En novembre 2022, le gouvernement Taliban de l’Etat Islamique d’Afghanistan interdisait aux femmes du pays l’accès aux jardins publics, gymnases et bains publics. De nouveaux espaces de liberté se fermaient pour elles.
Les manifestations de colère qui ont suivi ces décisions ont été violemment réprimées.
Le gouvernement Taliban a monté d’un cran sa violence contre les femmes en leur interdisant l’accès à l’Université.
Mardi 20 décembre 2022, le ministre de l’enseignement supérieur a annoncé dans une lettre l’interdiction pour les afghanes de suivre des études dans les universités publiques et privées « jusqu’à nouvel ordre ». Cette décision devait être appliquée immédiatement.
Dès mercredi 21 décembre, les Taliban patrouillaient dans la capitale, notamment autour des universités.
Des étudiantes se sont quand même rendues devant leur université dans l’espoir de pouvoir y entrer. Certains professeurs, atterrés par cette décision ont bien essayé de négocier avec les gardes positionnés aux entrées mais en vain. Etudiantes et professeurs ont dû quitter les lieux avant de subir des représailles.
Pour certains professeurs qui avaient refusé de quitter leur pays afin de pouvoir continuer à enseigner aux étudiants sur place, la question se pose maintenant, ont-ils encore un avenir professionnel dans leur pays, et tout simplement vital, s’ils se trouvent privés de travail.
Les protestations internationales n’ont pas tardé à être adressées au gouvernement de Kaboul, mais comme on s’en doute, elles ont été ignorées par les Taliban.
Dimanche 25 décembre, une jeune étudiante, seule, s’est rendue devant l’université de Kaboul et s’est tenue courageusement devant les Taliban brandissant une pancarte sur laquelle elle réclamait le droit à l’éducation pour les filles et les femmes.
En 16 mois de pouvoir, les droits et l’éducation des femmes ont été abolis.
Les Taliban ont franchi un cran supplémentaire dans l’obscurantisme dans lequel ils plongent le pays, en interdisant tout simplement aux organisations non gouvernementales, Afghanes ou étrangères, d’employer des femmes. Ils affirment que ces décisions sont prises suite à des plaintes de plus en plus nombreuses signalant qu’un grand nombre de femmes afghanes ne respectent pas le code vestimentaire imposé par la loi de l’Etat Islamique, c’est-à-dire d’avoir le visage et le corps entier recouverts.
Actuellement en Afghanistan plus de la moitié de la population a besoin d’assistance humanitaire sous forme de soins ou d’aide alimentaire.
ACF (Action contre la Faim) qui est présente sur le terrain depuis 1995 a suspendu dès dimanche 25 décembre ses actions non vitales suite à ces décisions. Par ce geste, l’ONG veut montrer à l’Emirat Islamique que « 40 % de leurs collègues sont des femmes et que sans ces femmes qui travaillent pour ACF il est impossible de servir et aider plus de la moitié de la population qui est dans le besoin »
Toutes les ONG Afghanes ont fermé leurs portes ce dimanche 25 décembre.
Les 3 ONG internationales de premier plan : Save the children, Care, et le Conseil Norvégien pour les Réfugiés se mettaient en retrait, des dizaines d’autres se concertaient pour déterminer leur réponse face à la décision des autorités afghanes.
Les femmes représentent le tiers des effectifs du Conseil Norvégien pour les Réfugiés selon leur directeur « il est impossible de fonctionner et fournir de l’aide humanitaire aux populations sans l’aide de ces femmes. Dans les régions les plus reculées, il est impossible à un homme de s’adresser à une salle remplie de femmes. Pour nouer le dialogue, il nous faut la collaboration des femmes » « Elles sont pour certaines hautement qualifiées, certaines sont avocates, d’autres spécialistes dans divers domaines dans lesquels elles ont été formées pour répondre aux besoins des femmes et des jeunes filles. »
L’exclusion des femmes dans les équipes soignantes exclut de fait les patientes. Seules femmes sont autorisées à regarder, toucher, donc à soigner les femmes en tant que patiente.
Les dirigeants de l’Etat Islamique d’Afghanistan reviennent à l’interprétation ultra rigoriste de l’Islam comme lors de leur premier gouvernement de 1996 à 2001, malgré leurs promesses faites aux occidentaux après leur arrivée au pouvoir en mai 2021. C’est le seul pays islamiste à interdire l’éducation aux filles et femmes.
Dans le monde musulman, certains pays s’inquiètent. Le Qatar qui a fait office de médiateur lors de pourparlers entre l’Occident et les Taliban a déclaré que tout le monde a droit à l’éducation, et a exhorté les dirigeants afghans à revoir leur décision « conformément aux enseignements de la religion islamique »
L’OCI (Organisation de la Coopération Islamique) a indiqué que l’interdiction « portait gravement atteinte à la crédibilité du gouvernement »
Le Ministre des Affaires Etrangères de Turquie a quant à lui dit que « l’interdiction faite aux femmes Afghanes est une décision « ni musulmane, ni humaine ». Nous respectons ce bannissement, nous ne le croyons pas juste »… « En quoi l’éducation des femmes blesse t’elle l’humanité ? »
Ce samedi 24 décembre, environ 400 étudiants de la province de Kandahar, berceau du mouvement Taliban, ont boycotté leur examen en solidarité avec les étudiantes bannies des universités, et manifesté dans la rue. La manifestation a aussitôt été maitrisée par les Taliban qui ont tiré en l’air pour disperser les étudiants.
En cette fin d’année 2022 ; les jeunes filles et les femmes sont renvoyées à l’état d’ombre, recouvertes de la burka, obligées comme seul avenir de faire les tâches ménagères, servir les hommes de la famille, et sont réduites à devenir seulement des « machines à procréer ».
Comment au 21ème siècle peut-on rayer de la carte, d’un grand pays comme l’Afghanistan la moitié de sa population en la rendant invisible, et la soumettre à un régime d’esclavage ?
D.T
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