Sittembre #151 – Cap’Articulu : Ghjurnate Internaziunale Par-delà le succès…

Le succès des dernières journées internationales organisées par Corsica Libera ne doit rien au hasard. La forte affluence, la qualité des débats et des représentations internationales ont été saluées par nombre d’observateurs. C’est aussi et surtout l’engagement de militants infatigables qui a permis l’organisation de cet évènement majeur de la vie politique corse. Et ce, en un temps record après une importante période de mobilisations qui ont vocation à être poursuivies. Mais au-delà de tous ces indicateurs positifs, il convient d’analyser un contexte et de réaliser à quel point le redéploiement et l’internationalisation de notre lutte de libération nationale correspond à la fois à une impérieuse nécessité, et à une demande populaire aujourd’hui bien plus vivace que certains ne le souhaiteraient. La tenue des Ghjurnate Internaziunale 2022, dans un format à nouveau plus adéquat, s’inscrit dans une logique qui dépasse déjà certaines considérations immédiates et matérielles. Des contacts internationaux solides et cohérents, porteurs des prémices d’une véritable « politique étrangère » pour la Corse, des forces de la jeunesse ouvrant la voie du renouveau authentique dont nous avons besoin, et garantissant la pérennité d’objectifs essentiels dont rien ni personne ne pourra détourner notre peuple, une adhésion populaire à cette démarche légitime qui dépasse d’ores et déjà tous les calculs politiciens subalternes pour favoriser une imparable dynamique d’ensemble où chacun, dans le respect de ses options propres, trouvera sa place: voilà ce dont la réussite de ces journées est également, et surtout, le reflet. On ne rentrera pas, ici, dans le détail des échanges auxquels une foule attentive a assisté, tant lors de moments très sensibles et éprouvants concernant l’assassinat d’Yvan Colonna, que dans l’évocation des difficultés et perspectives des luttes menées sous d’autres cieux par des peuples qui, comme le nôtre, ont le droit - et le devoir - d’accomplir leur destin national, en toute liberté. Mais ce qu’on peut d’ores et déjà en retenir c’est que, au-delà des spécificités de chaque situation, les mécanismes à l’oeuvre visant à maintenir nos peuples respectifs sous tutelle étrangère s’appuient le plus souvent sur les mêmes actions et manipulations délétères: Donner l’illusion d’une vie démocratique tant que rien de fondamental n’est abordé, tout en ne reculant devant aucune mesure répressive, voire aucun coup tordu mené par des officines occultes si nécessaire, dès lors que l’on touche à l’ « unité nationale » française, d’ailleurs souvent évoquée pour couvrir des intérêts tout autres; culpabiliser en permanence des peuples à qui on demande de faire leurs preuves, tout en leur interdisant d’appliquer concrètement les politiques qu’ils ont validées ou en les soumettant à des contraintes administratives et à des règlements hors sol; circonvenir tous ceux qui, au sein des institutions officielles, pourraient s’opposer à ces manœuvres et en faire des complices objectifs du système; mettre, en définitive, le peuple concerné en échec permanent pour justifier une dépendance, savamment et artificiellement entretenue, qui n’a pour seule finalité que sa soumission, voire sa disparition. Face à cela, une seule réponse possible : une lutte à la fois souple pour s’adapter à toutes les configurations et solide sur ses fondamentaux, n’excluant aucun terrain dans le cadre d’une indispensable cohérence globale, ancrée dans le peuple et dans l’Histoire. Une lutte, ainsi définie, sous toutes les latitudes, et à toutes les époques, ne peut être qu’une lutte pour l’indépendance nationale. C’est aussi l’un des enseignements majeurs et le message renouvelé de ces Ghjurnate Internaziunale.

Sittembre #151 : HA DA ESCE !

