#148 di Maghju : In fine quì !

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Conflit en Ukraine : Le combat de David contre Goliath… (Ribombu #147)

Depuis plusieurs mois l’administration américaine et Jo Biden mettaient en garde les européens sur une prochaine attaque de l’Ukraine par la Russie. Les européens les estimaient trop alarmistes, sauf que les services de renseignements avaient des éléments sérieux qui confirmaient leurs dires. Emmanuel Macron, élu à la tête de la présidence de l’Union Européenne pour six mois tenta vainement de faire jouer au maximum la diplomatie pour désamorcer cette crise très grave, la plus grave depuis la guerre froide. Pour l’opinion publique russe, Vladimir Poutine a prévenu depuis des mois qu’il ne laisserait pas rejouer le scénario Croate, c’est-à-dire « pas de nettoyage ethnique » des deux territoires pro russes. Il accuse les ukrainiens de maltraiter la population pro-russe, un peuple frère. Excuse grossière qui a pour seul but d’obtenir l’aval de l’opinion russe pour envahir l’Ukraine. Lundi 21 février dans la soirée Vladimir Poutine donne l’ordre à son armée de « maintenir la paix » dans les deux territoires auto proclamés du Donbass : Donetsk et Louhansk, ce qui lui permettrait d’envahir l’Ukraine plus facilement. Dans sa logique de ramener dans la fédération de Russie tous les territoires qui composaient le grand empire russe, l’Ukraine est un but qu’il espère atteindre rapidement. Il est violemment opposé au fait que le peuple ukrainien ne veut pas se soumettre à la Russie, et affiche un véritable mépris à son égard. Il considère l’Ukraine comme une région de la Russie, et refuse de la reconnaître comme un pays à part entière. Chez Poutine, tout est préparé, codé, il envoie sans arrêt des messages aux occidentaux comme par exemple lors de son entretien avec Emmanuel Macron au Kremlin. Les médias du monde entier ont relayé la photo de l’immense table qui séparait les deux présidents (officiellement pour cause de Covid) mais un détail important leur a échappé : la grande statue de Pierre le Grand qui se dressait derrière lui. Pour l’histoire Pierre le Grand, le tsar Pierre 1er, était un véritable autocrate qui brisera brutalement toute rébellion par la force, entre autre la réunification et indépendance de l’Ukraine à cette époque. Poutine en est un fervent admirateur. Au jeu de go et poker menteur, Poutine est le plus fort ! Face à ses interlocuteurs il a laissé croire qu’il s’intéressait à leurs propos, alors qu’il a en horreur la diplomatie. Pendant qu’il leur parlait, il savait déjà que son plan prévu de longue date pour l’invasion de l’Ukraine entrait en action.. Jeudi 24 février à 4h du matin, les chars russes entrent en Ukraine par les deux territoires auto proclamés à l’est. Les troupes terrestres passent la frontière de la Biélorussie, appuyées par les hélicoptères et avions de guerre. La marine de guerre arrive par la mer noire. Les attaques terrestres et aériennes frappent pratiquement tout le pays. Dans la soirée, les russes s’emparent de la centrale de Tchernobyl. Les déchets nucléaires pourront servir à la confection d’armes nucléaires. Poutine n’a jamais pardonné à l’Ukraine son vote massif pour l’indépendance en 1991. (92%) au lendemain de la dislocation de l’URSS. Quand elle prend son indépendance, l’Ukraine conservera la Crimée, affront de plus pour Moscou ! Ce lieu est stratégique pour la flotte russe qui stationne à Sébastopol depuis la fin du 18ème siècle, ville chargée d’histoire, fondée en 1783 par Katherine II. A coup de chantage au prix du gaz, le Kremlin parviendra à nouer des accords pour continuer d’y laisser stationner sa flotte, et près de 25.000 habitants jusqu’à l’annexion en 2014. Désormais chez lui, Poutine a montré qu’il ne reculerait pas, en inaugurant en 2018 un grand pont de 19 kms qui rattache définitivement la péninsule à la Russie. Le combat de Poutine est avant tout contre l’OTAN à qui depuis des années il reproche d’être « américanisée ». Il s’insurge contre les nombreuses bases militaires et fusées disposées autour des frontières proches de son pays A sa décharge, est ce que les américains accepteraient un tel déploiement de forces à leur frontière avec le Mexique par exemple...Pour lui, l’OTAN et ses alliés n’ont pas respecté les accords qui stipulaient qu’il n’y aurait pas d’élargissement des bases militaires vers l’Est. Poutine n’a jamais caché sa détermination à restaurer le statut de puissance mondiale de la Russie après des années d’humiliation supposées par les Etats Unis et leurs alliés de l’OTAN. Il a réussi à redonner à la Russie un rôle stratégique de puissance mondiale après les années 1990. Son obsession est que les anciens territoires russes se rapprochent de l’OTAN. Il ne veut pas de démocraties à ses frontières ni de rapprochement avec cet occident « décadent » qu’il hait. Sa colère n’a fait qu’augmenter avec les demandes d’adhésion à l’Otan de plusieurs pays ex satellites de l’URSS, comme la Georgie ou la Moldavie. Avec l’invasion de l’Ukraine, le chef du Kremlin envoie aux occidentaux un message fort; il foule au pied la démocratie et ne reconnait que la force avec laquelle il menace, sous-entendu avec sa force nucléaire dont il est si fier. Dans la dernière phrase de sa déclaration de guerre, cette menace est réelle. Vladimir Poutine déclare que « quiconque s’opposerait à l’action russe en subirait des conséquences inconnues dans votre histoire ». La violence des propos confirme son incapacité à se faire entendre sur la scène internationale. Depuis la guerre de Géorgie en 2008, la Russie a augmenté et modernisé massivement sa force militaire et par la même ses équipements nucléaires. En annonçant la mise en alerte des unités de l’armée russe, Poutine passe à un niveau supérieur, au niveau nucléaire, cela veut dire que les têtes et vecteurs seront activés, les pas de tir préparés. Dans ce conflit, des cibles potentielles seront identifiées sur le sol ukrainien ; stocks de l’armée, infrastructures vitales etc. La Russie a toujours dit qu’elle pourrait avoir recours à l’usage tactique