Ghjugnu/Lugliu #149 – Cap’Articulu : ET MAINTENANT ?

Une fois refermée la parenthèse électorale des dernières législatives, la Corse se retrouve dans la même situation qu’au lendemain du drame de la prison d’Arles et de la réponse populaire qu’il a suscitée dans notre pays.

À cette occasion démonstration a été faite, une fois de plus, que la mobilisation et la détermination des Corses – en particulier de leur jeunesse – était plus efficace que des mois voire des années de palabres au sein d’ institutions cadenassées.

Lors de sa visite, Gérard Darmanin s’est empressé de réaffirmer le rôle de porte-avions français en Méditerranée assigné à notre territoire national, et d’annoncer – sans rire – l’ouverture de discussions compte tenu du changement de majorité en Corse. C’est à dire, dans son esprit comme – malheureusement – dans la réalité, de changement de partenaires et, surtout, de cap.

À la vérité, sa venue – et tout le monde l’aura bien compris – n’était due qu’à l’ampleur des manifestations en cours et à la pression de la rue; mais les représentants de l’État français nous ont depuis longtemps habitués à ce genre de mensonges et de diversions. Ils nous ont aussi habitués à leur manœuvres visant à circonvenir leurs potentiels interlocuteurs en les pressant de renier leurs alliances ainsi que leurs engagements. Parfois, malheureusement, celles-ci aboutissent.

Il apparaît dès lors clairement, sans risquer de se livrer à un procès d’intention inapproprié, que l’État français a une idée toute particulière du caractère « historique » des discussions à venir. Il s’agira pour lui, selon toute vraisemblance, d’affirmer l’ancrage définitif de la Corse dans la république française par des liens de dépendance remodelés et d’annoncer des mesurettes très ciblées, propres à satisfaire quelques appétits, et à s‘assurer quelques soutiens, présentées comme autant d’avancées majeures. Le tout sur fond de négation de notre existence en tant que peuple, d’ores et déjà assumée publiquement par le président de la république française, et de définition de « lignes rouges » qui, comme par hasard, correspondent à autant de revendications fondamentales du nationalisme corse. Cette attitude et cette démarche prennent leur source et puisent leur force dans tous les atermoiements, voire les reniements, qu’elles rencontrent.

Il est plus que temps de signifier, par tous les moyens dont les Corses pourront légitimement se doter, que nous n’accepterons pas plus longtemps d’être niés dans notre existence en tant que peuple, et que nous n’accepterons aucune des « lignes rouges » que l’on veut nous imposer arbitrairement.

Dans ce contexte, les seules discussions qui auraient quelque chance d’aboutir sont celles qui prendraient en compte ce que notre peuple, et lui seul – car il existe bel et bien – a validé avec l’appui de toutes ses forces vives, et qu’il a récemment réaffirmé avec force dans la rue.

Toute autre démarche serait inéluctablement vouée à l’échec.

Or c’est, plus que jamais, de réussite et de liberté dont notre pays a besoin. L’une n’allant pas sans l’autre.

Cela, nous le savons, ne se fera pas sans lutte.

Più ch’è mai, à populu fattu bisogn’à marchjà.

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