Lorsque l’on se remet en mémoire l’enthousiasme et l’attente populaire – parfois démesurée – qui avaient accompagné en 2015 et 2017 l’arrivée des nationalistes au pouvoir et que l’on considère le caractère tristement atone de la situation politique actuelle, on ne peut que mesurer l’étendue du gâchis.
“ Mais les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas moins déterminés que les jeunes d’hier. Ils en ont d’ailleurs administré la preuve lors des manifestations de l’an dernier. “
Comme dans toute catastrophe autre que naturelle, il y a évidemment des responsables. Mais est-il bien utile de concentrer notre réflexion sur les turpitudes de ces derniers ? Si le ressentiment avait quelque vertu en politique, cela se saurait. La politique du bouc émissaire, même lorsque ce dernier a eu une attitude peu reluisante, ne permet aucunement de défendre une communauté contre ses adversaires extérieurs, ceux qui nient purement et simplement son droit à l’existence.
Il nous faut donc consacrer nos efforts à l’œuvre de reconstruction nationale entamée dans les années 1970. Tout n’est pas à refaire, n’en déplaise aux tenants du « c’était mieux avant », à ceux qui se complaisent dans l’illusion d’un passé fantasmé. Non, on ne peut dire comme on l’entend parfois : « L’ultimi Corsi sò morti in Ponte Novu ! ». Ni même que les nationalistes des années 70 étaient plus valeureux que ceux d’aujourd’hui.
Ce genre de propos n’est dû qu’à l’illusion qui fait passer le souvenir de sa propre jeunesse pour un âge d’or collectif. Beaucoup de ceux qui luttaient jadis contre les CRS combattent aujourd’hui les rhumatismes, ce qui est – on peut en convenir – moins exaltant. D’où leur appréciation négative de l’évolution des choses…
Mais les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas moins déterminés que les jeunes d’hier. Ils en ont d’ailleurs administré la preuve lors des manifestations de l’an dernier. Ils ne sont pas moins bien formés politiquement que ne l’étaient leurs parents. En témoigne la qualité des débats de l’Assemblea di a Giuventù et des organisations de jeunes, étudiantes ou autre.
Cette jeunesse est montée en première ligne pour recueillir et protéger les pénates de la patrie corse, quand d’autres les avaient laissés tomber à terre. C’est elle qui a donné le signal du nécessaire sursaut général. À l’ensemble des forces vives, à présent, de redresser la barre.
Disceta ti, cara nazione !
Jean-Guy Talamoni
Leave a comment