de l’arme nucléaire sur les théâtres d’opérations. Elle ne rejette pas non plus son emploi dans le cadre d’une offensive, pour mettre fin plus rapidement à un conflit. Moscou a largement communiqué sur la modernisation de son armement nucléaire pour bien montrer qu’elle peut s’en servir à tout moment. L’armée russe deuxième armée mondiale, est un véritable rouleau compresseur devant lequel l’armée ukrainienne aura du mal à résister, même si en quelques années avec l’aide des américains elle s’est étoffée. Comme il a fait en Afghanistan, en Syrie, en Tchétchénie, Poutine fait pilonner les villes par l’artillerie des chars, et par les bombardements puisqu’il jouit de l’espace aérien que l’Otan ne veut pas fermer, pour éviter une escalade et n conflit mondial. Le but est de terroriser les populations pour les faire fuir Le salut de l’Ukraine pourrait venir de l’engagement de la population et du nombre impressionnant de volontaires qui ont rejoint les centres de recrutement, certains en provenance d’autres pays européens. Poutine a pour but de renverser le Président ukrainien Volodymyr Zelensky et son gouvernement qu’il n’a jamais reconnu, le qualifiant de junte, de « nazis » « d’homosexuels et drogués ». Il mettra alors en place un homme aux ordres de Moscou. Il a galvanisé son opinion en déclarant qu’il était obligé d’intervenir pour « éviter un génocide dans les territoires pro-russes » et qu’il lançait une « opération militaire spéciale » pour « dénazifier et démilitariser’ l’Ukraine ». Les américains et européens sont sidérés, et vont même jusqu’à se demander si Poutine a encore toutes ses facultés mentales. Non Vladimir Poutine n’est pas fou ! C’est un autocrate froid et cynique, mais l’homme est intelligent Les russes voient en lui le sauveur qui a remis sur les rails leur pays et se fait respecter à l’étranger. Depuis son arrivée au pouvoir, le niveau de vie des russes s’est sensiblement amélioré. Il est imprégné de la culture soviétique qui considère que la vie humaine est secondaire par rapport à l’intérêt de l’Etat ce qui lui fait dire qu’il ira jusqu’au bout. Il n’a pas digéré le refus de l’occident de l’aider, alors que son pays à la fin du communisme avait une inflation qui frôlait 2500 %. L’occident n’a pas répondu à ses appels espérant que la Russie ne se relèverait pas. A cette époque Poutine était partisan d’un rapprochement avec l’ouest. Il s’est considéré trahi. Il n’a aucun respect pour l’Europe toujours à la remorque des américains, sans pouvoir propre. Il considère que son pays appartient au « monde russe » et que les Etats Unis essaient de le diviser. Il est autant adulé que détesté, à l’instar de cet homme d’affaires russe, ancien banquier, réfugié aux Etats Unis, Alex Konanykhin qui promet depuis le 2 mars un million de dollars aux personnes qui arrêteront Vladimir Poutine. Il a même appelé les militaires russes à agir pour mettre un terme à ses agissements en Ukraine, selon lui Vladimir Poutine est un « criminel de guerre en vertu des lois russes et internationales » et son arrestation serait justifiée » Poutine s’est forgé un personnage qu’il a survendu aux russes. Il contrôle les médias qui ne diffusent que des images autorisées le représentant en « homme fort »  Il a créé une image collective qui n’a rien à voir avec la réalité. C’est un fonctionnaire, issu de la police, qui a gardé sa mentalité soviétique. En ancien membre de l’ancien KGB soviétique il ne fait confiance à personne, même pas à ses plus proches conseillers qu’il malmène bien souvent en public. Pour lui, son devoir est de rétablir la grandeur de l’empire soviétique, avec ceux qui ont le plus regretté sa chute et en souffrent encore, les anciens du KGB, de l’armée et de la police soviétique. Il ne cache pas son mépris des occidentaux qui l’ont trahi, et ne se gêne pas pour les rabaisser dès qu’il le peut. En 2007 il humilie Sarkozy, celui-ci est sorti de son bureau après un entretien en titubant. Aucun des deux hommes ne boit d’alcool ! Sarkozy a haussé le ton pour lui parler de sa politique en Tchétchénie, d’une journaliste assassinée, des droits de l’homme non respectés. Poutine l’aurait écouté sans réagir, puis sur un ton glacial il lui aurait dit « tu es petit, si je veux je peux t’écraser, alors tu te tais». Sarkozy sort blême, sonné. Dernièrement, Emmanuel Macron Président de l’Union Européenne, Président de la république française, a fait le voyage à Moscou pour essayer de le dissuader d’envahir l’Ukraine. Personne à l’aéroport pour l’accueillir, pas de tapis rouge, pas de traitement diplomatique d’un chef d’Etat. On le conduit à la table de discussion où le maître du Kremlin est déjà installé à 6 mètres de distance. Il ne s’est pas levé pour le recevoir, il est installé en « position de force » Non Poutine n’est pas fou ! Il est froid, cynique, impitoyable, sans le moindre sentiment d’humanité, il est prêt à tout pour augmenter les territoires  de la Russie et redonner à son pays la dimension de l’ancien grand empire Il est enfermé dans son raisonnement totalitaire et croit à ce qu’il s’invente comme à dire que les ukrainiens sont des nazis. Il réécrit l’histoire à sa manière, essaye de s’en persuader ainsi que son peuple, surtout les anciennes générations qui regrettent le soviétisme. Les jeunes eux, qui n’ont pas connu cette période sont plus tournés vers l’occident. Ils se battent pour la liberté, la culture, ils veulent voyager dans le monde sans contraintes. Ils utilisent tous les réseaux sociaux, mais le président russe vient de les fermer ainsi que les médias indépendants, la presse russe est muselée, certains journalistes quittent le pays quand il en est encore temps. « L’écho de Moscou » se saborde mais continue de diffuser sur Youtube. Il affronte le même problème en Ukraine, pays grand comme la France, avec une population d’environ 42 millions d’habitants et une jeunesse qui n’ayant pas connu l’époque soviétique, aspire à la liberté, la culture, l’indépendance et ne veut pas revenir en arrière après 20 ans de vie libre. Ils sont russophones, mais attachés à la langue ukrainienne