ton éternel sourire, o croce, et une putain de foi, tu y croyais, nous y croyions tous comme des malades. De cette maladie qui nous a fait vivre à 4, toi Macgyver, Panda, Dob et moi le vieux pendant des semaines, des mois, des années, cette vie commune de frères, de soldats, de militants, de machjaghjoli. Une vie pas toujours facile avec de bons moments et d'autres qui, finalement étaient bons aussi parce que c'étaient nos moments. Je sais que, là où tu es, tu n'en regrettes rien, moi non plus d'ailleurs. La route nous l'avons tracée ensemble, non pas tamanta strada mais passu à passu. Tu sais, je parle de toi parce que nous autres, les trois autres, nous sommes vivants mais toi c'est nous comme nous sommes tous les trois morts un peu avec toi. Battì, nos enfants portent ton prénom, toi tu portes encore nos rêves. Beaucoup de gens parlent de toi, qu'ils t'aient connu ou pas parce que tu le mérites. Tu restes à jamais un exemple, un phare, une lumière, tamanta luce, celle de ton éternel sourire. Des décennies passent mais toi tu demeures. Ne me pose pas de questions, ne me demande pas ce qui a changé, en bien ou en mal. Tu sais, Battì, Panda doit se souvenir d'une de nos dernières soirées, avant mon arrestation, avant qu'il ne te tue. Tu voulais poser le sac parfois, planter des tomates, toi le vigneron. Sur le tard, je plante des tomates et, comme un vieux con, parfois je pense à toi. Oui tu as au moins échappé à ça, être un vieux con mais rassure toi, j'ai retenu tes leçons, je garde le sourire. Ce soir c'était sympa de parler avec toi, de parler de toi. Qui étais tu parce qu'ils veulent peut-être savoir. Tu étais et tu es l'archétype du militant, tu es corse autant si ce n'est plus que nos montagnes, tu es cette eau vive, la seule qui vaille la peine d'être transmise à nos jeunes, à cette jeunesse, à ces générations. Tu es l'eau éternelle à laquelle ils doivent s'abreuver et garder le sourire comme tu as as toujours su le faire avec courage et dignité. Fratellu, simu sempre à fiancu à tè per l'eternu.Carlu PIERI

Hè esciutu u numaru d’Uttobre !

Hè esciutu u novu numaru di U Ribombu Internaziunale ! Da leghje : - A rientrata pulitica di Corsica Libera - U cartulare #Iwas - Corse : le pari d’une création décomplexée ? La filière industrielle en question : réflexion sur l’avenir et la structuration d’un “Cinéma des peuples en luttes” - L'analisa di u referendum in Kanaky È cumè sempre a pena di Cultura cù Spartimusica è di lingua corsa cù l'Adecec Voce Nustrale

In Memoria d’Antone Acquaviva

Antone Acquaviva fù un giurnalistu di prima trinca, è da « Ce soir » d’Aragon à « U Ribombu », passendu da « l’humanité », messe sempre a so piuma è i so talenti di scrittore à u serviziu di a causa chì li paria a più ghjusta. Ma, da e machje di u Morvan à a Lotta di Liberazione Naziunale di u nostru populu, ghjè statu dinù un cumbattente di a libertà, l’eternu resistente chì s’hè sempre rivultatu contr’à tutte l’inghjustizie fatte à u so populu, è à l’Umanità sana. Micca solu cù e so parolle , o i so scritti luminosi, ma dinù incù l’atti diterminati di l’omu senatu è curagiosu ch’ellu era. Fermerà per u sempre à fianc’à noi, è u so esempiu guiderà i nostri passi sin’à a vittoria. Quella di una Corsica libera è fraterna.

