Emprise mafieuse : la pieuvre bleu blanc rouge (#172)

De tous temps l’attitude de l’Etat français à l’égard du trafic de drogue a été ambivalente. Il n’est nul besoin de remonter aux guerres de l’opium du 19ème siècle où la France, en toute logique coloniale, s’employa aux côtés de ses alliés du moment, à créer militairement  les conditions optimales pour que la production et la diffusion de la substance,  à des fins tout autres que thérapeutiques, prissent leur plein essor. (1) Plus près de nous, en 1993, on pouvait découvrir dans un article du Journal International de Médecine (2), intitulé « Drogue: les États complices » comment de véritables « barons de la drogue » étaient reçus officiellement en grande pompe par la France. Dans une interview Alain Labrousse, Directeur de l’Observatoire Géopolitique des Drogues (3), livrait ces informations: « Le Pakistan est encore le grand pourvoyeur de l’Europe en héroïne à travers la route des Balkans... Tout le monde sait qu’une partie du pouvoir politique actuel au Pakistan est compromis dans le trafic de drogue. Il y a au moins trois ministres et cinq députés qui sont des grands barons de l’héroïne. Leurs noms figurent dans des rapports confidentiels, américains en particulier. Or Monsieur Nawaf Chariff, Premier Ministre, est venu en visite officielle en France en janvier... la question de la drogue n’a pas été mise à l’ordre du jour ». Alain Labrousse devrait d’ailleurs préciser plus tard, à ce sujet, que la vente de sous marins français au Pakistan constituait, selon lui, un exemple de blanchiment de l’argent de la drogue au plus haut niveau des États. En attendant, il déclarait notamment: «  En France, on aura bientôt des scandales où la justice et le pouvoir politique seront pénétrés, infiltrés par les trafiquants. Or, avoir des groupes mafieux infiltrés à tous les niveaux de l’Etat, c’est extrêmement grave ». En plus de trente ans, depuis ces affirmations, la situation n’a fait que s’aggraver même si - la société française étant de plus en plus délibérément cloisonnée - cela peut rester partiellement caché; ce, soit dit au passage, qu’une société de proximité où existe un lien social naturel comme en Corse, où « tout le monde connaît tout le monde », ne permet pas. Dès lors, l’incessant procès fait à cette proximité nous apparaît aujourd’hui pour ce qu’il est vraiment: un argument en faveur de la mise au pas de tout un peuple qui refuse de disparaître, plus qu’une piste de réflexion réelle pour résoudre nos problèmes. En Corse dans les années 80, alors que le mouvement de libération nationale, dans toutes ses composantes, alertait l’opinion et entamait une lutte âpre contre le trafic de drogue, les instances officielles en niaient l’importance. Pourtant, paradoxalement, en 1985 une affaire défraya la chronique, mettant en évidence la parfaite connaissance du problème par les autorités, et, surtout la manière dont elles pensaient s’en servir. Deux officiers de police, Robert Montoya et Fabien Caldironi travaillant en étroite collaboration avec le juge Frédéric N’Guyen, furent inquiétés pour leur participation présumée à un trafic de stupéfiants. Officiellement, ils étaient censés infiltrer un réseau de trafiquants. En réalité, tout en favorisant un trafic qui leur rapportait des bénéfices substantiels, leur principal objectif semblait bien de participer activement à l’intoxication de la jeunesse corse et à recueillir par le biais d’informateurs toxicomanes des éléments sur les activités politiques des jeunes militants nationalistes. Un certain nombre de débordements et d’imprudences, ainsi que la découverte par le mouvement national de leurs agissements, mirent fin à  cet épisode. Brièvement incarcérés en mars 1988, pour « infraction à la législation sur les stupéfiants », ils furent opportunément disculpés assez rapidement. On devait retrouver ces deux protagonistes mêlés à d’autres affaires éclairantes quant à leur statut particulier, notamment lors du scandale des plombiers du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Robert Montoya et Fabien Caldironi furent impliqués dans cette rocambolesque histoire d'écoutes téléphoniques visant un huissier du CSM. À l’époque, malgré leurs dénégations, de nombreux observateurs les soupçonnaient d’avoir agi sur ordre de Christian Prouteau, chef de la cellule antiterroriste de l’Elysée. Il faut savoir que dès la création de cette cellule, en 1982, le commandant Prouteau, cherchant des connaisseurs de la question corse, avait fait appel à leurs services. L'ex-capitaine Paul Barril, aurait d’ailleurs confié que  "Montoya était un excellent informateur de la cellule. Il savait beaucoup de choses sur la Corse... ». Retraité de la gendarmerie avec le grade d’adjudant, on devait retrouver Robert Montoya en Afrique comme