Dès la fin des vacances d’hiver, au lendemain de la manifestation de Corti, les lycéens ont emboîté le pas de la mobilisation en solidarité à Yvan Colonna initiée par les étudiants.
En quelques jours les lycéens ont pris toute leur place dans cette mobilisation de la jeunesse : blocus des lycées, création du culletivu di i liceani, conférences de presse et manifestations dans toute la Corse comme celle du 8 mars à Aiacciu.
Cette marche partie du lycée Laetitia jusqu’à la préfecture réunira plus de 1000 lycéens. Devant le commissariat, les CRS répondront aux slogans « statu francese assassinu » de manière totalement disproportionnée par des tirs de flashball et des grenades assourdissantes, faisant plusieurs blessés graves parmi les jeunes manifestants comme Laurina qui aurait un trou énorme à la jambe, et Jean Claude qui devra être évacué à Marseille pour y être opéré suite à un enfoncement de la boîte crânienne. Le face à face engendré par les forces de l’ordre vers 11h ce mardi 8 mars se prolongera jusqu’à presque 23h avec des scènes incroyables d’escadrons sur-armés poursuivant les jeunes jusque dans les ruelles et faisant usage de leur arsenal répressif aux milieux des passants et de la circulation.
Aiacciu est en état de siège : le crime des lycéens vouloir dénoncer l’ignoble tentative d’assassinat perpétrée en prison sur Yvan Colonna.
U culletivu di i liceani poursuit sa mobilisation et regroupe désormais une coordination de représentants de tous les lycées de Corse.
Nous avons rencontré un de ses membres, Ghjuliu Anto Susini :
– U Ribombu : Pourquoi êtes vous descendu dans la rue a partir du 7 mars 2022 ?
– Ghjuliu Anto Susini : Nous avons voulu dénoncer spontanément l’injustice que subit Yvan Colonna et dénoncer la responsabilité de l’état français. « statu francese assassinu » s’est imposé comme le slogan naturel dans ces circonstances.
– URI : Vous avez pointé la responsabilité du gouvernement dans cette affaire lors de votre conférence de presse du 8 mars à Aiacciu ?
– G.A.S. : Oui, nous avons demandé la démission de Dupont-Moretti qui en tant que garde des sceaux a la responsabilité de ce qui se passe en prison. Il n’a pas assuré la sécurité d’Yvan Colonna comme aujourd’hui il n’assure pas la sécurité des prisonniers politiques corses toujours en prison. L’état n’a toujours pas communiqué sur la tentative d’assassinat sur Yvan.
– URI : Comment avez vous vecu les affrontements du 8 mars à Aiacciu ?
– G.A.S. : Nous manifestions en scandants des slogans devant le commissariat, les tirs de lacrymogènes ont débuté, suivi des tirs de LBD… plusieurs de mes camarades ont été blessés par ces tirs. À côté de moi un copain a pris un LBD dans le cou près de la carotide ! Ensuite les Corses de tous âges nous ont rejoint pour nous soutenir jusqu’à tard dans la soirée.
– URI : Que pensez vous des discussions engagées par le ministre de l’intérieur pendant sa venue de 3 jours en Corse ?
– G.A.S. : Nous avons participé à la création du collectif à l’Universita di corti le 9 mars et fait nôtres ses revendications comme Ghjustizia pà Yvan, liberta pà i patriotti et ricuniscenza di u populu Corsu. Les lycées sont restés bloqués. Nous n’avons cependant pas fait partie de la délégation reçu par Darmanin.Nous constatons qu’ aucuns des 3 points de revendication n’ont été pris en compte dans ces discussions.
– URI : Pourtant certains parlent d’un processus historique pour la Corse ?
– G.A.S. : Le président candidat Macron a été très clair : pas de reconnaissance du Peuple Corse, ni d’officialisation de la langue Corse ! Dans ces conditions comment peut-on parler de processus historique ? La mobilisation de la jeunesse Corse ne peut que se poursuivre ! Nous garderons pour notre part toujours en tête l’expérience des kanaks et les reniements perpétuels de l’état français .
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