qu’ils défendent et pratiquent au quotidien. Poutine l’a d’ailleurs fait valoir pour la défense des pro-russes disant qu’on les obligeait à parler en ukrainien. Dès sa réouverture sous la nouvelle présidence, l’Université de Kiev a vu une augmentation importante d’étudiants, tous tournés vers les médias, les nouvelles technologies. L’université de la culture propose même un cursus gratuit de Tiktokeur validé par un diplôme officiel. Deux mondes s’affrontent, en termes de civilisation, mais aussi de religion. Poutine est orthodoxe, il considère l’orthodoxie comme partie intégrante de la civilisation russe. Il est pratiquant, et ne manque jamais les grandes célébrations, comme à la fête de l’Epiphanie, où il prend son bain dans l’eau glacée, comme le veut la tradition, toujours devant les caméras, images largement diffusées par les médias nationaux. Lors de son discours du 21 février, Poutine a accusé Kiev de réprimer l’église orthodoxe de Russie. Elle est rattachée au patriarcat de Moscou, depuis 1933 sous Staline, mais Kiev a fait scission avec Moscou, et est rattachée maintenant au patriarcat de Constantinople. A Moscou, le très controversé patriarche, Kirill, sulfureux personnage, richissime grâce à des affaires traitées avec le gouvernement en place, mêlé à des scandales de corruption, très proche du président russe,(il était agent du KGB dans les années 1970) célèbre la « guerre sainte » de Poutine contre « les forces du mal » et « l’occident décadent » dans ses dernières homélies, et béni les troupes avant leur départ en Ukraine. Guerre du nouveau monde, depuis 2014 avec les réseaux sociaux, c’est la guerre des médias par images interposées, fake-news, cyber-attaques avec lesquelles les deux camps s’affrontent. Mais les russes privés d’informations autres que les médias officiels ne croient pas à une guerre et pour la majorité soutiennent leur président, surtout les plus âgés nostalgiques de l’ère soviétique. Les jeunes eux sont les principales victimes de ce rideau de fer qui s’abaisse sur leur pays. Ils n’hésitent pas à braver les interdits en manifestant contre la guerre et risquent jusqu’à 15 ans de prison. Depuis ceux qui ont pu fuient le pays. Poutine a édité une loi qui punit de 15 ans de prison Le deuxième homme du conflit, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, 41 ans, connait très bien les médias et les nouvelles technologies. Il est issu du monde médiatique où il a été acteur, animateur de shows télévisés, puis producteur de spectacles. Il représente tout ce que Poutine déteste, l’homme était un amuseur publique, sans complexes, qui n’hésitait pas à participer à des shows en justaucorps et talons hauts...Il a été la vedette d’une série télévisée politico comique dans laquelle il incarnait le rôle d’un professeur d’histoire devenu président de la république, un rôle prémonitoire. Son accession au poste de président de la république laissait sceptique un grand nombre d’observateurs. Mais sa popularité énorme, surtout auprès des plus jeunes, et la défiance contre la classe politique corrompue, lui ont permis de gagner le 20 mai 2019 l’élection de Président devant son adversaire Petro Porochenko avec 73% des voix, du jamais vu en Ukraine. Il est juif, l’assume et le revendique. Il parle aussi bien le russe que l’ukrainien, ce qui lui facilite les rapports avec les populations des différentes régions. Il a connu divers problèmes au début de son mandat lorsque la presse a dévoilé qu’il était mêlé à une affaire d’évasion vers des paradis fiscaux de capitaux, alors qu’il se présente comme le farouche adversaire de la corruption. Il a dû répondre aussi à de nombreuses questions lorsque Trump alors en campagne pour sa réélection l’a sollicité pour avoir des renseignements sur le fils de Jo Biden qui était impliqué dans des affaires en Ukraine. Il doit aussi faire face aux critiques sur sa promiscuité avec les hommes de la milice néo nazi Azov, ce qui conforte certainement Vladimir Poutine dans son idée que ce gouvernement est nazi. Depuis, il a su, tout en leur laissant une marge de manœuvre dans la gestion de ce conflit garder ses distances avec eux. Suite à la loi martiale de mobilisation de tous les hommes de 18 à 60 ans dans le pays, autour de Marioupol, ville assiégée de l’est, les miliciens d’Azov auraient brutalisé des hommes qui tentaient d’échapper à cette mesure Le régiment Azov ou « les hommes en noir » composé d’environ 4000 hommes est une unité d’extrême droite, néo nazie, intégrée à la garde nationale d’Ukraine en 2014. Sur ses uniformes, est apposé l’écusson de la « Wolfsangel » inversée aux couleurs bleues et jaunes de l’Ukraine qui fut le symbole utilisé par la 2ème SS pendant la seconde guerre mondiale. Son fondateur Andry Biletsky est député à la Rada, le parlement ukrainien, pour le groupe Parti National. Il assume son passé néo nazi. Le régiment serait composé d’environ 10 à 20% d’éléments néo nazis. Actuellement Azov est subventionné et armé par le ministère de la défense ukrainien après avoir été financé par le puissant oligarque Ihor Kolomoïsky , directeur de la chaine de télé qui a aidé le Président Zelensky lors de sa campagne électorale, richissime homme d’affaires lié à de gros scandales financiers.   Depuis, Zelensky a soigneusement veillé, tout en leur laissant une marge de manœuvre dans la gestion de ce conflit, à garder ses distances avec eux.   Suite à la loi martiale de mobilisation de tous les hommes de 18 à 60 ans dans le pays, autour de Marioupol, ville assiégée de l’est, les miliciens d’Azov auraient brutalisé des hommes qui tentaient d’échapper à cette mesure.  Zelensky demeure un maillon essentiel dans la résistance de son pays. Il s’adresse régulièrement au peuple par tous les moyens en sa possession, télé, radio, réseaux connectés etc. c’est un très bon orateur, il sait trouver les mots justes pour chaque situation. Il va à la rencontre des habitants sur le terrain, même dans les endroits les plus difficiles. Son adversaire d’hier, l’ancien président Petro Porochenko dirige un bataillon de résistants et admet que le président est un leader qui galvanise les foules. Au contraire de Poutine qui s’adresse toujours aux dirigeants des pays, Zelensky s’adresse toujours au peuple, même dans ses visio-conférences avec les pays étrangers. Il joue à fond la carte de la diplomatie et appelle les dirigeants européens et américains régulièrement.  