conseiller de Laurent Gbagbo, et à la tête de sociétés employant près de 2500 personnes dans sept pays africains. En 1998, un rapport de l'ONU indiquait que Robert Montoya avait probablement recruté quelques 300 mercenaires pour assurer, dans l'ex-Zaïre, la protection du maréchal Mobutu. Il avait également fondé la Société africaine de sécurité (SAS), une entreprise de droit togolais spécialisée dans la sécurité, le gardiennage et le transport de fonds. En décembre 2005, il fut interrogé par la police togolaise, et les locaux de sa société de sécurité privée, située sur l'aéroport de Lomé, furent perquisitionnés. Il avait alors été accusé de trafic d’armes par le ministre de la défense togolais, Kpatcha Ngnassingbé lui-même. La même année, les experts des Nations unies signalaient que « les deux tiers des marchés militaires de la Côte d'Ivoire entre 2002 et 2004 » avaient  « transité par la Darkwood », une société fondée par Robert Montoya.(4) Il ne s’agit là que d’un exemple quelque peu anecdotique, parmi tant d’autres, mais qui démontre bien que les Corses ont tout intérêt à trouver avant tout en eux-mêmes la force et la méthode qui leur permettront de solutionner les problèmes qui se posent à eux, aussi sensibles soient-ils. Si l’on additionne tous les coups tordus, notamment les opérations barbouzardes, tous les contacts occultes, ainsi que le recours à des malfrats de tout poil pour neutraliser le mouvement national corse, jusqu’aux options les plus radicales à l’encontre de ses militants, si l’on tient compte de la complaisance des pouvoirs public concernant certains dossiers où spéculation, monopoles privés et blanchiment d’argent sale font bon ménage avec des autorisations officielles émanant des plus hautes sphères de l’Etat, quelques conclusions s’imposent: Tous les observateurs un tant soit peu objectifs, s’accordent à dire que l’Etat français a privilégié la chasse aux nationalistes corses, laissant prospérer une voyoucratie de plus en plus florissante. Ce qu’on omet de dire, c’est que l’Etat a toujours utilisé ce que, pour le coup, on ne devrait pas avoir peur de désigner comme ses réseaux mafieux, aux quatre coins de son empire colonial, dont la Corse, lorsqu’il s’agit de défendre certains intérêts. Et curieusement, on parle de mafia corse, tout en n’admettant pas que les Corses soient un peuple, mais on ne parle jamais de mafia française. Pourtant les Corses qui participent à des opérations criminelles, ne le font jamais pour servir les intérêts de leur pays mais plutôt, souvent, ceux des consortiums ou des spéculateurs auxquels le législateur français fait la part belle. Quant aux circuits de blanchiment de l’argent du crime, et notamment du trafic de drogue, ils empruntent des chemins qui se situent le plus souvent à l’étranger, et plus particulièrement en France. Quand les Corses demandent des mesures spécifiques pour contrecarrer ces logiques (5), et extraire durablement le corps social des pressions mafieuses, tout leur est interdit. Par contre des dispositifs répressifs exceptionnels, sur fond de diabolisation de cette proximité qui forge notre lien social et culturel, eux, sont à l’ordre du jour. Et l’Etat français, parrain de tous les parrains, se voit décerner un blanc seing... pour régler ses affaires de famille sans doute. Et pour utiliser, comme bon lui semblera, un arsenal judiciaro-policier qui, on nous le promet, ne servira aucun objectif politique et nous garantira contre l’arbitraire auquel nous sommes malheureusement habitués: les promesses, pour paraphraser un ancien ministre de l’intérieur français, n’engagent toutefois que ceux qui y croient. Lorsqu’on met bout à bout tous ces éléments, on s’aperçoit qu’au delà de querelles sémantiques subalternes, si l’on veut combattre réellement l’emprise mafieuse en Corse, il serait pertinent de ne pas oublier que la pieuvre est beaucoup plus bleu blanc rouge qu’on veut bien nous le dire. 1. un article édifiant sur les conséquences des guerres de l’opium est à retrouver via internet sur le site « village de la justice », intitulé « Quand la France vendait l’opium Indochine française » (par Vincent Ricouleau, professeur de droit - 19/09/2017, modifié le 02/06/2023). 2. JIM numéro 252, février 1993, « Drogue, les Etats complices ». 3. En décembre 1992, le Docteur Jean Claude Dominici était mandaté par l’Associu Corsu di a Salute pour assister au colloque organisé par l’Observatoire Géopolitique des Drogues à l’Arche de La Défense à Paris. Son travail incessant et ses contributions au service de la Corse sont ici à souligner. 4. Se référer, entre autres, à l’article paru dans le journal Le Monde/Afrique/(10.01.2006) sous le titre: « Robert Montoya, un plombier en Afrique). 5. Cf. Conférence de presse du mouvement Nazione du 06/03/2025.