“Indépendantiste” da Jean-Guy Talamoni

En ces temps politiques, confus à maints égards, les choses les plus simples méritent d’être précisées. Ainsi, ces derniers mois, l’interpellation suivante m’a-t-elle souvent été adressée : « Que signifie, aujourd’hui, être indépendantiste corse ? » L’idée d’autonomie ayant conquis une large partie de la droite et de la gauche insulaires – sans pour autant, du reste, provoquer la moindre évolution de la position parisienne -, elle est devenue une sorte d’évidence théorique, peu destinée cependant, du moins à court terme, à être mise en pratique… L’indépendance paraît être une option plus audacieuse. Mais au fond, devant l’incapacité de l’Etat jacobin à se réformer, ne constitue-t-elle pas désormais la voie la plus praticable ? Laissons pour l’heure cette question ouverte. Ce n’est pas précisément la problématique que je traiterai dans les lignes qui suivent, mais celle de la justification historique et politique de la position indépendantiste corse… “Si je suis indépendantiste et non autonomiste ou régionaliste, c’est parce que j’ai la conviction que notre souveraineté est inaliénable et qu’elle n’a pu être confisquée par aucun autre pays.“ La Corse est – cela me semble évident depuis mon enfance – un pays à part entière, une nation de droit naturel, avec son territoire aux limites peu discutables, sa langue, sa culture, son imaginaire. S’agissant de ce dernier, quatre cents ans de domination de la Sérénissime n’ont pas atténué l’opposition entre les mentalités corse et génoise. Les publications polémiques opposant les responsables des deux camps durant la Révolution du XVIIIe siècle le montrent parfaitement : par-delà la haine et la mauvaise foi inhérentes à ce genre de situations, on constate une profonde incompréhension réciproque, une confrontation entre deux systèmes de valeurs. Les Génois se moquaient de la pauvreté des Corses. Les Corses méprisaient l’esprit de lucre des Génois et leurs maigres qualités guerrières… Bien entendu, de part et d’autre, ces appréciations n’avaient rien d’objectif : il s’agissait uniquement de représentations, mais l’on sait que les représentations finissent souvent par s’imposer dans le monde réel. Quant aux deux cent cinquante ans de présence française, l’acculturation à l’œuvre n’a pas permis d’effacer une spécificité corse souvent vue, du reste, de façon très négative de l’autre côté de la mer. La rémanence de cette personnalité nationale fait que notre droit à l’indépendance demeure parfaitement d’actualité. Ce droit a été défendu par les armes, et ce jusqu’en ce début de XXIe siècle. Il continue à l’être, aujourd’hui, par différents moyens. Car la perte de notre souveraineté est exclusivement due à l’annexion française par le fer et le feu. C’est une situation de fait et non de droit. Elle nous a été imposée. Si je suis indépendantiste, c’est parce que je ne considère pas cette situation de fait comme irréversible. C’est parce que je n’accepte pas que la Corse ait pu être amputée de sa souveraineté, donc de son droit à choisir ses interdépendances. Je n’accepte pas que l’on nous ait interdit, de fait, toute relation culturelle ou économique avec le monde italique. Je n’accepte pas que notre rapport au sud de la Méditerranée ait été réduit à une participation à « l’aventure » coloniale française. Les Marocains, Algériens, Tunisiens, avaient vécu la même agression que nous, avec un décalage de quelques décennies. Par quel revirement de l’histoire pouvions-nous être du côté de l’agresseur commun ? Si je suis indépendantiste, c’est parce que je considère que la disparition de la nation corse n’a rien d’inéluctable. C’est parce que cette nation vit dans nos pensées, dans nos mots, dans nos livres, dans nos gestes les plus prosaïques comme dans nos déclarations solennelles. Dans la mémoire de nos anciens comme dans les balbutiements de nos enfants. Parce qu’elle est encore une réalité et que notre devoir est de la préserver et de continuer à la faire vivre. Si je suis indépendantiste, ce n’est nullement par haine de la France – dont j’admire la culture – mais par amour de la Corse. C’est parce que la Corse ne sera jamais une région ou une province. Si elle abdiquait sa vocation nationale, elle renoncerait à être. Si je suis indépendantiste, ce n’est pas par esprit passéiste mais parce que je suis convaincu que sur les plans économique, social, culturel, politique, l’indépendance correspond aux besoins des Corses d’aujourd’hui. Si je suis indépendantiste, c’est parce que je crois que la Corse a encore des choses à dire à l’Europe et au monde. Citoyens européens, nous devons l’être, comme nos amis Catalans ou Ecossais, par notre choix propre et non par une décision étrangère. Si je suis indépendantiste et non autonomiste ou régionaliste, c’est parce que j’ai la conviction que notre souveraineté est inaliénable et qu’elle n’a pu être confisquée par aucun autre pays. Parce que je suis indépendantiste, j’estime que c’est nous faire injure que de nous « concéder » quelque droit que ce soit. Nos droits, nous les tenons de l’ordre naturel et nous attendons simplement qu’ils soient reconnus par tous ceux qui prétendent être traités en amis. Parce que je ne suis pas autonomiste, je n’ai jamais pénétré un ministère parisien avec l’espoir d’un début d’« émancipation », car je ne me considérais pas comme l’un des représentants d’un « peuple enfant ». Toute avancée politique éventuelle, quelle que soit son ampleur, doit être replacée à travers notre volonté collective dans une perspective de souveraineté pleine et entière. Parce que je suis indépendantiste, et quoi qu’ayant toujours été ouvert au dialogue, je n’ai jamais envisagé un instant de reconnaître l’arbitrage de la force injuste ayant accablé notre pays au XVIIIe siècle. Parce qu’être indépendantiste, c’est contester résolument le moindre droit pérenne sur la terre de Corse au bénéfice d’une entité étrangère. C’est, à mon sens, en gardant tout cela à l’esprit qu’un indépendantiste pourra envisager, demain, un réel dialogue avec Paris.