Le peuple ukrainien le suit dans l’objectif de défendre son pays. Son patriotisme se renforce et les différentes invasions que ce pays a subies font partie de la mémoire collective. Les atrocités lors de la période bolchévique en 1932, l’Holodomor, la famine organisée par Staline, qui fut un véritable génocide a attisé la haine des russes dans beaucoup de familles, où les plus âgés qui ont vécu cette période ont raconté ce qui n’était ni écrit ni reconnu nulle part.  Environ 3 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le 23 février 2022, en majorité des femmes et des enfants, les hommes restant sur place pour renforcer l’armée et les forces de résistance civiles. C’est le plus grand déplacement de population européenne depuis la seconde guerre mondiale. La Pologne à elle seule en a recueilli 2 millions.  Cette guerre en plein centre de l’Europe a provoqué un électrochoc dans les pays occidentaux qui ne pensaient pas voir un conflit armé à leurs portes. L’économie et la stabilité des pays européens sont fragilisées par cette guerre.  Les pays dits neutres se rapprochent de l’OTAN. La Suède et la Finlande vont livrer des armes et du matériel militaire à l’Ukraine. L’Allemagne augmente son budget militaire, et rompt son engagement de ne pas livrer d’armes depuis la seconde guerre mondiale. Elle livrera de l’armement à l’Ukraine, dont des armes létales.  La dépendance quasi-totale au gaz russe, aux importations de blé ou de céréales, aux matières premières comme le fer ou l’acier vont être difficile à gérer suite aux sanctions prévues contre la Russie. Les peuples, aussi bien russe qu’européens risquent aussi de subir d’importants changements dans leur vie quotidienne, avec à la clé de nombreuses augmentations des produits de base. Ce sont eux qui risquent le plus d’en souffrir.  Les dirigeants  des principales puissances mondiales sont en pleines discussions pour assurer leurs arrières. Les Etats-Unis qui sont les premiers à vouloir faire appliquer des sanctions « dévastatrices » à la Russie, se tournent vers le Venezuela et son président Nicolas Maduro, et entament un début de rapprochement avec une délégation de hauts fonctionnaires américains qui sont arrivés à Caracas le 5 mars.  Le gouvernement de Joe Biden est prêt à lever partiellement les sanctions imposées depuis 2019 sur le pétrole Vénézuélien.  Pendant que les bombes tombent sur les populations, les dirigeants mondiaux essayent de tirer leur épingle du jeu ! La Turquie se présente comme médiateur alors qu’elle agit de la même façon que Poutine en confisquant les terres et les biens des Kurdes. Elle espère peut être des avancées sur sa demande ancienne de faire partie de l’Europe.  Pour notre part, cette guerre nous montre combien il est urgent de parvenir, pour un territoire comme la Corse, le plus rapidement possible, à notre indépendance énergétique et alimentaire. Le renouveau de l’agriculture est primordial avec un recensement et une meilleure gestion des terres agricoles cultivables. Quant à l’énergie, une diversification est nécessaire et à mettre en œuvre le plus rapidement possible.      Tous ces éléments peuvent aider à mieux appréhender les mécanismes d’un conflit qui pourrait paraître anachronique, mais qui nous rappelle l’instabilité permanente des systèmes qu’on impose toujours au XXIe siècle à des peuples qui, au final, sont les premières victimes de ces logiques absurdes et mortifères.     Histoire de l’Ukraine  1709 Pierre le Grand  écrase à Poltava l’Hetman Mazeppa qui avait tenté de constituer une Ukraine réunifiée et indépendante  1793-1795 suite aux partages de la Pologne toute l’Ukraine se trouve sous la domination de l’empire russe et autrichien.  1917-1918 le 20 novembre 1917 une république soviétique est créée par les bolchéviques,    RSS d’Ukraine à l’est, avec comme capitale Kharkov ; et une république indépendante est proclamée par les nationalistes à Kiev. Elle restera indépendante une courte durée. En décembre 1918, après de longues batailles, Kiev est reprise et la RNU (République Nationale d’Ukraine) est rétablie.  1922  l’Ukraine devient une des premières républiques constitutives de l’URSS, elle ne retrouvera son indépendance qu’en 1991. 1933 l’Holodomor, (extermination par la faim) famine organisée sciemment par Staline et ses zélés collaborateurs, véritable génocide qui se soldera par la mort de 19% de la population, soit plus de 3 millions de personnes.  1939-1940 l’URSS annexe les territoires polonais peuplés d’ukrainiens et la Bucovine du nord qui sont réunis à l’Ukraine, ainsi qu’une partie de la Bessarabie (territoires de la Roumanie)  1941 L’Allemagne nazie et ses alliés envahissent l’Union Soviétique. De nombreux ukrainiens polonais surtout à l’ouest où ils ont subi deux années de régime soviétique sévère, accueillent les soldats de la Weihrmacht en libérateurs. Les soviétiques en retraite avaient assassiné des milliers de prisonniers. Le mouvement national ukrainien pensait pouvoir établir un état ukrainien indépendant ce que les allemands leur laissait croire.    1945 l’Ukraine s’agrandit de la Ruthénie Subcarpatique (territoire de Hongrie de 1939 à 1945) précédemment attachée à la Tchécoslovaquie de 1919 à 1938  1954 La Crimée lui est rattachée  1991 L’Ukraine accède à l’indépendance et adhère à la CEI ‘(Communauté des Etats Indépendants) . Le statut de la Crimée et la flotte de la mer noire font aussi l’objet d’un statut indépendant  2014 Révolution de Maïden (entre le 18 et le 23 février) le 20 février après l’ultimatum du président Ianoukovytch d’évacuer le « place de l’indépendance » et le refus des manifestants, la police et l’armée tirent sur la foule, le bilan est de 82 morts et plus de 600 blessés.  2022 dans la nuit du 23 au 24 février l’armée russe envahie l’Ukraine 