A SFIDA NOVA : De l’autonomisme à une stratégie de souveraineté

Au seuil de cette nouvelle année, force est de constater que les espoirs, nourris par de nombreux Corses, de voir notre pays connaître une avancée institutionnelle significative, doivent être relégués au magasin des illusions déçues. Il est vrai que les choses avaient bien mal commencé avec l’acceptation des lignes rouges imposées par Paris au lendemain de l’assassinat d’Yvan Colonna. Deux ans plus tard, le dîner de Beauvau allait confirmer l’étendue du désastre politique : l’écriture constitutionnelle proposée par le gouvernement français – et curieusement signée par plusieurs formations nationalistes corses – actait le renoncement à l’ensemble des fondamentaux d’une lutte de plusieurs décennies : pas de reconnaissance des droits du peuple corse, pas de pouvoir législatif, pas de coofficialité de la langue corse, pas de statut de résident… Demeurait simplement un mot, celui d’« autonomie », une coquille vide. Pire encore : une escroquerie intellectuelle, tous les juristes de la terre sachant qu’à défaut de pouvoir législatif il ne peut y avoir d’autonomie. Passons sur l’erreur ayant consisté, pour des nationalistes, à valider un tel accord. En tout état de cause, il paraît aujourd’hui peu probable qu’il aboutisse, compte tenu de la confusion régnant aujourd’hui en France. Il est d’ailleurs largement préférable que ce projet soit abandonné, car il ne porterait rien de concret et contribuerait à bloquer toute réelle avancée éventuelle dans les années à venir.   Quoi qu’il en soit, une chose est difficilement contestable aujourd’hui, si l’on fait preuve de la bonne foi la plus élémentaire : la stratégie autonomiste mise en œuvre ces dernières années s’est soldée par un échec cuisant. Elle doit donc être abandonnée au plus tôt. DA LEGHJE : A SFIDA NOVA

Lugliu #167 hè quì !

A FRANCISATA BASTA : populu corsu elettori corsi NAZIONE Elezzione legislativi Cunfarenza di stampa Refonte du corps electoral et démarche internationale à l’ONU - La colonisation française de la Corse : Intervention de Jean-Guy Talamoni - Discours de Jean-Marc Rodriguez GHJURNATE INTERNAZIUNALE i 3 è 4 d’Aostu in Corti U Prugramma STORIA Prucessu di i militanti di u FLNC U 14 di ghjugnu 1979 ---Pour les abonnés, choisissez simplement "ajouter au panier" puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger.  www.uribombu.corsica

Cap’Articulu #167 : “ Galoppa cavallu sfrenatu…”

