Il y a un an, le 21 mars, Yvan Colonna nous quittait, à l’orée d’un printemps dont il aurait sûrement souhaité qu’il fût celui du réveil, le réveil d’un peuple en qui il plaçait son éternelle confiance, son peuple. Pour ce combat auquel il a consacré sa vie, pour un avenir de dignité et de liberté, pour qu’éclate une vérité qui ne sera que le fruit de nos luttes, pour la libération de tous les patriotes, pour que tous les printemps deviennent ceux du peuple et de la nation corses enfin libres et souverains, les Corses savent qu’ils doivent rester plus que jamais mobilisés.
Ils doivent également se rendre collectivement inaccessibles à toute forme de découragement; c’est ce qui fait la force d’un peuple, permettant de dépasser les limites de l’action individuelle, aussi courageuse soit-elle. C’est ce qu’il convient d’opposer en permanence à la violence institutionnelle d’un système étranger qui continue à nier jusqu’à l’existence de ce peuple, et qui, tout en éloignant chaque fois que possible la perspective de véritables négociations, poursuit ses manoeuvres visant à éradiquer toute forme de résistance nationale.
Depuis les dernières arrestations de responsables et militants de Corsica Libera, dont le caractère tout aussi arbitraire que politique n’a échappé à personne, les manœuvres d’intimidation se poursuivent avec des interpellations qui touchent toute une jeunesse engagée, et des convocations tous azimuts ciblant notamment les compagnes ou mères de militants indépendantistes.
Ainsi se poursuit une politique des otages que nous ne connaissons que trop, par ailleurs parfaitement illustrée aujourd’hui par le cas de Carlu Pieri qui ne connaît aucune évolution favorable malgré de graves problèmes de santé avérés et dûment constatés. La pression est maintenue en permanence sur une jeunesse dont on veut étouffer dans l’œuf tout esprit de juste révolte, et sur des familles entières.
Non seulement ces choix délétères nous éloignent systématiquement d’une solution politique pérenne dont le mouvement de libération nationale avait été le seul à réunir jusqu’ici tous les ingrédients, mais, de plus, ils créent les conditions objectives pour que la seule voie de salut, et de respect de la démocratie réelle pour le peuple corse, ne soit celle d’un conflit auquel on avait pourtant toutes les possibilités de mettre un terme.
Dans ce contexte, le redéploiement de certains moyens de lutte, répondant à la violence politique de l’Etat français et des relais locaux de sa stratégie funeste, apparaît comme la conséquence logique et inévitable d’une situation artificiellement entretenue.
Ici, l’inconséquence et les calculs bassement politiciens, ainsi que les intérêts financiers immédiats liés à une spéculation débridée, convergent pour faire la part belle à une démarche de plus en plus agressive de mise au pas de toute la société corse, et notamment de ses forces les plus vives. La volonté manifeste de marginaliser et de criminaliser le courant indépendantiste procède de ces orientations néfastes, qui ne sont certes pas nouvelles, et qui seront tout aussi vaines que par le passé, car elles se heurteront toujours à la conscience nationale de tous les patriotes sincères.
La période qui s’ouvre devant nous sera donc assurément, pour la Corse et les Corses, celle de tous les écueils, mais aussi celle de tous les espoirs, et de toutes les luttes, avec pour objectif principal, l’avènement d’une ère de paix véritable, celle d’un peuple libre dont les droits nationaux seront enfin respectés.
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