#147 – Jean-Guy Talamoni : Affaire de manipulation

On a beaucoup critiqué, ces derniers temps, les débats organisés quotidiennement sur les chaînes d’information continue. Et il est vrai que, bien souvent, la tranquille arrogance de nos toutologues patentés a quelque chose d’agaçant qui nous pousse irrépressiblement à changer de chaîne. Tout particulièrement lorsqu’ils dissertent doctement sur un sujet que nous connaissons quelque peu – comme la situation de la Corse –, et qui nous permet de mesurer instantanément l’étendue de leur ignorance. Pourtant, il peut nous arriver d’être agréablement surpris. Ainsi, il y a quelques jours sur CNews, Alain Bauer (professeur au CNAM et spécialiste des questions de sécurité) était invité à parler de la Corse et à commenter cette assertion répétée ad nauseam depuis des semaines : la jeunesse corse est manipulée. Contre toute attente, il devait affirmer clairement, fort de son expertise et des renseignements à sa disposition, qu’en fait les jeunes corses n’obéissaient qu’à eux-mêmes lorsqu’ils se soulevaient dans les rues de Bastia ou d’Ajaccio. Non, ils n’étaient manipulés ni contrôlés par personne… Ah bon ? On imagine la perplexité générale provoquée par ces mots venant contredire ce qui était jusqu’alors universellement considéré comme une évidence. “ Quoi que l’on puisse en penser et quelles que soient les craintes que suscite la situation présente, force est de constater que ce sont bien les jeunes qui l’ont créée et qui ont contraint l’Etat français à cesser d’ignorer la Corse et le suffrage universel. “ Ce qu’il y a de plus consternant, c’est que les chroniqueurs parisiens du dimanche ne sont pas les seuls à adhérer à ce genre de discours ineptes. En Corse même, d’aucuns croient voir dans l’action de la jeunesse la main invisible de mystérieux manipulateurs. Comme quoi, le complotisme est parfois du côté de la plus pure expression du politiquement correct. Pour penser cela, il faut ne pas avoir soi-même été jeune (« esse natu vechju »), ou bien avoir vécu une jeunesse de légume manipulable, que le père conduisait à l’isoloir pour donner sa voix, en toute docilité, à un chef de parti désigné au titre de l’autorité parentale. Personnellement, j’en connais quelques-uns de ma génération qui furent dans ce cas. Certains sont même aujourd’hui devenus autonomistes : le clan et le clientélisme mènent à tout, à condition bien sûr d’en sortir, quitte à y retourner sous une autre forme… Toujours est-il qu’au moment où la situation corse semblait tout à fait bloquée, le sursaut est venu de notre jeunesse, et celle-ci en a choisi la voie en toute souveraineté. D’ailleurs, aucun courant, qu’il soit autonomiste ou indépendantiste, ne préconisait les batailles de rues, les premiers ayant opté pour une attitude de conciliation – pour ne pas dire davantage –, les seconds en appelant à la désobéissance civile et à la mobilisation populaire. Quoi que l’on puisse en penser et quelles que soient les craintes que suscite la situation présente, force est de constater que ce sont bien les jeunes qui l’ont créée et qui ont contraint l’Etat français à cesser d’ignorer la Corse et le suffrage universel. À présent, il appartient aux élus, aux mouvements politiques et aux syndicats de prendre leurs responsabilités, non pas à la place des jeunes corses mais auprès d’eux, pour imposer enfin à Paris la mise en œuvre d’une solution politique. Tenter de faire croire que le salut pourrait venir de la bienveillance hexagonale ou des appels répétés et larmoyants au dialogue relèverait, pour le coup, d’une tentative de… manipulation. Jean-Guy Talamoni

#147 d’Aprile : Hè esciutu !