Populu è immigrazione : Quì simu in Corsica

Conférence de presse de Corsica Libera sur La promotion du peuple corse et de ses droits du 28 octobre 2015 : Le débat récemment organisé à l’Università di Corsica sur la notion de « communauté de destin » a donné lieu à une large participation de la jeunesse à travers notamment les syndicats étudiants. Des prises de positions très intéressantes ont été effectuées à cette occasion. Nous nous reconnaissons tout particulièrement dans l’intervention, équilibrée et responsable, de la Ghjuventù Indipendentista.Ce débat constitue pour nous l’occasion de préciser notre propre position en ce domaine. Héritier de la lutte des nationaux corses du XVIIIe siècle, le mouvement moderne de libération nationale combat naturellement pour la défense des intérêts politiques de notre peuple, dont il convient de rappeler qu’il est la seule communauté de droit sur la terre corse. Le peuple corse, seule communauté de droit sur la terre corse Comme l’avait solennellement déclaré l’Assemblée de Corse en 1988, à travers une motion déposée par le groupe de A Cuncolta Naziunalista, notre peuple est composé de Corses d’origine et de Corses d’adoption. Lorsque, il y de nombreuses années, le FLNC a adopté la notion de « communauté de destin », cette dernière ne signifiait pas qu’il suffisait de fouler le sol de l’île pour devenir corse instantanément. L’adoption dont il est question suppose une volonté de participer à notre peuple, ainsi qu’un processus d’intégration. Ce mode d’intégration fonctionne depuis toujours dans notre pays et il a conduit au peuple corse actuel.Aujourd’hui, cette communauté nationale, qui a adopté des étrangers tout au long de son histoire, se pose légitimement la question de son avenir, compte tenu de la politique migratoire mise en œuvre par la France sur le territoire corse : 4000 à 5000 personnes s’installent chaque année dans notre pays. Notre taux d’immigration est deux fois plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE, et quatre fois plus élevé que le taux de la France ! (Et oui, contrairement à une idée répandue dans l’hexagone, ce dernier est loin d’être accueillant !)Nos taux de chômage et de précarité sont extrêmement élevés. Notre langue, vecteur majeur d’intégration depuis le fond des âges, est aujourd’hui en danger, ce qui rend les choses encore plus difficiles. Pour autant, les nationaux corses n’ont jamais eu et n’adopteront jamais le discours égoïste qui caractérise aujourd’hui une large part du paysage politique français. Pour paraphraser Michel Rocard « La Corse ne peut accueillir toute la misère du monde mais elle doit en prendre sa part », propos que le Premier ministre français appliquait quant à lui à son propre pays, conciliant humanisme et bon sens, éthique de conviction et éthique de responsabilité. S’agissant de l’immigration économique, on peut dire que jusqu’à présent la Corse en a pris plus que sa part, ce qui est tout à son honneur mais qui pose pour l’avenir le problème du contrôle par notre peuple de ses flux migratoires, pouvoir dont disposent déjà les Catalans et que le mouvement national revendique depuis fort longtemps.Corsica Libera continuera à militer pour que les institutions de la Corse bénéficient enfin de ce droit de contrôle et de régulation des flux migratoires. La question de l’intégration : ici c’est la Corse La générosité de notre peuple à l’égard de ceux qui sont venus sur sa terre pour trouver de meilleures conditions d’existence implique pour ces derniers de souscrire à un « pacte d’intégration ». Le prélude à ce pacte est naturellement une reconnaissance et un respect réciproque. Ici, ce n’est pas la France mais la Corse. C’est donc la Corse qui accueille les étrangers. La reconnaissance par ces derniers de ce fait incontournable