Les dernières exactions répressives de la police politique française dans notre pays ont bien démontré, de nouveau, une volonté obsessionnelle de réduire avant tout la libre expression de l’idée nationale corse.
Incarcérer, une fois encore, un responsable historique comme Charles Pieri grâce à une procédure incidente, cibler, sans aucune retenue, un mouvement politique, dont on perquisitionne les locaux et contre lequel on procède à de véritables kidnapping de militants au petit matin, pour les interroger pratiquement exclusivement sur le fonctionnement de leur parti, traduit une démarche d’intimidation aussi cynique que vaine.
Cynique, parce qu’elle a toutes les caractéristiques des pressions exercées par des régimes dictatoriaux, tout en se prévalant d’un « état de droit » qui, en Corse, consacre chaque jour un peu plus le droit, pour l’Etat, de faire tout et n’importe quoi.
Vaine, parce que si ces manœuvres ont tout de l’acharnement, elles n’ont rien d’original : des décennies de lutte, et de coups tordus dont l’Etat français s’est rendu régulièrement coupable ici, nous ont collectivement habitués à être inaccessibles à toute forme de découragement. Et aujourd’hui cette force a diffusé et s’est transmise, malgré tout ce qui a été entrepris pour l’étouffer, car, au delà des individus et des générations, elle est l’inaltérable élan de vie d’un peuple qui a un destin national à accomplir.
Mais tout cela ne survient pas par hasard: en 2018, le mouvement national uni venait d‘obtenir la majorité absolue des suffrages corses sur la base d‘un projet clairement national. À ce moment-là, rien ne semblait pouvoir arrêter cette démarche.
Devant le problème grave que cette situation lui posait, Paris à mis au point sa stratégie de riposte: diviser le mouvement national en engageant des pourparlers avec une partie de celui-ci (“les gentils“ dans la terminologie de Darmanin), afin d‘écarter “les méchants“ des responsabilités institutionnelles, puis dans un deuxième temps de les réduire par la répression. Non sans avoir, au préalable, entrepris une sournoise campagne de criminalisation, par le dénigrement systématique de certains de nos responsables. Cela n’aurait pu avoir lieu sans que le pouvoir exécutif actuel à l’Assemblée de Corse ne se laisse circonvenir. Ce qui, au delà d’un problème éthique certain, constitue une faute grave devant l’Histoire : celle d’avoir affaibli la Corse face à un État dont l’attitude aussi fermée que méprisante se nourrit de chaque signal de soumission qu’on lui adresse.
Contrairement à certaines assertions, visant à masquer l’âpre réalité, le problème aujourd’hui n‘est pas la présence de prétendus “faucons“ à Paris (ils y ont toujours été majoritaires). Le problème est que certains, en Corse, aient été convaincus de jouer contre leur camp. Il est temps pour eux de changer de stratégie et de le faire clairement.
Les Corses, quant à eux, ont bien saisi le caractère ubuesque des dernières mises en examen de nos militants, qui font de tous les Corses conscients d’être un peuple une vaste association de malfaiteurs. Ils savent que c’est notre mouvement et les idées qu’il exprime qui sont directement et exclusivement visés. Ils savent qu’en l’occurrence l’Etat français ne se trompe pas de cible, même si son erreur de toujours est de tourner le dos à une véritable solution politique.
Mais ils connaissent aussi notre capacité à faire face; ils ont exprimé par les mobilisations de ces derniers jours, une indéfectible solidarité dont l’affluence observée lors de la dernière soirée de soutien aux prisonniers politiques n’est qu’un exemple. Ils ont conscience que le seul espoir pour les Corses de pouvoir maîtriser un jour leur avenir en tant que peuple à part entière passe par le renforcement durable d’un courant qui a traversé bien des épreuves, qui est capable de se régénérer en permanence, et qui ne cédera jamais.
Non, l’Etat français ne s’y est pas trompé. Quant aux Corses, ils savent donc aujourd’hui ce qu’il leur reste à faire.
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