“ Galoppa cavallu sfrenatu Sì di populu natu È sta terra hè a toia. À galuppà, à galuppà Sin’à lampalli ind’u mar’ " Canta u Populu Corsu « Vous me parlez corse, ce n’est pas correct »: sta cacciata fatta ind’è un dibattitu puliticu da una candidata francese di u RN ci face vede à chì puntu ne simu ghjunti oghje in Corsica. A carnavalata contrastagione ch’ella hè stata st’ultima elezzione legislativa deve fà capì à tutti a necessità di definisce oghje più ch’è mai un corpu eletturale corsu, leghjittimu, chì pigli in contu a nostra realità di populu. È chì ci pirmetti di fà campà una vera demucrazia induve ognunu averà a pussibilità di sprime ciò ch’ellu pensa esse u megliu pè u bè cumunu; è duve i voti di i Corsi seranu infine rispettati, è appiecati. Ciò chì si passa ind’è noi s’assumiglia à ciò chì ghjustificheghja a rivolta attuale in Kanaky : a culunizazione di pupulamentu - è dinù di certi cerbelli tocchi da tamantu francisume - sò e piaghe cunnisciute di u culunialisimu. E nostre intervenzione à u livellu internaziunale diventanu tandu più ch’è necessarie da fà sapè à u mondu sanu ciò ch’è u Statu francese cuntinueghja à impone à lu nostru populu. A Francia ùn ricunnoscerà mai da per ella i diritti, o ancu puru l’esistenza, di u nostru populu. Tocc’à noi à cumpurtacci da populu in casa nostra, fendu fronte contr’à tutte e pratese straniere chì ci volenu poc’à pocu sottumette à i so usi, à e so legge chì ci lampanu fora d’ind’è noi, à e so scimità chì neganu a nostra cultura prufonda è a nostra prussimità di populu mediterraneu. Da a Kanaky à a Corsica, passendu da tutte l’altre culunie di un imperu anacronicu è dicadente, a ripressione è a viulenza di u Statu francese contr’à i nostri populi ùn puderà fà piantà e nostre lotte, e nostre brame di ghjustizia è di libertà. Al dilà di e so origine, tutti quelli chì sò sinceramente ligati da stu sintimentu naziunale, spartenu sta vuluntà irrimuvevule di fà campà u nostru populu, sola cumunità di dirittu in terra corsa, da una generazione à l’altra. U nostru destinu, ch’ella sia chjara pè tutti, ùn pò esse ch’è un destinu naziunale è corsu. È sempre c’impetteremu cù tutti quelli chì ci vuleranu impedì di prununzià parolle dolce cum’è Mamma, Babbu, Terra, Nazione in lingua nustrale. « Sin’à lampalli tutt’in mare »

Hè esciutu u #166 !

https://uribombu.corsica/produit/n166-aprile-maghju-2024/ Nazione : Speculazione in ulmetu Mubilizazione è cunfarenza di stampa Dossier Kanaky - La refonte du corps électoral, passage obligé vers l'émancipation - Interview : Mickael Forrest, ministre du FLNKS - De la Kanaky à la Corse, la stratégie coloniale contre la liberté des peuples. U Ribombu Internaziunale - Charité bien ordonnée..."344 millions d'euros" POUR QUOI FAIRE...? - Ci hè da ride : Ange rovere revisite l'histoire Sindicatu di i Travagliadori Corsi - 40 anni di lotte suciali discorsu di Fred Bagnaninchi Storia - Consulta d'Orezza U 18 d'aprile 1734 - Pasquale Paoli, U Ritornu Aprile 1755 - I martiri di Ponte Novu, L’ottu di maghju 1769 Cultura - A Casa di Zia Mattea, a cultura in u cruzzini

U vostru Ribombu #166 hà da esce !

Nazione : Speculazione in ulmetu Mubilizazione è cunfarenza di stampa Dossier Kanaky - La refonte du corps électoral, passage obligé vers l'émancipation - Interview : Mickael Forrest, ministre du FLNKS - De la Kanaky à la Corse, la stratégie coloniale contre la liberté des peuples. U Ribombu Internaziunale - Charité bien ordonnée..."344 millions d'euros" POUR QUOI FAIRE...? - Ci hè da ride : Ange rovere revisite l'histoire Sindicatu di i Travagliadori Corsi - 40 anni di lotte suciali discorsu di Fred Bagnaninchi Storia - Consulta d'Orezza U 18 d'aprile 1734 - Pasquale Paoli, U Ritornu Aprile 1755 - I martiri di Ponte Novu, L’ottu di maghju 1769 Cultura - A Casa di Zia Mattea, a cultura in u cruzzini