U Ribombu #151 di a rientrata di Sittembre : DA VENE ! Corsica libera Véritable solution politique : 10 propositions de résolution Associu Sulidarità Discorsu di chjosura : “ Se remobiliser dès la rentrée “ Internaziunale Déclaration commune des peuples à disposer d’eux-mêmes + 18 pages de photos de l'édition 2022 des Ghjurnate

Aostu #150 – Cap’Articulu : « S’è no tiremu tutti inseme… »

Lors d’une dernière interview donnée à Corse-Matin Gerald Darmanin, ministre français en visite dans notre pays déclarait : “Les Corses sont des Français“. Ce n’est pas la première fois qu’un haut représentant de l’Etat français de passage en Corse se livre à ce curieux exercice d’auto-suggestion, plus souvent connu sous le nom de « méthode Coué » qui consiste à ancrer en soi de manière quasi hypnotique une idée, en pensant en faire une réalité. Il est évident que si la Corse était, vraiment - autrement que d’un point de vue aussi administratif qu’arbitraire et contestable - une région française, cet exercice ne s’imposerait pas. Ce type de procédé peut sûrement fonctionner lorsqu’il s’applique notamment à l’approche psycho somatique de certaines pathologies. Mais il y a peu de chances que cela ne mette pas, au contraire, en lumière l’aspect contradictoire, obsolète, et illégitime d’une démarche qui vise, dans un cadre politique bien précis, à nier les évidences et à opposer une fin de non recevoir à des aspirations qui resteront incontournables car issues, elles, de réalités humaines dont la négation même a quelque chose de criminel.   Nous sommes bien deux peuples différents, avec des imaginaires, des histoires, et des héros nationaux différents. C’est le refus cynique par l’Etat français de reconnaître cette réalité qui est la source de tous les conflits et de tous les drames.   Et le cynisme ne s’arrête pas là. Les annonces faites pour verrouiller et détourner un débat qui se prétend « historique », en mettant en avant des problématiques bien réelles, sans apporter d’autre solution que la soumission à un « état de doit » étranger, à géométrie variable, dont les Corses ont depuis trop longtemps fait les frais, sont là pour l’attester. Par exemple, qui, dans le domaine de la lutte contre la « criminalité organisée », peut être assez naïf ou suicidaire pour penser que l’Etat français garantira une action sincère et efficace contre une dérive qu’il a encouragée et renforcée pendant des décennies, en menant notamment une politique de criminalisation et de répression du mouvement national corse, pendant que le business du crime, lui, continue de servir au maintien de l’ « équilibre économique » colonial ? Et alors même que les propositions, notamment défendues par Corsica Libera, et dont certaines ont été validées par les institutions de la Corse, sont rejetées en bloc et inapplicables face à des lois injustes que l’on nous impose depuis Paris.   Qui, à part le FLNC dont la dernière communication - sans risque d’en faire une exégèse par trop hasardeuse - semble assez explicite à cet égard, apporte aujourd’hui une quelconque garantie que le statut de résident, mesure vitale - et pas forcément suffisante d’ailleurs - pour enrayer la frénésie spéculative et le cortège de malheurs et de drames qui lui sont rattachés, soit un tant soit peu respecté? Personne.   Les « lignes rouges » des commis de l’Etat français constituent même la preuve flagrante qu’aucune marge de manœuvre ne sera laissée aux Corses pour résoudre véritablement et durablement leurs problèmes. Le premier crime du colonialisme étant de faire croire au colonisé que, livré à lui même, il n’est bon à rien. Et que le meilleur traitement face à cette incapacité atavique ne se trouve que dans l’accroissement de liens de dépendance qui, en réalité - le soutenant comme la corde soutient le pendu - constituent les véritables raisons structurelles de la plupart de ses maux.   De cela et de bien d’autres sujets, il sera longuement question lors des Ghjurnate Internaziunale di Corti des 6 et 7 Août prochains où l’expérience d’autres peuples confrontés aux mêmes forces délétères sera d’un apport précieux.   A catena chì ci stringhje hè più o menu a listessa, ma, cum’è a ci dice una certa canzona, « s’è no tiremu tutt’inseme forse chì un ghjornu sciapperà... ».

#149 Ghjugnu/Lugliu : Hè esciutu !

[GHJURNATE 2022] Ritruvate subbitu u vostru numaru #150 cù parechji infurmazioni nant'à e Ghjurnate Internaziunale di Corti di sta dumenicata è ancu di più ! https://uribombu.corsica/.../n150-aostu-2022-ghjurnate-2022/ Cap'Articulu da Eric Simoni « S’è no tiremu tutti inseme... » Corsica Libera Base de Sulinzara – Vintisari : Le coût de la dépendance – I conti ghjusti di a dipendenza da Petru Antone Tomasi – Mubilizazione in Bastia 4 mesi dopu – Statu francese assassinu : 4 mesi fà hè mortu un patriottu, è po dopu ? FLNC U cumunicatu : È FORA A FRANCIA (revendications de 16 attentats) Ghjurnate Internaziunale – Dui ghjorni di sulidarità, di dibattiti è di pruposte pulitiche – Sabbatu u 6 d’Aostu – Dumenica u 7 d’Aostu – I nostri invitati : un plateau international exception U Ribombu Ci hè da ride : parenu fole – – – Pour les abonnés, une fois connecté, choisissez simplement “ajouter au panier” puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger.