Hè quì : https://uribombu.corsica/produit/n147-aprile-du-2022/ Cap’articulu - « Lignes rouges » ou solution politique ? Corsica Libera - Puntu puliticu - Primu è sicondu giru Jean-Guy Talamoni - Affaire de manipulation Yvan Colonna - Procès verbaux : Retour sur les déclarations d‘Elong Abé - Manifestation in Aiacciu in ritratti (Crystal Pictures) - Culletivu d'avucati : Disproportion d'usage de LBD Internaziunale - Ukraine : David contre Goliath - Yemen : La guerre oubliée Cultura - Doria Ousset : Eurovisione di e lingue minuritarie 2022 - Stephane Pileri, Pizza Niulinca : A Corsica à u mundiale di a pizza - Letizia Cosimi : Libru Novu - Allindì : Qualchi nutizia di u streaming corsu è maritirraniu . . . www.uribombu.corsica - - - Pour les abonnés, choisissez simplement "ajouter au panier" puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger. www.uribombu.corsica

G.F Antolini – A so intervenzione à u primu ministru

Monsieur le ministre, Ghjuvan Filippu ANTOLINI, je suis un ancien prisonnier politique, j’ai été condamné dans l’affaire Erignac et je fais partie du collectif d’anciens prisonniers politiques, PATRIOTTI. Je ne vais pas vous dire que nous avons tous été en Corse extrêmement choqués par vos premières déclarations sur l’affaire de la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna. Comme nous avons été également choqués par les déclarations de votre préfet gouverneur qui dès le début, avant même d’arriver en Corse, nous disait que l’Etat français n’était pas assassin et que les gens qui ont manifesté dans la rue se trompaient tous. Les milliers de corses qui descendaient manifester. Je ne vais pas refaire l’Histoire de la Corse, mais je comprends votre pensée, alors qu’il y a quelques semaines seulement, vous donniez la légion d’honneur au commandant Bertolini qui, il y a 40 ans, était arrêté la main dans le sac, en train de venir assassiner le regretté Marcel Lorenzoni. Il a été arrêté juste avant, cela a été extrêmement médiatisé. C’est à ces gens là que vous remettez la légion d’honneur.   Alors, monsieur le ministre, nous sommes extrêmement choqués que vous puissiez arriver en Corse en nous parlant du rapprochement de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi et que vous ne soyez pas arrivé avec eux dans vos bagages ! Que vous ne les ayez pas encore fait revenir, sachant les risques qu’ils encourent, sachant qu’Alain Ferrandi a déjà été victime d’une tentative d’assassinat, il y a une quinzaine d’années et sachant tout ce que cela peut engendrer. Le rapprochement que nous avons encore réclamé au cœur de votre Assemblée nationale, il y a quelques semaines, puisque nous y étions le 15 décembre dernier, en disant que la volonté de votre Etat était de les voir mourir en prison. C’était prémonitoire ce que nous disions, c’est malheureusement pratiquement arrivé pour Yvan Colonna. Nous le regrettons et nous avons peu d’espoir que sa situation puisse s’améliorer.   La revendication que nous portons est la libération de l’ensemble des prisonniers politiques qui restent. D’ailleurs, le petit jeune qui a été incarcéré à Borgu, à la suite des manifestations, nous espérons qu’il n’y aura pas de poursuites contre lui et qu’il sera libéré. Ce serait un geste d’apaisement.   Nous demandons la libération de l’ensemble des prisonniers politiques parce qu’ils ont tous pris une part prépondérante à la lutte de libération nationale. On vient pratiquement d’en perdre un et s’il avait été rapproché, il ne serait pas dans cet état. Au sujet des libérations, il y a quelques instants, vous nous avez parlé de l’indépendance de la Justice. Monsieur le Ministre, si la situation n’était pas dramatique, cela prêterait presque à rire. Je vais vous parler, dans l’Histoire très récente de la Corse, de l’indépendance de la justice. En 1988, un an avant la loi d’amnistie, tous les prisonniers ont été libérés sur ordre du gouvernement. En 1994, un commando entier de 13 hommes armés et cagoulés, arrêté en plein opération commando, a été libéré à l’époque de Charles Pasqua et de Balladur, en quelques semaines parce qu’il y avait des négociations ! L’indépendance de la Justice, Monsieur le ministre, c’est quand ça vous arrange. Vous avez tout à fait la possibilité de faire beaucoup de chose, même si, médiatiquement, vous ne le reconnaitrez pas, bien entendu. Je vous rappelle qu’en ce qui concerne Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, tous les deux ont obtenu du Juge de l’Application des Peines, une mesure de semi-liberté et le Parquet s’est opposé en faisant appel. Alors que ça n’arrive jamais en Droit Commun, la Cour d’Appel pour Pierre Alessandri est allée à l’encontre du Juge de l’Application des Peines.   Alors, vous savez monsieur le Ministre, d’autres l’ont dit avant moi. Permettez-moi en tant que Docteur en Archéologie et archéologue de vous dire qu’en Corse, j’ai attesté dans mes fouilles archéologiques que nous avons 10700 ans de présence humaine. 10700 ans ! La présence française, c’est 253 ans ! Nous ne sommes français ni par la langue, même si je la parle la vôtre aujourd’hui.   Nous ne sommes français ni par la langue, ni par la géographie, ni par l’Histoire. Et nous sommes avant tout monsieur le ministre, Corses !   Je pense que Gilles Simeoni vous l’a dit tout à l’heure, toutes les îles du bassin méditerranéen ont accès à l’autonomie. Vous avez plus de 90 régions en Europe qui ont accès à une autonomie. Et aujourd’hui, cette autonomie que l’on réclame pour la Corse, on nous la refuse. La reconnaissance de notre peuple, on nous la refuse. Ce sont les revendications qui ont amené les gens dans la rue, qui ont amené aujourd’hui ce collectif à vous rencontrer. Ce sont des revendications qui sont indispensables à nos yeux pour pouvoir retrouver le calme et pour pouvoir avancer vers une Corse apaisée et sereine. La volonté du peuple corse qui l’a manifesté très bruyamment par des dizaines de milliers de personnes dans la rue c’est qu’aujourd’hui on écoute ce que les Corses ont à dire, que Paris prenne enfin la donne de la situation politique en Corse. Je vous rappelle qu’aux dernières élections plus de 70 % des électeurs ont voté nationaliste. Si votre gouvernement n’a pas encore compris qu’il y a un changement en Corse et que nous aspirons à autre chose qu’à de la répression, c’est que vous n’avez rien compris monsieur le ministre. Mais je vous fais confiance pour revenir dans les voies du dialogue, comme vous le faites aujourd’hui en venant à notre rencontre et pour revenir dans les voies de l’apaisement et de l’application des lois pour tout le monde, y compris pour les deux membres du commando Erignac qui sont aujourd’hui libérables depuis plus de 4 ans, bientôt 5 ans. Ils sont accessibles à la libération conditionnelle depuis bientôt 5 ans et on leur refuse obstinément.   Je vous rappelle que notre revendication principale est la libération des prisonniers et la reconnaissance de notre peuple. Merci Monsieur le ministre.  