Petru Antone Tomasi : Nazione, ripressione, beauvau

U RIBOMBU : Le 28 janvier dernier, Nazione était portée sur les fonts baptismaux par plusieurs centaines de militants, en quoi la création d’un nouveau mouvement politique est-elle apparue comme indispensable ? Ces derniers mois, une volonté partagée s’est exprimée afin de doter le courant indépendantiste d’un nouvel instrument de lutte, adapté aux défis que connaît actuellement notre pays. Aussi, en des termes différents mais convergents, Corsica Libera, le collectif d’anciens prisonniers Patriotti ainsi que le FLNC ont appelé à la création d’un regroupement large des militants de la Lutte de Libération Nationale partageant à la fois un constat critique de la situation politique de la Corse, des objectifs communs mais aussi une détermination sans faille afin d’oeuvrer pour une solution politique réelle au bénéfice du peuple corse et de ses droits. C’est ainsi qu’est née Nazione : un mouvement politique qui intègre la réalité militante qu’a été Corsica Libera durant près de quinze années mais qui va bien au-delà ainsi qu’en témoigne la composition de ses instances. Deux jours plus tard, sur ordre du Parquet national antiterroriste (PNAT), deux militants de Nazione étaient interpellés, transférés à Paris et - provisoirement - incarcérés, quel lien établissez-vous entre ces deux événements ? Un lien évident ! Ces interpellations arbitraires et outrancières (portes défoncées à l’explosif, père de famille jeté au sol devant sa famille, jeux d’enfants intentionnellement détruits…) sont une réponse de l’appareil d’Etat au succès de l’Assemblée générale constitutive de Nazione. Elles sont l’oeuvre d’une police politique aux ordres d’une justice politique qui vise à réprimer l’expression d’un mouvement public, Nazione, qui se situe dans une opposition résolue à la politique d’assimilation à marche forcée qui est aujourd’hui menée par l’Etat français et, malheureusement, avalisée par nombre de forces politiques dont certaines se revendiquent de l’idée nationale. Ces manoeuvres de déstabilisation sont cependant sans effet sur le déploiement de l’action de Nazione qui a d’ailleurs poursuivi sa structuration, la diffusion de son message politique et qui prépare l’intensification de sa présence sur le terrain. Pour en terminer sur le sujet de ces opérations répressives qui ont visé Nicolas Pinzuti et Antò Simoni, leur sortie de prison après respectivement quelques jours et trois semaines de détention confirme le caractère indigent des dossiers d’instruction et le caractère purement politique de leurs interpellations. Cependant, à l’heure où nous parlons ils sont certes hors des murs des prisons françaises mais ne sont toujours pas libres puisqu’assignés à résidence en France. Afin qu’ils retrouvent leur terre (à l’instar de Charles Pieri qui se trouve toujours dans une situation similaire depuis plus d’un an), la manifestation du 2 mars prochain organisée à l’initiative de Sulidarità et de Patriotti se doit d’être un succès populaire. Désormais, quelle est la feuille de route de Nazione ? Il s’agira de mettre en oeuvre les orientations débattues et massivement adoptées par les militants à l’occasion du vote de notre motion d’orientation générale : mise en place d’un cycle de mobilisation de terrain et de consolidation de la logique de contre-pouvoirs, poursuite de la stratégie d’internationalisation de la question nationale corse notamment à travers les contacts noués avec le Mouvement des Non-Alignés, présentation d’une offre de solution politique alternative à la farce des discussions de Beauvau, actualisation d’un projet indépendantiste robuste