Ghjennaghju #155 – Cap’Articulu : Liberté, vérité, dignité : la voie de la lutte

L’année 2023 a commencé en Corse dans une atmosphère lourde. L’offensive répressive menée contre Corsica Libera, dont tous les observateurs honnêtes ont souligné le caractère politique et arbitraire, s’ajoute aux autres signaux négatifs que l’Etat français ne cesse d’envoyer à la Corse, depuis le début de cette tartuferie que d’aucuns s’ingénient encore à qualifier de « processus ».

Pendant que les mots Pace è Salute, aspirations aussi universelles que légitimes, étaient sur toutes les lèvres, des patriotes, dont le seul tort est de ne pas accepter le sort fait à leur pays, subissaient les conséquences de ces manoeuvres.

Le maintien en détention, à l’occasion d’une procédure incidente, malgré son état de santé, et qui plus est dans une prison française, de Charles Pieri s’inscrit certainement dans cette logique. Les campagnes calomnieuses, relayées dans certains médias par des billets directement dictés par la place Beauvau, dont la dernière conférence de presse de l’association Sulidarità a mis en évidence le caractère grotesque ainsi que la finalité mortifère, poursuivent quant à elles le même sinistre objectif: faire le lit de toutes les manipulations, de tous les coups tordus, pour permettre à l’Etat d’en finir avec le courant qui ne renoncera jamais à faire de la Corse un pays libre et souverain, et à assurer à son peuple la reconnaissance qui lui est due, au même titre – c’est à dire ni plus ni moins – qu`à chaque peuple de la planète.

Dans ce contexte plus que trouble, le « secret défense », tout récemment évoqué concernant l’assassinat d’Yvan Colonna, vient contredire ceux qui continuent à croire, ou à tenter de faire croire, que la vérité dans cette affaire viendra des institutions françaises.

Plusieurs décennies n’ont pas permis de lever le voile sur des sujets qui pourraient gêner, et qui ont pourtant fait l’objet d’analyses, de recherches et d’investigations sérieuses, menées, elles, par de véritables militants de la vérité – certains étaient des journalistes d’ailleurs – dont il faut saluer le courage.

Quand un temps suffisamment long s’est écoulé, un gouvernement ouvre généreusement l’accès à des archives qui, le plus souvent, ne mettent à jour que des notes administratives sans intérêts, ou l’implication de quelques lampistes la plupart du temps déjà disparus.

De l’assassinat d’un Thomas Sankara à l’ « accident de la caravelle Ajaccio-Nice », les mécanismes de dissimulation et de détournement de la vérité restent les mêmes, répondant à l’« omertà » d’un système dont le seul but est de sauver les apparences plutôt que la démocratie. Les seuls moments où la machine se grippe, et où les gardiens du mensonge d’Etat sont en difficulté, c’est lorsqu’ils sont pris la main dans le sac, comme à l’époque des évènements de Bastelica-Fesch, ou des provocations du Préfet Bonnet, par exemple. On parlera aussi volontiers de ce qui s’est passé il y a trente ans, en jurant ses grands dieux de faire toute la lumière dessus: cela présente le double avantage de donner l’illusion d’un fonctionnement démocratique… Et de taire ce qu’on est en train de faire, à l’heure où l’on attire toute l’attention ailleurs.

C’est à ce cynisme que le peuple corse doit faire face. La vérité, la liberté, la dignité ne seront que l’aboutissement de ses luttes. Mais ça, au fond de lui, et quelles que soient les manoeuvres dilatoires visant à le lui faire oublier, il le sait depuis toujours.