#146 di Marzu : Hè esciutu !

Hè quì u #146 : https://uribombu.corsica/produit/n146-marzuu-du-2022/ Cap’Articulu : Eric Simoni " Fà fronte " Attualità : FLNC “ ghjuventù corsa, u fronte hè à fianc‘à tè “ Jean-Guy Talamoni : "Statu francese..." Statu francese assassinu : - Yvan Colonna, i so auguri : « ... È fora a Francia! » - Sindicatu di i Travagliadori Corsi - Corsica Libera - Mossa Liceana / Studientina - Manifestazione : Corti / Bastia - Culletivu d'avucati - Scontru cù G.Darmanin - Protocole de sortie de crise - Discorsu di GF.Antolini - Sulidarità internaziunale cù YvanAssociu Sulidarità : Salon anticolonial 2022 Cultura - Cultura Scola di cantu Natale Luciani, a storia cuntinueghja L'Arcusgi in Bastia Le supplément reportage photo est seulement en tirage papier - - - Pour les abonnés, choisissez simplement "ajouter au panier" puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger. www.uribombu.corsica

#146 – Jean-Guy Talamoni : “Statu Francese…”

Au moment où ces lignes sont écrites, un militant de la cause corse lutte contre la mort et des dizaines de milliers de compatriotes le soutiennent, au-delà même de ceux qui ont manifesté ces derniers jours. Le moment que nous vivons est grave et nos pensées vont d’abord à Yvan Colonna et aux siens. Un cri, un vieux slogan venu du fond des luttes corses a émergé au cœur d’une actualité dramatique : « Statu francese assassinu ! ». Le nouveau préfet a jugé bon de le contredire dans les colonnes de Corse-Matin : « l’Etat français n’est pas assassin », a-t-il déclaré. Il est dans son rôle en disant cela. Dans le rôle qui lui est assigné au titre de ses fonctions et qui consiste, dans certains cas, à nier l’évidence. Je ne reprendrai pas ici la litanie d’ignominies dont l’Etat français s’est rendu coupable dans son histoire. Il lui est même arrivé de les reconnaître, par la voix de ses plus hauts représentants. “ Les dirigeants français, de Choiseul à Macron, ne prennent en compte que les rapports de force. Leur longue expérience de la colonisation leur a appris à repérer les maillons faibles. Les mouvements et personnalités dont ils savent n’avoir rien à craindre ne reçoivent jamais que leur mépris, parfois agrémenté de fausses amabilités. “ Faudrait-il exiger une nouvelle repentance de sa part, s’agissant cette fois de la Corse ? Je ne suis pas certain que ce soit une priorité. Qu’il s’abstienne de faire obstacle une nouvelle fois à la vérité et à la justice, ce serait déjà appréciable. Pour un Etat, être assassin et menteur ne constitue pas, du reste, une originalité : « L’Etat est le plus froid des monstres froids », nous dit Nietzsche, ajoutant « Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : “Moi l’Etat, je suis le peuple.” » L’auteur nous rappelle ici une autre évidence : l’Etat n’est pas le peuple. L’Etat français n’est pas le peuple français. Il faut se souvenir de cela en toutes circonstances, sous peine de verser à notre tour dans l’injustice. De nombreux Français ont soutenu les militants corses et singulièrement Yvan Colonna. Les noms figurant sur son comité de soutien en témoignent. Il n’en demeure pas moins que les « élites » qui dirigent la France depuis des siècles paraissent inamendables et sorties du même moule, à l’exception de rares personnalités comme Victor Schœlcher, Pierre Mendès France et quelques autres… Ce que nous enseigne l’histoire, c’est que les dirigeants français, de Choiseul à Macron, ne prennent en compte que les rapports de force. Leur longue expérience de la colonisation leur a appris à repérer les maillons faibles. Les mouvements et personnalités dont ils savent n’avoir rien à craindre ne reçoivent jamais que leur mépris, parfois agrémenté de fausses amabilités. Au sein de tous les peuples aujourd’hui libres, ce sont ceux qui firent preuve de détermination qui écrivirent l’histoire. Jean-Guy Talamoni