Jean-Guy Talamoni : U ritornu di e ghjurnate internaziunale

E Ghjurnate sont de retour ! Cette manifestation est bien davantage qu’un rendez-vous estival : elle constitue le témoignage d’un presque demi-siècle de lutte du peuple corse. Au début de l’aventure, ceux qui représentaient légitimement ce peuple étaient arithmétiquement minoritaires. En fait, ils avaient été une poignée à ramasser à terre les pénates de la patrie. Durant les années soixante, la prise de conscience avait concerné quelques groupes de militants se cherchant confusément une stratégie, entre régionalisme et revendications corporatistes. Au cours des années 1970 en revanche, eut lieu ce que l’on a pu appeler le « miracle » du Riacquistu. « Miracle », le mot était bien choisi, car enfin, qui aurait pu prévoir ce sursaut d’un peuple dont la grande majorité des membres ignoraient l’idée nationale, pensaient que leur langue se réduisait à un « patois » et estimaient que l’objectif le plus raisonnable était de devenir « des Français à part entière » ? Comme en d’autres points du monde, la puissance dominante avait savamment instillé le venin de la « haine de soi » (Albert Memmi)… Si Aleria fut en 1975 un moment fort dans la prise de conscience, c’est bien la création du FLNC l’année suivante qui donna à la nation de réelles chances de renaître, à travers la mise en œuvre de la stratégie de Lutte de Libération Nationale. Ceux qui ont connu cette période ont pu voir l’évolution de l’image, dans l’esprit des Corses, de ceux que l’on n’appelait pas encore « les natios ». Largement considérés jusque-là comme des exaltés ou des produits folkloriques de « soixante-huit », ils ne suscitaient de la part des clanistes alors tout puissants que des réactions goguenardes, surtout au moment du dépouillement, lorsqu’ils se hasardaient à se présenter aux élections : « Ùn ritrovi mancu i toi ! ». La création du FLNC eut pour conséquence immédiate le changement du regard porté par les Corses sur cette jeunesse qu’il fallait bien prendre, désormais, au sérieux. Dans les années qui suivirent, e Ghjurnate furent le miroir fidèle des combats, des solidarités internationales, des sacrifices, des erreurs et des avancées d’une lutte qui a – quoi que certains en disent – sauvé la nation corse d’une disparition certaine. C’est cette histoire-là que racontent e ghjurnate. C’est cette histoire-là qu’elles continuent à écrire, loin des dérisoires politicailleries qui avilissent la vie publique. L’histoire d’une fidélité aussi inexpugnable que les murs de la citadelle de Corti. Jean-Guy Talamoni