est évidemment la moindre des choses. De la même manière et de façon réciproque, les étrangers voient leurs droits reconnus, au premier rang desquels le droit à une vie matérielle décente et à une progressive intégration.S’agissant des différents modèles d’intégration, celui de la France montre actuellement ses limites, de façon cruellement évidente. Le modèle « multiculturaliste » à la canadienne n’est pas davantage le nôtre : il n’y aura pas sur notre terre de communautés juxtaposées et concurrentes. Nous nous prononçons clairement pour un rejet à la fois du modèle français d’intégration et du modèle multiculturaliste. Un modèle corse doit s’affirmer. Il puise ses racines dans la tradition insulaire du XVIIIe siècle. Rappelons l’attitude extrêmement ouverte de Pasquale Paoli, notamment à l’égard des Juifs : les individus disposaient des mêmes droits quelles que soient leurs origines et confessions. En revanche, il n’était nullement question de nier la place du christianisme dans notre société. Observons que ce modèle corse de gestion de la diversité est proche de l’« interculturalisme » que les Québécois ont notamment développé face au multiculturalisme canadien (cf. travaux de la commission Bouchard-Taylor). Or, c’est ce modèle que le Conseil de l’Europe privilégie depuis la consultation de 2006-2007, rejetant dos à dos d’une part la version française de « l’intégration républicaine » faisant appel à une notion abstraite de « citoyen » détachée de toute réalité, et d’autre part le multiculturalisme qui encourage les communautés à vivre séparément sur un même territoire. Pour les tenants de l’interculturalisme, la vie commune ne peut s’organiser qu’à partir du peuple d’accueil, disposant d’une langue et de valeurs spécifiques et autour duquel s’agencent nécessairement la vie du pays et l’intégration de ceux qui souhaitent y demeurer, même s’il n’est pas demandé à ces derniers de renoncer à leurs religions et à leurs racines. Il existe une « préséance » du peuple d’accueil et de sa « culture fondatrice », pour reprendre la terminologie québécoise. C’est ce que nous exprimons pour notre part en affirmant que le peuple corse est le seul peuple de droit sur la terre de Corse.   La question de la laïcité Ici encore, le modèle français ne correspond ni à nos intérêts ni à nos traditions politiques. Sous l’autorité de Pasquale Paoli, la Corse a inventé un Etat laïque dès la moitié du XVIIIe siècle, ce qui était alors impensable en France et dans le reste de l’Europe. La séparation entre l’ordre ecclésial et l’ordre politique était réalisée, opération extrêmement audacieuse à l’époque. Les Juifs vivant dans l’île disposaient du droit de vote comme les autres citoyens. Il ne s’agissait pourtant pas d’une démarche d’éjection du fait religieux, d’un laïcisme comme celui que la Révolution française créera quelques décennies plus tard. Ce laïcisme français conduit actuellement à des comportements ineptes, comme interdire les crèches dans les lieux publics. Cette laïcité qui prétend effacer les racines culturelles chrétiennes de l’Europe n’est pas la nôtre. La laïcité que nous enseigne la tradition politique corse est fondée sur un respect réciproque. Ici encore, il n’est pas question de renoncer à ce que nous sommes et notamment à l’enracinement culturel chrétien de notre société. La laïcité corse garantit à tous les individus les mêmes droits, quelles que soient leurs religions. Elle donne à chacun la possibilité de se livrer de façon digne au culte de son choix. Elle admet depuis toujours, pour faciliter la vie en commun, ce que les Québécois appellent les « accommodements raisonnables ». La laïcité, dont la raison d’être est de permettre le vivre ensemble, place toutes les personnes, de toutes confessions, dans une position de stricte égalité du point de vue politique, administratif, et quant à leurs droits individuels. En revanche, il n’est pas envisageable de mettre sur le même plan le christianisme, intégré culturellement dans notre pays depuis deux millénaires, et les autres religions présentes dans l’île. On comprendra aisément par exemple que nos fêtes religieuses aient vocation à demeurer ce qu’elles ont toujours été, et que notre laïcité ne conduira pas à leur substituer celles d’autres religions présentes dans l’île.  