afin de répondre aux attentes quotidiennes des Corses et de préparer l’avènement de la République corse. En synthèse, l’action de Nazione a pour objectif de garantir l’accomplissement d’un destin national corse. Cette perspective nous apparaît salutaire à l’heure où les responsables autonomistes, à rebours du serment passé devant les Corses, structurent exclusivement leur action par le « dur désir de durer » à la tête des institutions corses. Cette formule du poète Éluard était convoquée par un ami indépendantiste catalan, il y a quelques temps, afin de qualifier le dévoiement de certains responsables du mouvement national en Catalogne. Elle me semble totalement transposable à la situation corse… À l’heure où le Ribombu est mis sous presse, une « déclaration solennelle » vient d’être signée [23.02.2024] par de nombreux élus de la Corse dans le cadre des discussions de Beauvau. Est-ce l’esquisse d’un « processus à vocation historique » ? Dès mars 2022 et la signature du Protocole Darmanin-Simeoni indiquant les « lignes rouges » imposées par l’Etat français et avalisées par les responsables du Cours Grandval, il n’y avait plus ni « processus historique », ni « solution politique » au conflit dans le cadre des discussions de Beauvau. La « déclaration solennelle » à laquelle vous faites référence ne change rien de fondamental à la donne politique et au constat établi par Nazione. Pour notre part, nous avons toujours jugé sur pièce l’évolution de ces discussions quant à une éventuelle évolution du statut de la Corse. Nous ne dérogeons pas à cette ligne et émettrons un avis définitif une fois que nous serons en possession d’un projet finalisé. Cependant, à ce stade, nous constatons que cette « déclaration solennelle » traduit un nouveau recul quant à la position défendue par la majorité territoriale et ses alliés. Le texte se situe déjà deux niveaux en-deçà de la délibération du 5 juillet que Josepha Giacometti-Piredda n’avait pas approuvée au titre du courant désormais incarné par Nazione, et ce avant même le début effectif des discussions avec Paris sur la rédaction d’un texte constitutionnel. De façon tangible, ladite déclaration se conforme explicitement aux « lignes rouges » ou « principes intangibles de la République française » fixées par le gouvernement français en renonçant à trois principes fondamentaux de la lutte nationale, au moins : pas de peuple corse et de reconnaissance de ses droits nationaux mais une simple « communauté » peuplant « l’île de Corse » ; pas de co-officialité de notre langue mais l’acceptation d’un « service public de la langue » ; pas de citoyenneté corse conférant au peuple corse le « droit d’avoir des droits » - selon l’expression d’Hannah Arendt - spécifiques sur sa propre terre. Or, ces renoncements n’ont pas seulement une portée symbolique, donc politique, ils ont également une conséquence pratique puisqu’ils neutralisent la capacité future du peuple corse à adopter des mesures efficaces face aux menaces auxquelles il doit faire face. Quant aux autres questions - « autonomie fiscale », « statut de résidence », « pouvoir normatif de nature législative » - la rédaction du document laisse la place à toutes les interprétations, y compris les plus restrictives. C’est la raison pour laquelle, Josepha Giacometti-Piredda, fidèle à sa ligne de conduite n’a pas pris part à la signature de ce document. C’est la raison pour laquelle Nazione continuera à porter dans le débat publique une parole libre et cohérente conforme à la recherche d’une solution politique et d’une paix réelles au bénéfice du seul ayant-droit légitime sur la terre de corse : le peuple corse.