Communicatu di stampa – Sustegnu à Arritti

La décision préfectorale privant l’hebdomadaire autonomiste Arritti de la publication des annonces légales est à l’évidence une décision politique dont le but est de fragiliser un journal d’opinion par la pression financière. Ayant en mémoire la répression dont a été victime le Ribombu depuis des décennies (perquisitions, arrestations, procès en tous genres…), ce type de manœuvre à l’encontre de la presse militante suscite chez nous une solidarité naturelle à l’égard de ceux qui en sont aujourd’hui victimes. Cela étant dit, cette décision ne saurait être réduite aux ultimes frasques d’un préfet en fin de mission et donc à sa seule responsabilité. Elle n’est qu’une illustration supplémentaire de la nature profonde de l’Etat français et de son hostilité vis-à-vis de toute velléité d’avancée politique, même timide. Elle confirme surtout l’impasse dans laquelle mène la stratégie de l’actuelle majorité à la Cullettività di Corsica - Collectivité de Corse. Les gages de respectabilité donnés au pouvoir, les discussions élyséennes en catimini, le refus d’engager un véritable rapport de force politique alimentent irrémédiablement la politique du mépris et de la mise au pas et finissent même par se retourner contre ceux qui portent où défendent cette voie. À l’heure où la disparition programmée du peuple corse apparaît comme un péril imminent, seule une mobilisation ferme autour d’une démarche authentiquement nationale sera en mesure d’inverser le cours des événements.

#145 – Jean-Guy Talamoni : Alchimie à rebours

Une chose est de revendiquer un statut d’autonomie à titre d’avancée institutionnelle transitoire, une autre est de faire de l’autonomie l’alpha et l’oméga de la lutte, le Saint Graal d’un engagement national de plusieurs décennies. Une chose est de considérer l’autonomie comme un objectif intermédiaire, ce qui avait été acté en 2017, une autre est de se définir soi-même comme fondamentalement autonomiste, et ce dans l’idée de « montrer patte blanche » à l’adversaire. Dans le second cas, on renonce explicitement à ses droits nationaux pour complaire à ceux que l’on était supposé contraindre à reculer, à cesser d‘exercer une domination injuste. Se définir soi-même comme autonomiste, c’est renoncer à l’idée de nation. “ Une chose est de considérer l’autonomie comme un objectif intermédiaire, ce qui avait été acté en 2017, une autre est de se définir soi-même comme fondamentalement autonomiste, et ce dans l’idée de « montrer patte blanche » à l’adversaire. “ Aujourd’hui du reste, les élus dits traditionnels sont devenus, pour la plupart, autonomistes et favorables à l’épanouissement identitaire de la Corse. Cela est le résultat de la victoire indiscutable remportée par le mouvement national s’agissant de la bataille culturelle. En quoi dès lors la majorité aux affaires se distingue-t-elle des élus d’opposition ? Ce qu’il y a de difficilement compréhensible, c’est que le loyalisme français a contaminé le Conseil exécutif de Corse alors même que ceux qui défendaient cette idée étaient minoritaires dans l’hémicycle depuis 2015 ! Tout cela, nous dit-on sotto-voce, serait tactique. Tout comme le reniement des engagements et des accords passés naguère avec les « incommodants » indépendantistes, qui ne l’étaient d’ailleurs pas tellement en 2015, lorsqu’ils permirent de s’emparer du pouvoir territorial… Mais comment voulez-vous être pris au sérieux par Paris avec de telles attitudes ? Comment l’adversaire pourrait-il avoir la moindre considération pour un prétendu patriotisme qui soutient l’indépendance des Catalans et des Ecossais et accepte la domination pérenne de son propre peuple ? Lorsque Valérie Pécresse vient dans notre pays affirmer que « la Corse c’est la France », elle ne trouve évidemment pas de contradicteurs sur les bancs de l’actuelle majorité. Ses membres, finalement, ne disent pas autre chose que la candidate à la présidence française, puisqu’ils assurent n’être qu’« autonomistes »… On pourrait d’ailleurs revenir, sans faire offense au bon sens ou à la logique politique, au qualificatif « régionaliste », voire à celui de « cyrnéiste » comme on disait dans l’entre-deux-guerres. Déjà, à l’époque, on parlait beaucoup d’autonomie de la Corse. Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est le résultat d’une sorte d’alchimie à l’envers. Celle qui a consisté à transformer de l’or en plomb, à savoir une majorité clairement nationaliste en une majorité régionaliste. Pour rester dans l’euphémisme, nous dirons que les apprentis sorciers qui s’y sont livrés n’ont pas mérité de la nation. Mais était-ce seulement leur objectif ? Il y a malheureusement tout lieu d’en douter. Pour autant, le simple fait qu’une majorité nationaliste ait pu exister quelques années – et qu’elle ait été populaire – a fait franchir un seuil qui demeurera dans l’imaginaire politique des Corses à la fois comme un souvenir, un ferment et une promesse. Les indépendantistes n’ont donc pas à regretter leur participation à cette expérience de portée historique. Il n’en demeure pas moins que dans le contexte actuel, notre pays n’avance plus. Les espoirs nés il y a quelques années d’une solution rapide au problème corse ont été déçus. Mais la séquence politique présente n’aura qu’un temps. Par-delà les reniements – passés et à venir – de certains de ses responsables, la Corse est, et demeure, une nation de droit naturel. Le simple fait que les dirigeants parisiens se sentent obligés d’avoir recours à la méthode Coué, et de présenter la question en ces termes, le confirmerait s’il en était besoin : la Corse n’est pas la France. Jean-Guy Talamoni
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