La groupie du claniste : Le droit de contester

A-t-on encore le droit de contester la politique du Président de l’Exécutif sans être taxé de revanchard ? De se présenter aux élections sous sa propre étiquette sans être accusé de poursuivre une sombre vengeance ? De porter sa propre démarche politique sans être poursuivi devant le tribunal médiatique pour crime de lèse-majesté ? Dans l‘organe d’information en ligne Corse Net Infos, une respectable consœur a ainsi donné – avant les élections et en toute objectivité – son interprétation de la candidature de Petru Antone Tomasi : « Comment empêcher le député de Femu a Corsica d’être élu dès le 1er tour en lui grignotant quelques petits pourcentages ? C’est tout l’enjeu de la candidature tardive de l’autre nationaliste. Petru Antò Tomasi, qui, quoi qu’il s’en défende, n’est là que pour régler les comptes de Corsica Libera qui n’a toujours pas digéré l’explosion en plein vol de la coalition Per a Corsica et l’échec aux Territoriales de 2021 qui en a résulté. Le parti indépendantiste n’a, a priori, rien de personnel contre Michel Castellani qui entretient plutôt de bons rapports avec l’ensemble du mouvement national, mais vise à travers lui deux hommes qu’il ne cesse de poursuivre de sa vindicte : le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, et l’ex-secrétaire national de Femu a Corsica et député sortant de la seconde circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva. (…) La crise, qui a secoué la Corse en mars dernier suite à l’assassinat d’Yvan Colonna, a montré l’ampleur de la haine et des rancœurs. L’appel à la raison, à la concertation et à l’union de Corse in Fronte est restée lettre morte. Et ce n’est pas ce scrutin qui va apaiser les tensions. » Publiée dans un média qui n’est pas réputé appartenir à la presse d’opinion, cette prose s’écarte légèrement de l’objectivité qui sied à une professionnelle étrangère à « la haine » et aux « rancœurs » ! Il n’est certes pas interdit d’être à la fois journaliste et groupie d’un chanteur populaire ou d’une célébrité quelconque. Il vaut mieux toutefois distinguer les deux et ne pas mélanger les genres. Cela dit, chacun a bien le droit d’écrire ce qu’il veut. Le Ribombu aussi. Là où l‘auteure de l‘article a raison, c’est que Corsica Libera n’a rien de personnel contre Monsieur Castellani. Elle n’a d’ailleurs, non plus, rien de personnel contre Messieurs Simeoni et Acquaviva. C’est seulement la démarche politique de Femu a Corsica qui est en cause. Certes, le pacte faustien passé par le Président du Conseil exécutif avec le Président de la république française (le premier acceptant les conditions de l’adversaire pour négocier, parmi lesquelles la mise à l’écart de ses alliés indépendantistes) n’a rien d’honorable. L’affaire avait été éventée, faisant figure de secret de polichinelle, avant même d’être confirmée par la presse parisienne (Le Monde, Le Canard enchaîné, etc.). Mais ce n’est pas l’essentiel. Sur le passé, passons. D’autant que le présent n’est pas plus glorieux. Sur le plan politique d’abord : le président de l’Exécutif affirmant publiquement au moment de la visite de Monsieur Darmanin en Corse que les « lignes rouges » imposées par ce dernier n’étaient pas un problème et que l’on pouvait bien écarter des débats la langue corse ou la reconnaissance des droits du peuple corse (en fait, tout ce qui est la raison d’être du mouvement national) ; ou encore un député-candidat de Femu répétant benoîtement qu’il se battait pour « une France plus solidaire »… A-t-on le droit, en tant que nationaliste corse, de ne pas être sur cette ligne politique ? Sur le plan de la gestion des institutions corses ensuite : la majorité nationaliste (autonomistes-indépendantistes) a été remplacée par une construction dont le ciment n’est plus l’idée nationale mais l’allégeance personnelle fondée sur la relation clientéliste. Comment croire que tous ces maires, venus d’autres courants politiques et souvent même de l’antinationalisme, apportant de nos jours leurs bataillons d’électeurs à un homme plus qu’à une majorité, ont tous été touchés, subitement, par la grâce nationale ? Répéter que l’on va « construire la Corse avec tous les Corses et non les seuls nationalistes » revient à se servir d’une idée généreuse (que nous partageons d’ailleurs) pour cacher une réalité moins reluisante… Ces édiles qui expliquent en conseil municipal ce qu’on leur a fait comprendre clairement, à savoir que le nombre de voix rassemblées en faveur du parti unique déterminera le niveau des subventions qui seront encaissées par la commune. Ou bien ces municipalités qui se sont vues imposer par le Cours Grandval le choix du président de leur intercommunalité. Ou encore ces « porteurs de voix », fraichement exfiltrés de formations « traditionnelles » en déconfiture, subitement projetés au plus haut niveau de responsabilité (Conseil exécutif, présidences de communautés de communes, etc…) Vu sous cet angle, le phénomène de la multiplication des suffrages apparaît moins miraculeux que celui de la multiplication des pains. À la décharge de la majorité actuelle, elle n’a pas inventé ces procédés. Elle les a simplement fait passer du stade artisanal à l’échelle industrielle. Par-delà les questions d’hommes (nous n’avons pas dans ces colonnes l’habitude des attaques ad personam), il y a une démarche politique de soumission à Paris, que nous ne partageons en rien, et une gestion claniste des institutions, qui nous inquiète profondément. Aussi, nous réitérons notre question : a-t-on le droit de ne pas soutenir Femu a Corsica et de défendre notre propre démarche, historique, sans être qualifiés de revanchards par une cohorte de thuriféraires nouvellement convertis ? U Ribombu

#149 Ghjugnu/Lugliu : Hè esciutu !