#163 hè esciutu !

https://uribombu.corsica/produit/n163-dicembre-2023-ghjennaghju-2024/ Chjama Patriotta - Assemblea Generale u 28 di Ghjennaghju in Corti - Interview de Ghjuvan'Filippu Antolini Cap’articulu : Pè un destinu corsu è un avvene di libertà U Ribombu - Un (nouveau) rapport pour rien - A francisata basta ! Internaziunale Corsica Libera au siège de l‘onu : Conférence anticoloniale à genève Allocution de Ghjuvan'marcu Rodriguez et Jean-Guy Talamoni Cultura Piombu 1976 – « Rughji Neri » : l’exposition de l’artiste militant ---Pour les abonnés, choisissez simplement "ajouter au panier" puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger.  www.uribombu.corsica

“Stratégie pour un destin corse” da Jean-Guy Talamoni

Non, le destin de la Corse n’est pas français, comme l’affirmait curieusement le président de l’exécutif il y a quelques jours. Non, on n’a pas le droit de renvoyer dos à dos – il l’avait fait deux semaines plus tôt – le crime organisé qui sévit dans notre pays et ceux qui ont tout sacrifié pour défendre ce même pays. Non, déférer aux injonctions de l’adversaire et aller toujours plus loin dans le reniement ne constitue pas une stratégie valide. Ni digne, au demeurant. Car c’est bien de stratégie qu’il s’agit. Le problème n’est jamais une question d’homme. Les hommes peuvent changer. En mal – ici, quelques exemples peuvent venir à l’esprit –, mais parfois aussi en bien. Comme avocats, nous avons l’habitude de le rappeler : ne jamais réduire un homme à certains de ses actes, fussent-ils singulièrement graves. À un problème politique persistant, la bonne réponse ne peut-être de désigner un bouc émissaire. Un tel problème appelle une stratégie adaptée. Celle mise en œuvre depuis 2021 par le Cours Grandval à l’égard de Paris (connivences – courbettes – compromissions) a largement montré sa nocivité pour le mouvement national (déloyauté – déstabilisation – division). Dès l’origine, ces lourds inconvénients ne sont pas passés inaperçus. Pour toute réponse à ces inquiétudes, on a alors entendu une petite musique, celle de la prétendue realpolitik : « Capisci, il faut être malin, on va obtenir l’autonomie… ». Malheureusement, même si l’on fait abstraction des questions d’éthique – ce qui n’est jamais bon –, force est de constater que cette « stratégie » n’en est pas une. Elle ressemble plutôt, au mieux, à de la rouerie de cantine. Il suffit d’avoir lu quelques livres d’histoire pour savoir que la France n’a jamais concédé la moindre avancée à un peuple soumis à sa tutelle sans y être contraint par un rapport de force. Jamais. Ainsi, en Corse, après avoir conduit ses interlocuteurs à des compromissions difficiles à assumer, Paris les a subitement abandonnés, désormais sourd à leurs appels incessants et larmoyants au « dialogue ». En politique, si l’on peut négocier avec des adversaires, on ne le fait généralement pas avec ceux qui ont accepté d’être des subordonnés. C’est dans cette situation d’indifférence et de mépris parisiens qu’est intervenu l’assassinat d’Yvan Colonna, suivi de la révolte de notre jeunesse. Débarquait alors en urgence Gérald Darmanin, le mot d’autonomie à la bouche, cherchant avant tout à rétablir le calme en cette période préélectorale. Le semblant de processus qui s’est déroulé depuis lors a donc pour cause exclusive la détermination des jeunes Corses. Dès que les élus reprirent la main, ils acceptèrent d’écarter des discussions les sujets les plus essentiels, à travers les « lignes rouges » mentionnées dans le protocole Darmanin-Simeoni. Plus que d’une erreur, il s’agissait d’une nouvelle faute, laquelle ne pouvait déboucher, un an et demi plus tard, que sur l’ouverture en trompe l’œil opérée par le discours d’Emmanuel Macron devant l’Assemblée de Corse : une rhétorique avenante cachait le vide sidéral du fond politique. Comme devait le constater l’éditorialiste Jean-François Achilli sur France Info : « Une déclaration forte dans les mots, mais pas dans les contenus ». Pas de reconnaissance des droits du peuple corse, pas de corsisation des emplois, pas de statut de coofficialité pour sauver notre langue, pas de statut de résident pour interrompre le processus de dépossession… Voilà donc où nous en sommes. La « stratégie » à l’œuvre mène tout droit à l’échec et il faut en changer. Comment transformer le bavardage institutionnel actuel en négociation porteuse d’avancées ? Pour notre part, nous n’avons cessé, depuis 2015, de préconiser la mise en place d’un rapport de force, serein et déterminé. Nous avons collectivement les moyens d’une véritable mobilisation populaire à travers nos forces vives, politiques, syndicales, associatives… L’appel de Patriotti pour la réunion du 15 octobre à Corti peut en être l’occasion et c’est dans cet esprit nous y participerons. L’objectif doit être de convaincre l’ensemble des nationaux que seul paye le courage politique. Quant à ceux qui rédigent actuellement la chronique d’un échec annoncé, offrons leur – par-delà leurs erreurs – la possibilité d’apporter une contribution aux nouvelles pages que nous voulons écrire. De nouvelles pages qui mériteront enfin, sans grandiloquence ridicule, le qualificatif « historique ». Jean-Guy Talamoni

autoNÒmia

Populu Corsu Statutu di residente Cuufficialità Cursisazione di l'impieghi Putere legislativu autoNÒmia
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