La crise des réfugiés Il ne s’agit pas ici d’un cas d’immigration économique mais de réfugiés que la guerre a jetés vers l’Europe. Que faire devant cette urgence ? Tenter de barricader ses portes en tremblant, comme certains le suggèrent? Ceux qui ont « une certaine idée de la Corse », ceux qui considèrent que nous sommes une nation, et non une population apeurée sur un morceau de territoire français, ne peuvent avoir cette attitude. En premier lieu, parce que le droit d’asile relève du jus gentium appliqué par tous les pays civilisés. En second lieu, parce que cette forme particulière d’hospitalité est chez nous essentielle, de par nos racines culturelles chrétiennes et notre propre tradition politique. À cet égard, le paolisme n’a pas fini de nous délivrer ses enseignements.En tout état de cause, il convient d’observer que la participation de la Corse à l’effort européen concernera seulement quelques dizaines de personnes à accueillir.Par ailleurs, ne peut-on mettre à profit l’émotion suscitée par cet épisode dramatique pour fédérer toutes les ressources disponibles dans le sens d’une solidarité organisée face à toutes les situations de détresse ? L’Assemblée de Corse ne pourrait-elle se doter d’une entité politique en charge de la coordination de l’ensemble des administrations, des associations et des particuliers, non seulement pour participer – dans la mesure de nos modestes capacités – à la gestion de la présente situation de crise, mais à plus long terme pour venir en aide à tous ceux qui dans l’île éprouvent les plus grandes difficultés ? C’est ce que le groupe Corsica Libera a officiellement proposé à l’Assemblée de Corse lors du débat public du 2 octobre 2015. Ainsi, non seulement les détresses locales ne seraient pas délaissées au profit des réfugiés mais ces derniers auraient provoqué une prise de conscience salutaire au bénéfice de tous. Car la générosité et la solidarité n’ont pas vocation à se diviser mais à s’additionner. La citoyenneté : un pont entre le statut de résident et la nationalité corse de demain Le statut de résident, adopté par l’Assemblée de Corse, constitue une avancée importante dont nous devons obtenir la mise en œuvre par Paris. Pour autant, il ne saurait constituer une fin en soi. Nous militons pour une citoyenneté corse, laquelle devra conduire à terme à l’institution d’une véritable nationalité.  Une citoyenneté fondée sur dix ans de résidence à titre permanent (critère retenu depuis une quinzaine d’années par l’ensemble des formations nationalistes dans le cadre de « A Cunsulta Naziunale ») ainsi qu’une connaissance de notre langue (compétence de niveau A2, critère proposé par le rapport de la mission universitaire sur l’avenir de la Corse d’avril 2011).Cette citoyenneté permettrait d’accéder à la propriété immobilière, à l’emploi, ainsi qu’à l’inscription sur les listes électorales.Observons que la corsisation et la corsophonisation des emplois demeurent des axes essentiels de la politique que nous préconisons. Enfin, précisons que ces propositions de notre part, bien que parfaitement cohérentes avec l’objectif d’indépendance nationale, ont vocation à être mises en œuvre par les autorités corses dès la prochaine mandature, quitte à ouvrir des contentieux avec l’Administration de l’Etat français. Corsica Libera