#149 : https://uribombu.corsica/produit/n149-ghjugnulugliu-du-2022/ ‎   ➡️U ritornu di e ghjurnate internaziunale ➡️ Attualità Corsica sulidaria : une nouvelle avancée   🆑Corsica Libera Elezzione legislative 2022 : Quels enseignements ? U votu patriottu ➡️U Ribombu La groupie du claniste : le droit de contester   🌍 Internaziunale Massacre de tien an men : 4 juin 1989 Afghanistan : le voile est tombé sur les femmes   💡Storia Evviva u generale : u 14 di lugliu 1755 L‘impiccati di u niolu : 23 juin 1774 Martyre d‘isulacciu di fium‘orbu : 06 juin 1808 Adecec - Cronache : chì l‘hà vista ? A lettera di Napulione à Pasquale Paoli➡️Cultura A Currilingua : Successu per a siconda edizione U ribombu di Spartimusica nant‘à a piazza di u mercà - - - Pour les abonnés, choisissez simplement "ajouter au panier" puis confirmer votre commande dans votre panier. Vous pourrez directement le télécharger. www.uribombu.corsica

Ghjugnu/Lugliu #149 – Cap’Articulu : ET MAINTENANT ?

Une fois refermée la parenthèse électorale des dernières législatives, la Corse se retrouve dans la même situation qu’au lendemain du drame de la prison d’Arles et de la réponse populaire qu’il a suscitée dans notre pays. À cette occasion démonstration a été faite, une fois de plus, que la mobilisation et la détermination des Corses - en particulier de leur jeunesse - était plus efficace que des mois voire des années de palabres au sein d’ institutions cadenassées. Lors de sa visite, Gérard Darmanin s’est empressé de réaffirmer le rôle de porte-avions français en Méditerranée assigné à notre territoire national, et d’annoncer - sans rire - l’ouverture de discussions compte tenu du changement de majorité en Corse. C’est à dire, dans son esprit comme - malheureusement - dans la réalité, de changement de partenaires et, surtout, de cap. À la vérité, sa venue - et tout le monde l’aura bien compris - n’était due qu’à l’ampleur des manifestations en cours et à la pression de la rue; mais les représentants de l’État français nous ont depuis longtemps habitués à ce genre de mensonges et de diversions. Ils nous ont aussi habitués à leur manœuvres visant à circonvenir leurs potentiels interlocuteurs en les pressant de renier leurs alliances ainsi que leurs engagements. Parfois, malheureusement, celles-ci aboutissent. Il apparaît dès lors clairement, sans risquer de se livrer à un procès d’intention inapproprié, que l’État français a une idée toute particulière du caractère « historique » des discussions à venir. Il s’agira pour lui, selon toute vraisemblance, d’affirmer l’ancrage définitif de la Corse dans la république française par des liens de dépendance remodelés et d’annoncer des mesurettes très ciblées, propres à satisfaire quelques appétits, et à s‘assurer quelques soutiens, présentées comme autant d’avancées majeures. Le tout sur fond de négation de notre existence en tant que peuple, d’ores et déjà assumée publiquement par le président de la république française, et de définition de « lignes rouges » qui, comme par hasard, correspondent à autant de revendications fondamentales du nationalisme corse. Cette attitude et cette démarche prennent leur source et puisent leur force dans tous les atermoiements, voire les reniements, qu’elles rencontrent. Il est plus que temps de signifier, par tous les moyens dont les Corses pourront légitimement se doter, que nous n’accepterons pas plus longtemps d’être niés dans notre existence en tant que peuple, et que nous n’accepterons aucune des « lignes rouges » que l’on veut nous imposer arbitrairement. Dans ce contexte, les seules discussions qui auraient quelque chance d’aboutir sont celles qui prendraient en compte ce que notre peuple, et lui seul - car il existe bel et bien - a validé avec l’appui de toutes ses forces vives, et qu’il a récemment réaffirmé avec force dans la rue. Toute autre démarche serait inéluctablement vouée à l’échec. Or c’est, plus que jamais, de réussite et de liberté dont notre pays a besoin. L’une n’allant pas sans l’autre. Cela, nous le savons, ne se fera pas sans lutte. Più ch’è mai, à populu fattu bisogn’à marchjà.
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