Aleida Guevara, fille d’Ernesto “Ché” Guevara, soutient l’amnistie

De passage en France, pour une rencontre sur la Tricontinentale (organisation créée à la Havane en 1966 regroupant les forces « anti-impérialistes » d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine), Aleida Guevara, fille du révolutionnaire Ernesto “Che” Guevara s’est rendue au Centre international deculture populaire, une maison associative anticolonialiste de solidarité internationale, où la Section à Paris de l’Associu Sulidarità, organise régulièrement des soirées de solidarité et d’information en faveur des prisonniers politiques corses et de leurs familles. Un représentant à Paris de Sulidarità a pu, ce vendredi 25 septembre 2015, s’entretenir avec Madame Guevara et prendre une photo avec elle en solidarité avec la Campagne “AMNISTIA !” pour la libération de nos prisonniers politiques. Un geste fort internationaliste, de cette personnalité qui continue à œuvrer pour les idéaux de son père. Geste important notamment alors que la jeunesse corse se mobilisent pour nos prisonniers et que Paul-André Contadini, met sa vie en danger pour faire valoir ses droits! Evviva a sulidarità internaziunale ! Libertà per tutti i prighjuneri pulitichi corsi incarcerati ! Amnistia ! Sylvain AlesandriniAssociu Sulidarità – sezzione in Pariggi

Carles Puigdemont – Ancien président indépendantiste de Catalogne

Cher(e)s ami(e)s de Corsica Libera. Je vous remercie pour votre proposition de pouvoir ici vous adresser un message. Je vous remercie aussi pour votre soutien, un soutien que l’on connait depuis longtemps, mais surtout pour ces derniers mois pour tous ces prisonniers politiques, tous ces exilés, et pour tous ces citoyens qui se battent pour un droit fondamental : le droit à l’autodétermination des peuples.Merci à vous tous. Merci pour cet indéfectible soutien au moment où l’Etat espagnol a déclenché contre nous sa répression. Ce n’est pas uniquement un soutien à la Catalogne, c’est aussi un soutien à la démocratie et à cette Europe politique que nous voulons bâtir tous ensemble. Une Union Européenne dans laquelle nous pourrons enfin nous reconnaître, fondée sur la diversité des peuples et nations d’Europe, comme la Corse, la Catalogne et tout autre pays qui se bat pour ses droits. Merci de nous soutenir, et de nous accompagner dans ces douloureux moments. On y arrivera et on y arrivera bien. Il y a une seule façon pour bien y arriver, c’est de donner la parole aux citoyens, pour décider et s’exprimer par eux-mêmes, comme des personnes mûres et responsables pour leur peuple et nation. Je suis convaincu que ce qui va arriver pour la Catalogne arrivera aussi pour la Corse, avec ce droit à l’expression dans cette lutte pour une Europe politique qui puisse enfin reconnaître cette réalité : une Europe de la diversité, ouverte au monde et ouverte face au drame humain qui se déroule en Méditerranée et pour lequel l’Union Européenne s’est montré incapable de réagir. Cette Europe que nous voulons c’est celle que nous voulons bâtir à partir de la base et non du sommet. Merci. Il viendra le moment où nous aussi nous vous soutiendrons, un soutien de tout le peuple catalan, pas seulement pour la Corse mais aussi pour tous les peuples du monde qui se battent pour exercer leur droit à l’autodétermination. Ce n’est pas un droit inexistant ou artificiel, mais bel et bien le premier article de ce pacte civil et politique des Nations Unies que beaucoup d’autres nations et pays ont ratifié, y compris l’Etat Espagnol dans le cadre de sa constitution. Il faut l’exercer de manière démocratique et pacifique. Cela veut dire qu’il ne doit plus y avoir de prisonniers politiques, des exilés et des persécutés pour leur engagement politique. Tout cela n’est pas acceptable dans cette Europe dans laquelle nous voulons vivre et bâtir. Merci encore et j’espère vous revenir en personne et libre. Merci encore pour tout votre soutien.

Interview de Jean-Charles Villanova – Ghjuventù Indipendentista

U Ribombu Internaziunale : Comment vous est venue l’idée de l’occupation et de la grève de la faim ?Jean-Charles Villanova : Après avoir à peu près tout essayé pour se faire entendre par l’Etat et pour sensibiliser le peuple Corse sur l’importance des mesures votées, il fallait changer notre manière de protester et de manifester . Nous avons donc eu cette idée de l’occupation et de la grève de la faim.  U Ribombu Internaziunale : Pourquoi le Nid d’Aigle ?Jean-Charles Villanova : Le choix du nid d’aigle a été fait parce que symboliquement une citadelle, c’est un lieu de résistance. Ça a donné une autre dimension à l’action et nous étions sûrs que cela sensibiliserait bien plus le peuple corse qu’une simple occupation de préfecture ou de bâtiment public comme cela c’est déjà fait. U Ribombu Internaziunale : Les avancées obtenues dans le texte “A Chjama di Corti” sont-elles satisfaisantes selon vous ?Jean-Charles Villanova : Oui les avancées obtenues sont pour nous satisfaisantes même si elles ne restent que des engagements de la part des élus présents. Nous attendons donc que tous ces engagements se concrétisent et qu’on puisse réellement trouver une solution à ce problème qui devrait être réglé depuis longtemps. Le fait d’avoir eu un entretien avec le directeur de cabinet de Ségolène Royal a été aussi une très bonne chose. Nous avons pu dans un premier temps expliquer de manière précise quelle était la situation actuelle dans ce pays, la manière dont l’Etat se désintéresse totalement de la Corse et le mépris avec lequel il traite ses représentants légitimes. A notre grande surprise il y a une méconnaissance flagrante des problèmes politique que rencontre la Corse actuellement… U Ribombu Internaziunale : Le soutien populaire a-t-il été au rendez-vous ?Jean-Charles Villanova : Oui il y a eu un soutien très important de la part du peuple et des élus en général même si ça ne se caractérise plus évidemment par des grosses mobilisations populaires comme il y a 30 ou 40 ans. Il faut prendre en compte le fait que nous sommes en 2015 et que les moyens et les mentalités ont changé, aujourd’hui par exemple la résistance et le soutien ça passe aussi beaucoup par les réseaux sociaux et même si cela peut déplaire à certains c’est une réalité qu’il faut prendre en compte. Nous avons donc pu constater qu’en plus des centaines de personnes présentes en bas du nid d’aigle pour nous soutenir , il y avait une mobilisation incroyable sur les réseaux sociaux que ce soit en Corse ou ailleurs dans le monde et cela nous a beaucoup touché. U Ribombu Internaziunale : Que comptez- vous donner comme suites à ce mouvement dorénavant ?Jean-Charles Villanova : La mobilisation ne fait que commencer pour nous, l’occupation n’est absolument pas une fin en soit ; bien au contraire, c’est le début de beaucoup de choses. Dès à présent, nous préparons une manifestation unitaire sur Ajaccio le 13 juin prochain. Ensuite des rencontres sont prévues avec des représentants de l’Etat sur Paris, mais aussi avec des représentants de l’Union Européenne dans peu de temps. Nous comptons bien faire remonter nos revendications et les faire connaître de tous. Si cela n’aboutit pas et si l’Etat continue de faire la sourde oreille nous repartirons dans des actions peut être plus spectaculaires et plus marquantes encore pour que la volonté de notre peuple soit respectée
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